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Au Maroc, les dégâts du tremblement de Terre du 8 septembre 2023 à Tafeghaghte au sud-ouest d’Amizmiz.
Extrait d’une image acquise par le satellite Pléiades Neo 4 le 9 septembre 2023. Crédit image : Airbus DS
Un tremblement de Terre majeur au Maroc
Moins d’un an après le dramatique tremblement de Terre qui a touché la Turquie et la Syrie, un séisme meurtrier a frappé le Maroc le 8 septembre 2023 dans la nuit (23:11 en heure locale ou 22:11 UTC).
La secousse a atteint une magnitude de 6,8 selon l’US Geological Survey. C'est le tremblement de terre le plus meurtrier au Maroc depuis celui d'Agadir en février 1960.
L’épicentre était situé dans le Haut-Atlas à environ 70 km au sud-ouest de Marrakech, dans la commune rurale d'Ighil et la province d'Al Haouz. Une réplique d'une magnitude 4,9 s’est produite 20 minutes plus tard.
Course contre la mort
Selon un bilan provisoire du ministère de l’intérieur marocain publié lundi 11 septembre dans la soirée, le séisme a causé la mort de 2 862 morts et 2 562 personnes ont été blessées. La secousse a causé d’importants dégâts dans plusieurs villes et villages de la région.
Lundi 11 au soir, Adeline Hazan, la présidente d'UNICEF France déclarait sur France Info : "C'est une course contre la montre, et même contre la mort. Environ 300 000 personnes sont sans maison et dorment dans la rue, sous des couvertures, dont 100 000 enfants. Il y a beaucoup d'enfants orphelins. Il y a aussi beaucoup d'enfants déplacés et qui ne savent pas où sont leurs parents".
J'ai ajouté à la fin de cet article quelques liens (UNICEF, Fondation de France, Croix-Rouge Française, Secours Populaire) pour faire un don pour soutenir la population marocaine touchée par le séisme.
Les satellites en support des secouristes
Pour appuyer les secours sur le terrain, les moyens spatiaux sont mobilisés : le service Copernicus de cartographie rapide, très sollicité depuis le début de l’été sur les feux en juillet et en août ou les inondations récentes, a été activé le 9 septembre à 9h06 UTC.
La charte internationale Espace et Catastrophes Majeures qui coordonne les efforts des agences spatiales à travers le monde a également été activé le 9 septembre à 15h46.
Les satellites d’observation ont été programmés pour acquérir en urgence des images des zones touchées par la catastrophe pour évaluer les dégâts mais aussi planifier les opérations de secours dans des villages difficiles d’accès.
Dans le cas de tremblements de Terre, la très haute résolution est indispensable. Très peu d'opérateurs offrent ce type de résolution dans le monde, dont les deux principales sociétés commerciales, Airbus Defence and Space et Maxar.
Voici une version en résolution très réduite d’une image du satellite Pléiades Neo 4 acquise dès le 9 septembre couvrant la région d’Amizmiz, à proximité de l'épicentre. On constate immédiatement que la résolution de 3 à 5 mètres ne permet pas d'évaluer les dégâts, même si un oeil exercé de photo-interprète peut "deviner" les parties du bâti dont la texture sur l'image satellite est modifiée.
La suite de cet article présente des extraits en pleine résolution des zones les plus gravement touchées.
Une des premières images acquises par un satellite après le tremblement de Terre au Maroc.
Les dégâts dans la région d’Amizmiz vus par le satellite Pléiades Neo le 9 septembre 2023.
Aperçu en résolution très réduite (rapport 8 environ). Cliquer sur l'image pour l'agrandir.
Voir les extraits en pleine résolution dans la suite de cet article. Il est possible de parcourir
l'image en pleine résolution sur le site d'Airbus Defence and Space.
Crédit image : Airbus Defence and Space.
La majorité des victimes habitaient dans les provinces d'Al Haouz et Taroudant. Les secousses ont provoqué d'importants dégâts et l'effondrement de plusieurs bâtiments, et ont été ressenties dans plusieurs régions du Maroc ainsi qu'en Espagne, au Portugal et en Algérie.
