Les quatres images du quiz image satellite mystère du nouvel an 2011
C’était bien un quiz difficile : quatre images à identifier ! Malgré tout, les habitués ont relevé le défi. C’est Jérémie, déjà vainqueur le mois dernier, qui a, le premier, identifié l’image correspondant au chiffre 2. Ensuite, un beau travail d’équipe de la délégation régionale du CNRS en Midi-Pyrénées avec Christelle, Marie et Maud qui ont localisé les deux chiffres « 1 » et, quelques jours plus tard, Jérémie, qui localise le « 0 ». Au final, en toute rigueur, deux ex-aequo avec, néanmoins, un petit avantage pour le travail d’équipe du CNRS. Bravo à Christelle, Marie et Maud qui gagnent le trophée de janvier 2011 ! Franchement, je ne pensais pas que les 4 chiffres de l’année 2011 soient identifiés…
Le chiffre 2 : un méandre de la rivière Swan au cœur de la ville de Perth au sud de l’Australie vu par le satellite Spot 5
Il s’agit d’une image de la ville de Perth, au sud-ouest de l’Australie, acquise par le satellite Spot 5 en 2002 et de la boucle de la Swan river qui traverse la ville.
Le fleuve Swan River fut nommé ainsi par l'explorateur néerlandais Willem de Vlamingh en 1697 , d'après les cygnes noirs (black swan en anglais, comme le titre du film « Black Swan » dans lequel Natalie Portman et Vincent Cassel jouent les rôles principaux) qui vivent dans cette la région.
On distingue facilement dans la boucle du fleuve l’hippodrome de Belmont Park, Le club de golf de Maylands et au nord-ouest le club de golf du Mont lawley et l’hippodrome d’Ascot. En cherchant bien on trouve au moins deux autres clubs de golf reconnaissable à leur structure caractéristique (club de golf de Rosehill et celui d’Embleton). Visiblement, à Perth, à défaut de golfe, on aime le golf.
Les pistes et les bâtiments de l’aéroport international de Perth sont facilement reconnaissables à l’est. Sur l’ensemble de l’image, les zones d’espaces verts apparaissent en rouge, en raison du type de composition colorée choisie.
Moins drôle mais d’actualité : lundi 7 février, les incendies qui touchent Roleystone et Red Hill, dans la banlieue de Perth, ne sont toujours pas maîtrisés. 60 maisons ont été détruites par ces incendies attisés par les forts vents liés au cyclone Yasi. L‘état de catastrophe naturelle a été déclaré dans plusieurs zones autour de Perth.
Perth, quatrième ville d’Australie avec environ 1,7 millions d’habitants, est une des villes de plus d’un million d’habitants les plus isolées du monde : la grande ville la plus proche de Perth est Adélaïde, est à plus de 2 000 km.
Image de la ville de Perth acquise en 2002 par le satellite Spot 5.
Copyright CNES 2002 / Distribution Astrium Services.
Extrait d’une image de la région de Perth acquise le 6 février 2001 par le capteur MODIS du
satellite Terra. Cliquer ici pour voir l’image sous Google Earth.
Crédit image : NASA/GSFC, MODIS Rapid Response
Le chiffre zéro : en Lybie, une zone agricole entre la ville de Tripoli et l’aéroport de Tripoli, vue par le satellite Spot 5 en octobre 2002.
L’image montre de larges parcelles d’agriculture irriguée en Lybie, au sud de Tripoli. Il y a sur cette zone au total 15 champs avec une forme circulaire, caractéristique d’une irrigation par pivot central : une arrivée d’eau au centre de chape pivot alimente une série d’arroseurs sur un bras rotatif.
Les précipitations en Lybie sont seulement d’environ 100 mm par an. En 1983, le gouvernement lybien a lancé le projet « Great Man-Made River » (GMR ou GRA pour grande rivière artificielle), un projet planifié sur plus de 25 ans, jusqu’en 2010, considéré comme l’un des plus grands chantiers de génie civil au monde, afin d’exploiter l’eau « fossile » stockée dans de gigantesques aquifères sous le Sahara en la transférant vers les zones côtières au nord. 3500 kilomètres de pipeline ont été construits ! La question clé est de savoir comment l’exploitation de ressources en eau non renouvelables, à des profondeurs de plus en plus importantes (plusieurs centaines de mètres), pourra se pérenniser. Le projet est controversé mais attention aux raisonnements trop simplistes… Un exemple de complexité : l’ancienne exploitation des aquifères du nord, par effet de subsidence (enfoncement du sol), augmentait le risque de salinisation par l’eau de la mer Méditerranée.
