Du 22 septembre au 21 octobre, vendémiaire tire son nom « des vendanges qui ont lieu de septembre en octobre ». C’est donc la période des vendanges, en France et dans l'hémisphère nord. Dans certaines régions, elles sont terminées. Dans d’autres, elles se poursuivent.
La date des vendanges :
En France, la date des vendanges fixée par arrêté préfectoral (le ban des vendanges). Cette pratique remonte au Moyen Age, époque à laquelle la qualité des vins était relativement liée à la maturité des raisins. La date est fixée dans chaque département en consultant les organisations de producteurs. On évalue la maturité des raisins à 100 jours environ après la première fleur, mais cela varie beaucoup en fonction de nombreux paramètres climatiques et viticoles comme le type de cépage, la latitude des vignes, leur exposition, le style de vin recherché. Le raisin doit avoir atteint le degré de maturité désiré et le rapport sucre / acidité doit être stabilisé.
Paysages de vigne en Toscane et dans les côtes de Blaye. Crédit image : Gédéon
Habituellement, les vendanges ont lieu fin août en Corse, Languedoc-Roussillon ou Provence, début septembre pour le Beaujolais, ou la vallée du Rhône, mi-septembre pour la Bourgogne, le sud-ouest et le val de Loire, fin septembre pour l’Alsace et la Champagne, début octobre pour les Charentes et le Cognac. En 2003, année de la canicule, les vendanges avaient eu lieu en plein mois d'août. Depuis quelques années, les raisins avaient atteint leur maturité très tôt, la date de vendanges étant ainsi avancée d’environ une quinzaine de jours et environ un mois depuis un cinquantaine d’années.
L’année 2010 vient contredire cette tendance : Le cycle végétatif, de manière générale, a pris du retard dès le printemps, après un hiver plutôt rigoureux et, pour certains vignobles, plusieurs épisodes de neige. C’est le cas notamment dans le bordelais.
En haut, image Spot ortho-rectifiée à partir d'une image multispectrale acquise le 18 juillet 2010
par le satellite Spot 5. En bas, extrait de cette image à hauteur de la ville de Blaye et des
vignobles Moulis, Margaux et Listrac-Médoc. Copyright CNES 2010 - Distribution Spot Image
Les dates de vendanges : un indicateur du climat du passé
Reconstituer le climat du passé est important pour améliorer la connaissance de l’évolution du climat. Mais les mesures sont rares avant 1850 et inexistantes avant le 17ème siècle. Des chercheurs du CNRS, du CEA et de l'INRA ont reconstitué le climat de la Bourgogne depuis 1370 à partir des dates de vendange du pinot noir, le principal cépage de la région.
Archivées de manière rigoureuse, les dates de vendange fournissent une chronologie absolue. L'information climatique a été extraite grâce à un modèle de développement de la vigne, en fonction de la température, ajusté pour le cépage Pinot Noir. Trois étapes clés du développement de la vigne y sont prises en compte : les dates de floraison, de véraison (quand les grains de raisin passent de vert à blanc ou rouge) et de maturation. Les reconstitutions montrent que la Bourgogne a connu entre 1370 et 1850 (période communément appelée Petit Age Glaciaire) plusieurs périodes aussi chaudes que les années 1990. En revanche, l'année 2003 apparaît de loin comme l'année la plus chaude qu'ait connue la Bourgogne, avec une anomalie de + 5,86 °C, beaucoup plus élevée que l'anomalie de la dernière année la plus chaude enregistrée en 1523 (+ 4,10 °C).
Les dates de vendange ont l’avantage de concerner de nombreuses régions d'Europe et du Moyen Orient. Elles pourraient fournir des informations sur les variations régionales du climat au cours du dernier millénaire.
Des vendanges à la carte avec oenoview :
L’Institut Coopératif du Vin (ICV) et Spot Image ont mis au point oenoview, un nouveau service pour évaluer l’état des vignobles et mesurer le potentiel qualitatif des parcelles. S’appuyant sur les techniques d’agriculture de précision par satellite, oenoview utilise des images aériennes ou satellitaires de parcelles dans le proche infrarouge. Un traitement a été développé par les ingénieurs de l'ICV et de Spot Image pour mesurer les paramètres biophysiques de la vigne et réaliser une cartographie de la variabilité intraparcellaire.
Exemple de carte montrant la variabilité sur un ensemble de parcelles, établie à partir d'une image
Spot 5 acquise en juillet 2010. Crédit image : Spot Image.
