"Ariane 5 rate même son départ à la retraite" : le titre choisi par la Tribune de Genève
après le report du dernier vol d'Ariane 5.
European Space Bashing, le retour...
Après le report de lancement de la dernière fusée Ariane 5 annoncé le 15 juin 2023 par Arianespace, voici le titre choisi le lendemain par la Tribune de Genève :
« Ariane 5 rate même son départ à la retraite »
Un modèle de modération et de rigueur journalistique ? Même ?
Je suis toujours surpris de voir dénigrer régulièrement le spatial européen, le "European space bashing" en bon français.
Il y a certes des difficultés, comme les retards sur le programme Ariane 6, mais il y a surtout beaucoup de succès : l’Europe spatiale est un partenaire reconnu au niveau international, qu’il s’agisse d’excellence dans les missions scientifiques ou de compétitivité sur les marchés commerciaux, avec deux primes en Europe parmi le tout petit club d’acteurs mondiaux.
N’oublions pas les missions Herschel, Plank, Rosetta, BepiColombo, JUICE ou les 232 gros satellites de télécommunications, d'observation de la Terre, de météorologie ou de navigation mis en orbite par le lanceur lourd européen.
Bravo Ariane 5 !
Est-ce que toutes ces réussites auraient été possibles sans un accès à l'espace autonome, fiable et performant ?
Le James Webb Space Telescope (JWST), un des objets les plus chers mis en orbite, pour lequel la NASA a fait confiance à Ariane 5, en est probablement la meilleure preuve.
Merci à Arianespace, Ariane Group, l'Agence Spatiale Européenne, la Commission européenne, au CNES, à Airbus Defence and Space, Thales Alenia Space et à tous les industriels et scientifiques européens qui consacrent leurs efforts à amener le spatial européen au meilleur niveau possible et à nous faire rêver avec des missions scientifiques extraordinaires.
Ecrire « Ariane 5 rate même son départ à la retraite », avec l'adjectif « même », n’est pas l’idée du siècle…
Un piège à clics (putaclic) ? Dans ce cas, effectivement, c'est réussi.
L'état d'esprit avant un compte à rebours : la culture de l'arrêt chrono
Même pour SpaceX ou toutes les startups travaillant sur des nouveaux lanceurs, dans les jours ou les heures qui précèdent un lancement, y compris pour un vol de qualification, on cherche à aller le plus loin possible et éliminer tous les risques.
C'est ce qui a motivé le report de lancement, probablement après une alerte composant classique dans l'industrie spatiale. La décision, toujours difficile, a dû être prise après mure réflexion.
Décevant et frustrant pour les VIP, les journalistes et les influenceurs invités en Guyane, mais s'il y a le moindre doute, si on n'est pas sûr qu'on a tout fait pour un vol réussi, c'est le seul choix possible.
« Failure is not an option »
Même s'il est souvent présenté comme obsolète dans le New Space, ce slogan décrit toujours bien l’état d’esprit des équipes en charge des dernières vérifications avant la mise à feu…
Les échecs de lancement, qu'il s'agisse de vol habités (on se souvient des deux catastrophes du Space Shuttle américain) ou non, le rappellent cruellement.
Un report de lancement pour un contrôle de fiabilité n'est jamais un ratage.
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