Agriculture irriguée au sud de Tripoli en Lybie. Image acquise en octobre 2002 par le satellite Spot 5.
Copyright : CNES 2002 / Astrium GEO-Information Services
A peu près à la même date, une photographie de la même zone prise le 15 octobre 2002 à 10h50 UTC
par les astronautes de la station spatiale internationale (ISS). Appareil Kodak DCS760C avec un
téléobjectif de 800 mm. Correction de dynamique appliquée par Planète Sciences Midi-Pyrénées.
Crédit image : Image Science and Analysis Laboratory, NASA-Johnson Space Center.
"The Gateway to Astronaut Photography of Earth."
Sur la même zone, une image acquise le 14 décembre 2000 par l’instrument EOC (Electro-Optical
Camera) du satellite coréen Kompsat-1. La résolution au sol est de 6,6 mètres au nadir et la
fauchée de 17 kilomètres. Crédit image : KARI
Le premier « 1 » : en Birmanie, la baie de Combermere, une image du satellite Spot 2 acquise en avril 1993
En Birmanie (ou Myanmar), à l’Est du golfe du Bengale, dans l’Etat de Rakhine, il s’agit de la baie de Combermere, au sud de Sittwe, entre l’estuaire du Mayu au nord et celui du Kaladan au sud.
Sur cette composition colorée, la végétation apparaît également en rouge, notamment les massifs forestiers en rouge vif sur les îles de la baie de Combermere. L’altitude de ces îles peut dépasser 300 mètres. La mangrove apparaît dans des tons plus bruns. Les nuances de bleu dans l’eau mettent en évidence les apports alluviaux et les variations de profondeur des fonds de la baie, qui n’excèdent pas 10 mètres. Les nombreux chenaux de marée, difficile à distinguer dans la mangrove, ressortent dans les surfaces dénudées des rizières.
La baie de Combermere en Birmanie vue par le satellite Spot 2. Image acquise le 8 avril 1993.
Copyright CNES 1993 / Astrium GEO-Information Services
Le 2 mai 2008, le cyclone Nargis a touché la côte sud-ouest Birmanie, plus au sud de cette zone, et causé au moins 138000 morts et des dégâts considérables. A l’époque, avec l’action des ONG présentes sur place, ce sont les images satellites qui ont sensibilisé la communauté internationale à l’importance de la catastrophe, alors que le régime birman était hostile à toute intervention extérieure dans les affaires du pays.
Le cyclone Nargis en Birmanie. Impact dans le delta de l'Irrawady. Carte produite par le SERTIT
(Université de Strasbourg) dans le cadre du projet GMES RESPOND à partir d'une image du satellite
européen ENVISAT acquise le 18 mai 2008. Crédit image : SERTIT.
Le deuxième « 1 » : la mine de Chuquicamata au chili, la plus grande mine de cuivre à ciel ouvert, vu par le satellite Spot 5 en juillet 2003.
Située dans le désert d'Atacama au nord du Chili à 15 km de la ville de Calama et à 250 km au nord-est d'Antofagasta, la mine de Chuquicamata contient à elle seule 13% des réserves de cuivre du monde.
C’est dans cette région que se trouve la majeure partie des réserves de minerai du pays (environ 30% des ressources mondiales de cuivre connues). Le Chili est le premier pays producteur de cuivre.
D’énormes camions remontent par une route en spirale les 1000 mètres de profondeur du puit principal, avec une cargaison de 250 à 450 tonnes, chargée par des pelles géantes. L’une d’elle charge 70 tonnes en une pelletée ! Environ 1% du total de matériel extrait est récupéré sous forme de minerai de cuivre. La terre restante est déversée sur ce que les mineurs appellent les « tartes de pierre », ces vastes plateaux qui entourent la mine comme des pétales. Alors que la mine est très ancienne, l’exploitation devient industrielle en 1915 avec la construction d’une ligne ferroviaire.
C'est la société d'état "Codelco" (Corporación Nacional del Cobre de Chile) qui en assure l'exploitation exclusive, depuis la nationalisation du cuivre en 1971 par Augusto Pinochet.