L'interprétation de ces cartes a été développée en partenariat avec l'INRA et SUPAGRO Montpellier. Elle permet d'obtenir une cartographie précise de la surface foliaire et de la vigueur des vignobles mais aussi des indications sur le poids des grappes et des baies, le rationnement hydrique, la composition du raisin en différents points de la parcelle. A la fin du cycle de production, oenoview permet d’évaluer les niveaux de maturité dans les parcelles et de procéder à des vendanges séparées.
En pratique, oenoview a deux applications possibles :
- Pour les viticulteurs, le service aide à optimiser les pratiques : taille, application des intrants, contrôles de maturité.
- Pour les caves ou les acheteurs, il permet de regrouper les parcelles en fonction de leur potentiel et de leur homogénéité et d’identifier les parcelles atypiques
Opérationnel depuis trois ans en France, le service oenoview commence à être utilisé dans d’autres pays, comme par exemple au Maroc pour les Domaines Brahim Zniber.
Selon les cas, le service oenoview peut fournir une ou plusieurs cartes aux viticulteurs : une première image peut être acquise avant l’été pour suivre le début de cycle de la vigne et aider à planifer tous les travaux en vert (égrappage, effeuillage, ...). Une deuxième image, acquise courant juillet, permet d’établir des cartes servant, cette fois, à la préparation des vendanges.
Exemple de carte de fraction de couvert végétal au stage véraison pour une parcelle.
Crédit image : Spot Image
La mesure des paramètres biophysiques à partir d’images satellites multispectrales
A partir d’images satellites multispectrales et en particulier de données dans le proche infra-rouge, on calcule le GLCV (Green Leaf Cover Vegetation ou fraction de couvert végétal en français) des vignes, dont la grandeur varie proportionnellement avec la quantité de biomasse “photosynthétiquement active”. La méthode a demandé d’importants travaux de recherche pour convertir les observations des satellites, au dessus de l’atmosphère à 800 kilomètres d’altitude, en mesures caractérisant l’état réel des plantes.
En 2006 et 2007, un programme de recherche mené avec l’INRA et Montpellier SupAgro sur l’unité expérimentale de Pech Rouge et des parcelles avoisinantes a permis de confirmer la forte corrélation entre les indices biophysiques (GLCV) et la surface foliaire exposée potentielle. Cette étude a également mis en évidence une relation entre le GLCV, le poids des grappes et des baies, la teneur en acide malique et en polyphénols totaux des raisins.
Plus la fraction de couvert végétal est élevée, plus le poids des grappes et des baies est élevé, plus le raisin contient d’acide malique et moins de polyphénols totaux, plus le potentiel foliaire est bas.
Quelques définitions :
- La véraison : changement de couleur de la peau du raisin. Pour les blancs, la véraison donne un aspect translucide, au lieu de rouge, aux grains.
- Vendange verte : elle consiste à couper des grappes, en juillet et août, pour réduire le rendement et éclaircir les grappes trop serrées.
- Effeuillage : L'effeuillage consiste à enlever les feuilles qui sont au niveau des raisins pour qu’ils soient bien aérés, sans être grillés par le soleil.
- Photosynthèse : c’est le processus qui permet aux plantes et à certaines bactéries de synthétiser de la matière organique en utilisant la lumière du soleil, du dioxyde de carbone, de l’eau et des sels minéraux. La photosynthèse est la principale forme de transformation du carbone minéral en carbone organique. Les feuilles de vigne captent la lumière du soleil, absorbent l’eau apportée par les racines, absorbent le gaz carbonique de l’air, rejettent de l’oxygène et produisent les sucres qui se retrouvent dans les grains des raisins.
- Surface foliaire : c’est la surface de la vigne au dessus des pieds des ceps. Dans les vignes, le « palissage » des rameaux sur les fils de fer n’est fait dans un but esthétique : la surface foliaire est maintenue homogène et suffisante pour faciliter le processus de photosynthèse. Une grande partie des travaux du viticulteur tout au long du cycle végétatif de la vigne ont pour objectif d’optimiser la surface foliaire.
En savoir plus :
- Sur Wikipédia, un article sur la photosynthèse et un autre sur les vendanges.
- Sur le site de Spot image, la page sur le service oenoview.
- Sur le site de l’Institut Coopératif du Vin, la page sur oenoview et un article détaillé sur la validation de la méthode.
- Sur le blog Un autre regard sur la terre, une page sur les satellites Spot.
Suggestions d’utilisations pédagogiques en classe :
- Travail sur la classification des images multispectrales.
- A partir de l'image Spot de cet article, étude de l'occupation des sols et des différents types de cultures dans les environs de l'estuaire de la Gironde.