En Arizona, près du cimetière d’avions de Tucson, le Pima Air and Space Museum .
Extrait d’une image acquise le 13 mai 2021 par le satellite Pléiades Neo 3.
Crédit image : Airbus Defence and Space.
Chez Airbus, on aime bien les avions, même les plus anciens quand ils finissent leur exploitation au cimetière, et les satellites, en particulier les plus récents quand ils démarrent leur carrière…
Connaissez-vous le cimetière d’avions de Tucson en Arizona ?
Il s’agit en fait d’une base aérienne de US Air Force, la Davis-Monthan Air Force Base. Elle héberge le 309th Aerospace Maintenance and Regeneration Group (309th AMARG), qui gère le plus grand cimetière d'avions du monde.
Voici une image satellite de cet endroit étonnant. Elle a été prise le 13 mai par le satellite Pléiades Neo 3, deux semaines après le lancement du satellite à très haute résolution, pendant les vérifications de bon fonctionnement en orbite. Elle vient d’être publiée dans la galerie d’images d’Airbus Defence and Space.
Voici la version complète de l’image publiée par Airbus Defence and Space, ici en résolution réduite (environ 1 pixel sur 4 et 1 ligne sur 4 par rapport à la résolution d’origine). Malgré ce sous-échantillonnage important, le niveau de détail reste très bon. La version en pleine résolution est visible ici.
Vue d’ensemble du cimetière d’avions de Tucson (Arizona).
Extrait d’une image acquise le 13 mai 2021 par le satellite Pléiades Neo 3.
Vue d’ensemble en définition réduite. Cliquer sur l’image pour la voir en grand format.
L’image d’origine est accessible ici. Crédit image : Airbus Defence and Space
Cette image donne une vue d’ensemble du site et permet de se faire une idée du nombre d’avions qui sont stockés. Le site est situé à quelques kilomètres au sud-est de Tucson. La piste d’atterrissage visible ici est celle de la base aérienne. Celle de l’aéroport international de Tucson, un peu plus à l’ouest, n’apparaît pas sur l’image.
Une pléiade d’images du cimetière d’avions vu du ciel
On a ici une première occasion de comparer les performances de Pléiades Neo avec celles de son illustre prédécesseur : une image du cimetière d’avions acquise par un des satellites Pléiades en mars 2017 est également disponible dans la galerie d’image d’Airbus Defence and Space.
Le même endroit faisait également partie des premières cibles visées par le satellite Pléiades-1A en janvier 2012, pendant la recette en vol, avec Bora-Bora et la pyramide de Kheops, également revisitée récemment par Pléiades Neo 3.
Pourquoi un tel intérêt pour les cimetières d’avions ?
Parce que c’est un excellent moyen de tester les performances des satellites à très haute résolution, en particulier ceux à vocation duale, c’est-à-dire pouvant être utilisés par des clients commerciaux (institutionnels ou privés) mais aussi par les photo-interprètes militaires.
J’ai déjà évoqué les critères utilisés par les photo-interprètes pour caractériser les niveaux de performances des instruments d’observation. Ceux-ci correspondent à des natures de missions de plus en plus difficiles, par exemple détecter, reconnaître, identifier, décrire des objets de différentes tailles (bâtiments, navires, avions, véhicules).
L'illustration suivante montre l'impact de la résolution sur la facilité d'interprétation des images. J'ai utilisé une photo d'un avion en vol et non au sol parce que le la trouvait plus joli. Vous ne trouverez pas cet avion dans l'image Pléiades Neo du cimetière d'avions de Tucson : il s'agit d'un Sukhoi Su-35 russe...
Même si les satellites prennent rarement des images de ce type (il faudra à l'occasion que je fasse un article à ce sujet), on voit qu'il y a un gain significatif (commencer à décrire en plus d'identifier) quand on passe en dessous de 1 mètre et surtout de 50 cm de résolution.
Impact de la résolution des satellites sur l’interprétabilité des images.
Exemple avec un chasseur Sukhoi Su-35 (22 mètres de longueur, 15 mètres d’envergure).
Représentation approximative à 25 cm, 50 cm, 1 m et 1,5 m de résolution.
Photographie d'origine : Aleksandr Markin (CC-BY-SA-2.0). Infographie : Gédéon.
Historiquement, c’est l’échelle NIIRS, pour National Imagery Interpretability Rating Scale, qui a été définie par les photo-interprètes militaires et la communauté du renseignement pendant la guerre froide pour noter subjectivement la « qualité perçue » d’une image. L’échelle NIIRS a été étendue aux usages civils de la photographie aérienne et de l’imagerie satellitaire.
L’échelle NIIRS comporte 10 niveaux de 0 à 9, correspondant à des tâches d’analyse d’image de complexité croissante et caractérisant ainsi le niveau d’interprétabilité d’une image et donc d’un capteur d’image donnés. Elle permet également de noter les effets des traitements appliqués à une image.