Chuquicamata, c’est aussi une ville mais la mine et les zones de remblais gagnent du terrain : alors que 15000 personnes vivaient là il y a encore quelques années, la population n’est plus aujourd’hui que de 1500 habitants. Dans un avenir proche plus personne ne sera autorisé à vivre sur ce territoire qui est un peu plus enseveli chaque jour sous la terre.
La mine de Chuquicamata dans le désert d’Atacama au Chili. Image acquise le 1er juillet 2003 par
le satellite Spot 5. On distingue la route en spirale qui remonte du puit principal, la raffinerie et des
zones de remblais en forme de pétale.
Copyright CNES 2003 / Distribution Astrium GEO-Information Services.
Le point commun entre ces images : elles ont été acquises par les satellites de la famille Spot.
Dans quinze jours, nous allons fêter le vingt-cinquième anniversaire du lancement du satellite Spot 1, lancé le 21 février 1986 et dont l’exploitation s’est poursuivie jusqu’en novembre 2003. Le début d’une longue aventure et surtout un exemple unique de continuité opérationnelle avec Spot 2 (lancé le 21 janvier 1990), Spot 3 (lancé le 25 septembre 1993), Spot 4 (lancé le 24 mars 1998) et Spot 5 (lancé le 4 mai 2002). A part Spot 3, tous les satellites de la famille Spot ont eu une durée de vie très supérieure à la durée prévue initialement.
En orbite à 822 km d’altitude, sur une orbite héliosynchrone inclinée à 98.7°, avec une période de 101 minutes, les satellites Spot, construits par Astrium pour le compte du CNES et exploités par Spot Image (aujourd’hui Astrium GEO-Information Services) sont à l’origine du développement d’une activité créatrice d’emplois, dans le domaine des données d’observation de la Terre et des services associés, en région Midi-Pyrénées, en France, en Europe et dans le monde ». Aujourd’hui, l’enjeu est la continuité de cette filière, avec le renouvellement du satellite Spot 5. En France et en Europe, la pérennité de cette activité s’appuie sur deux éléments complémentaires :
- Le satellite Pléiades pour la très haute résolution, sur un marché où les opérateurs américains bénéficient d’un soutien massif de l’état fédéral à travers les achats de données pour la défense américaine.
- Les satellites Spot 6 et Spot 7, qui prolongent la mission de Spot 5 avec une résolution améliorée (2 mètres). Aujourd’hui, le financement de ces satellites est exclusivement assuré par un investissement privé, de la part d’Astrium en l’occurrence, ce qui en fait une exception remarquable.
Nous reviendrons prochainement sur l’anniversaire du lancement de Spot 1 et les coulisses de cette aventure. Le vingt-cinquième anniversaire du lancement de Spot 1 est déjà identifié à Toulouse comme un thème phare de la Novela 2011, festival des savoirs partagés, du 7 au 23 octobre 2011, et sans aucun doute, fera partie des dates-clés célébrées à l’occasion des 50 ans du Centre National d’Etudes Spatiales (CNES).
En savoir plus :
- Le site de Spot Image et la galerie d’images.
- Sur le site Eoedu, une page sur les satellites Spot.
- Trois articles sur le site du magazine H20.net : un cadeau du désert, une interview de Omar M. Salem, président de l'autorité générale de l'eau de Lybie, le plan des infrastructures et des cartes hydrogéologiques.
- Sur wikipédia, une page sur le projet de Grande Rivière Artificielle.
- En espagnol, le site officiel de la mine de Chuquicamata.
- Sur le site Photoway, un reportage photo sur la mine de Chuquicamata.
- Un article sur la grève des mineurs au Chili.
- Un reportage photo de David Sepeau sur la mine de Chuquicamlata.
- Sur le blog Un autre regard sur la Terre, une page sur la famille des satellites Spot.
- A Toulouse, le site de la Novela, festival des savoirs partagés.
Suggestions d’utilisation pédagogiques en classe :
- Travail personnel sur le projet de Grande rivière artificielle : description, historique, avantages et inconvénients.
- Travail personnel sur la mine de Chuquicamata.
- Travail sur la famille des satellites Spot : caractéristiques, éléments assurant la continuité, avantages de la mission.