Astronautes ayant effectué au moins un vol orbital depuis 1961. Proportion de femmes.
Mise à jour en mars 2023 Après le décollage de la mission SpaceX Crew-6. Infographie : Gédéon
Un plafond de verre plus difficile à franchir que la ligne de Kármán ?
8 mars : c’est la Journée internationale du droit des femmes (International Women’s Day).
Samantha Cristoforetti, Peggy Whitson, Claudie Haigneré, Valentina Tereschkova ou, bientôt, Sophie Adenot : les femmes astronautes sont considérées comme des modèles (“role models” en anglais) puissants et influents quand on parle des carrières scientifiques ou des métiers de l’ingénieur. C’est vrai et la plupart d’entre elles ont un parcours exceptionnel avec des records inégalés par les hommes.
Mais…
S’il y a un total de 600 astronautes (mon estimation mise à jour après le lancement de la mission SpaceX Crew-6) qui ont effectué au moins un vol orbital depuis 1961 et le vol historique de Youri Gagarine, seulement 12% étaient des femmes.
Il y a du progrès mais il est très lent, un peu à l’image de la déclaration récente Antonio Guterres, secrétaire général des Nations unies : « L’égalité entre les sexes s’éloigne de plus en plus. Au rythme actuel, ONU Femmes la fixe à dans 300 ans. »
Pas seulement au niveau des chiffres globaux, le « stock d’astronautes » ayant volé au moins une fois, le plus difficile à faire évoluer à cause de l’historique important (on est passé de moins de 9% de femmes avant 2005 à seulement 12% à la fin de l’année 2022) mais aussi au niveau des « flux », la proportion de femmes astronautes dans les nouveaux vols habités (environ 20% des équipages en 2021 et 2022).
Part des femmes astronautes dans les vols habités. Cumul depuis le vol de Youri Gagarine et flux annuel
lissé sur 3 ans. Image de fond : CNES. Infographie : Gédéon
De ce point de vue, la dernière mission SpaceX Crew-6 lancée le 2 mars, le premier vol habité de l’année 2023, n’est pas exemplaire : quatre hommes, aucune femme.
Le gagnant est ? Un gagnant ! L’équipage de la mission SpaceX Crew-6. Crédit image : NASA
Les carrières scientifiques et les métiers de l’ingénieur
Devenir femme astronaute, c’est vraiment un défi. En regagnant le plancher de vaches, on peut penser que la représentation des femmes est évidemment meilleure.
Est-ce bien sûr ? Vous travaillez dans l’ingénierie ou dans un laboratoire de recherche ? Quelle est la proposition de femmes dans votre équipe ?
Il semble que les écarts sont particulièrement flagrants dans les métiers du développement logiciel, de l’Intelligence Artificielle ou de la Cyber-sécurité.
Dans une partie des start-ups, là où on pourrait penser que l’innovation s’applique aussi à la culture d’entreprise et à l’importance de la diversité, ne voit-on pas se reproduire les schémas les plus classiques avec des équipes de management très masculines ?
Si vous êtes enseignant dans une discipline technique, combien y a-t-il de filles dans votre classe ?
Je suis preneur de quelques exemples si vous êtes prêts à partager vos chiffres (par exemple en postant un commentaire à la fin de ce texte).
Barbie ou Lego ? Comment agir
Pensez-vous que les actions de sensibilisation à l’école comme celles menées par Planète Sciences ou d’autres associations de diffusion de la culture scientifique et techniques ou les interventions de professionnels du spatial pendant la World Space Week ont un impact positif ?
Et pour revenir aux astronautes, que pensez –vous de la collection de poupées Barbie « Femmes d’exception » (Inspiring Women). Paradoxal, n’est-ce pas ?
Les boites Lego sont bien aussi…
Une table ronde sur la place des femmes dans les carrières scientifiques et techniques à la Cité de l’espace
Pour aller plus loin, l’Association des Amis de la Cité de l’espace, en partenariat avec Femmes et Sciences et Libres Mariannes Midi-Pyrénées, organise le mercredi 5 avril 2023 à 19h à la Cité de l'espace une table ronde sur la place des femmes dans les carrières scientifiques et techniques.
Cette table ronde réunira cinq intervenantes pour analyser les différentes causes et de présenter les actions à mener :
- Laure Boyer, ingénieure biomédicale au MEDES, institut de médecine et physiologie spatiale.
- Nadine Halberstadt, directrice de recherche en physique moléculaire au CNRS.
- Caroline Laurent, directrice des systèmes Orbitaux et des applications au CNES.
- Sylvie Leriche, ingénieure à Thales Alenia Sace, cheffe de service.
- Sylvie Auclair, astrophysicienne à l’Institut de recherche en astrophysique et planétologie (IRAP), professeure émérite à l’Université de Toulouse.
La table ronde sera modérée par Isabelle Desenclos, ingénieure chez Airbus Defence and Space, lauréate 2022 du prix des Amis de la Cité de l’Espace, pour ses actions de diffusion de la culture spatiale et de promotion des études scientifiques auprès des femmes et des jeunes.
Entrée libre sur inscription préalable dans la limite des places disponibles. Pour s’inscrire, c’est ici.
En savoir plus :
- Un article sur les hommes et les femmes dans l’espace après 60 ans de conquête spatiale.
- Un article sur le décollage de la mission SpaceX Crew-4 et Samantha Cristoforetti.