Dans le cas d’images numériques, il y a un lien assez direct avec la résolution ou plutôt le pas d’échantillonnage au sol (GDS pour Ground Sampling Distance) mais d’autres paramètres interviennent pour caractériser l’interprétabilité d’une image : contraste et fonction de transfert de modulation ou FTM (les anglo-saxons parlent aussi de RER (Relative Edge Response), présence ou non de l’information de couleur, rapport signal sur bruit, etc. Globalement, on parle de GIQE (General Image Quality Equation).
Pour en savoir plus, lire en particulier ces articles sur les avions russes stationnés en Syrie en 2015 et sur les avions du Paris Air Show en juin 2011 ou encore celui sur les bonnes résolutions pour la rentrée (avec tout ce que vous aimeriez savoir sur la fonction de transfert de modulation sans jamais avoir osé le demander...)
Des avions et des pixels
Voici quelques extraits de l’image du satellite Pléiades Neo dans la résolution publiée par Airbus Defence en Space. On commence avec le musée de l’air et de l’espace (Pima Air and Space Museum, du nom du comté de Tucson) créé en 1966.
En Arizona, au sud-est de Tucson, le Pima Air and Space Museum.
Extrait d’une image acquise le 13 mai 2021 par le satellite Pléiades Neo 3.
Crédit image : Airbus Defence and Space
Voilà un bel aperçu d’avions et d’hélicoptères de toutes tailles, civils et militaires. Ne cherchez pas le SR-71 Blackbird. Il y en a bien un mais il est abrité sous un hangar… Savez-vous identifier les autres ? J’aurais pu en faire un quiz : n’hésitez pas à indiquer vos réponses en ajoutant un commentaire à cet article.
Des pixels à moins d’un pied de résolution pour des avions à moins d’un pied d’altitude…
Un peu plus au nord, on pénètre réellement dans la base aérienne Davis-Monthan. Elle héberge sur plus de 1000 hectares le plus grand cimetière d’avions militaires du monde. Voici trois extraits de l’image du satellite Pléiades Neo 3 qui permettent d’apprécier les performances de son instrument.
Pour fixer les idées, l'image a été acquise avec une visée assez oblique (angle de 31°), qui réduit la résolution des images. Vous allez constater que c'est malgré tout assez bluffant !
Le cimetière d’avions de Tucson et la Davis Monthan Airforce Base.
Premier extrait d’une image acquise le 13 mai 2021 par le satellite Pléiades Neo 3.
Cliquer sur l’image pour la voir en grand format. Crédit image : Airbus Defence and Space
Des milliers d’avions de l’US Air Force, Army, Coast Guard, Navy, Marine Corps et NASA… Les fans d’aviation vont pouvoir s’amuser à retrouver leurs avions préférés. Il y en a eu plus de 6000 en 1973, à la fin de la guerre du Vietnam. Parmi les avions les plus emblématiques, By May of 1946, 600 bombardiers B-29 Superfortress et 200 C-47 Skytrains sont passés par Tucson à la fin de la seconde guerre mondiale. Il y a eu également 365 B-52 Stratofortress dans les années 90.
Le cimetière d’avions de Tucson et la Davis Monthan Airforce Base.
Deuxième extrait d’une image acquise le 13 mai 2021 par le satellite Pléiades Neo 3.
En bas, zoom sur une partie de l'image. Crédit image : Airbus Defence and Space
Arizona Dream : temps sec, pluies faibles, pas de vent...
La végétation au sol visible sur l'image du satellite Pléiades Neo le prouve : la météo de Tucson, avec un taux d’humidité très faible, de rares précipitations et peu de vents violents, joue un rôle important dans la préservation des avions. Le sol dur est également un atout pour le stockage de long durée.
Une petite curiosité : la grande majorité des avions stockés ici sont arrivés et ont atterri par leurs propres moyens. Avant d'être stationnés dans le cimetière, les armes, les sièges éjectables, les horloges, les plaques signalétiques et le matériel classifié sont tous retirés des avions. Les avions sont ensuite lavés et dépollués. Certains avions pourraient être remis en service mais la plupart sert de stock de pièces de maintenance.
Le cimetière d’avions de Tucson et la Davis Monthan Airforce Base.
Troisième extrait d’une image acquise le 13 mai 2021 par le satellite Pléiades Neo 3.
Cliquer sur l’image pour la voir en grand format. Crédit image : Airbus Defence and Space
En savoir plus :
Sur le blog Un autre regard sur la Terre :
- Le lancement du premier satellite Pléiades Neo.
- Les premières images du satellite Pléiades Neo 3.
- Une image du cimetière d’avions de Tucson vu en janvier 2012 par le satellite Pléiades-1A.
- Les autres articles du blog Un autre regard sur la Terre sur les satellites Pléiades.
Sur le site d’Airbus Defence and Space :
- Le cimetière d’avions de Tucson vu par le satellite Pléiades Neo en mai 2021.
- Le cimetière d’avions de Tucson vu par le satellite Pléiades en mars 2017.
- Le cimetière d’avions de Tucson vu par le satellite TerraSAR-X en décembre 2010.
- La galerie d’images.
- Des informations en anglais sur le satellite Pléiades Neo.