Le village de Tafeghaghte, à une dizaine de kilomètres d’Amizmiz, fait partie des localités les plus touchées par le séisme. Selon un bilan publié par Reuters, il y a au moins 80 victimes sur une population. Voici deux extraits avec deux niveaux de zoom différents de l’image acquise par le satellite Pléiades Neo 4.
Les dégâts dans le village de Tafeghaghte, au sud-ouest d’Amizmiz, vus par le satellite Pléiades Neo
le 9 septembre 2023. Crédit image : Airbus Defence and Space.
Un peu plus à l’ouest, tout près de Tafeghaghte, même spectacle de désolation dans le village de Tagheryouste…
Les dégâts dans le village de Tagheryouste vus par le satellite Pléiades Neo le 9 septembre 2023.
Crédit image : Airbus Defence and Space.
Le défi : fournir les images le plus vite possible
Avec la très haute résolution, indispensable pour ce type de catastrophe, une livraison très rapide des images et des cartes qui en sont dérivées est le seul moyen d'aider les secouristes sur le terrain.
La réactivité du satellite et des équipes d'Airbus Defence and Space qui l'opère est remarquable. Cela repose sur une optimisation à tous les niveaux du système et de l'organisation humaine qui le fait fonctionner : le satellite et son instrument, les systèmes sol de réception et de traitement des images, les équipes d'astreinte pour la gestion des urgences et la cartographie rapide et l'ensemble des procédures opérationnelles.
Ici, une telle performance repose vraisemblablement aussi sur des outils de veille et d'anticipation des demandes formelles des services de cartographie rapide. En gros, programmer l'acquisition des images avant que la demande ne soit faite...
Pour terminer, voici trois autres extraits en pleine résolution sur la petite ville d'Amizmiz, une des plus touchée pour le séisme du 8 septembre.
Les dégâts du tremblement de Terre du 8 septembre 2023 dans la ville d'Amizmiz au Maroc.
Trois extraits d'une image acquise par le satellite Pléiades Neo 4 le 9 septembre 2023.
Crédit image : Airbus DS
Le centre de la première image, en haut, pointe sur une des mosquées de la ville, dont on voit toujours l'ombre du minaret. On distingue assez facilement les bâtiments endommagés par le séisme et des habitants qui ont préféré s'installer à l'écart des constructions sur les places ou des aires dégagées.
Même sans image en 3D, les ombres portées sont un indicateur important utilisé par les photo-interprètes qui analysent ces images : elles donnent une information sur l'état des constructions et permettent d'identifier des murs effondrés.
La couleur est également très utile et l'amélioration de la résolution des dernières générations satellites en mode multispectral change tout, alors que les photo-interprètes utilisaient plutôt habituellement l'image panchromatique ("noir et blanc") qui a la meilleure résolution au sol.
J'espère que ces images aident à prendre conscience de la gravité de cette catastrophe. Elles confirment malheureusement aussi les inégalités et les différences de vulnérabilité des face aux risques, entre les populations les plus aisées et les plus pauvres, entre les grandes villes et les zones rurales.
Je pense à mes amis marocains, à tous ceux touchés par ce désastre et aux secouristes qui s'activent dans les décombres pour tenter de sauver des vies.
En savoir plus :
- Sur le blog Un autre regard sur la Terre, d’autres articles sur le rôle des satellites en cas de catastrophe majeure.
- D'autres articles avec des images des satellites Pléiades Neo.
- Sur le site d'Airbus Defence and Space, la galerie d'images des satellites d'observation, la sélection d'images des satellites Pléiades Neo et celles sur les situations de crise. L'image du satellite Pléiades Neo utilisée dans cet article est disponible en pleine résolution ici.
- Sur le site du service Copernicus de cartographie d'urgence, l'activation EMSR695 après le tremblement de Terre de septembre 2023 au Maroc. Les cartes des dégâts, sur plusieurs zones d'intérêt, sont produite en "mode rush" dès réception des images satellites.
- Pour faire un don pour soutenir la population marocaine touchée par le séisme au Maroc :