Dans un article récent dans la catégorie « images de la semaine », j’ai mentionné une fonctionnalité de Google Earth permettant de comparer des séries d’images à différentes dates qui permet de s’intéresser à l’évolution de l’environnement et aux changements en général.
Voici un exemple dans un domaine réservé en général aux photo-interprètes militaires.
Il s’agit d’une action militaire qui s’est déroulée il y a presque exactement un an, le mercredi 23 mars 2011 alors que la situation en Libye était critique : l’attaque de la base aérienne militaire d’Al Jufra par l’aviation française. Cette intervention a été décidée pour faire respecter la zone d’exclusion aérienne établie par la résolution n°1973 adoptée le 17 mars 2011 par le Conseil de sécurité des Nations-Unies.
La base aérienne militaire d’Al Jufra en Lybie. Copie d’écran obtenue à partir de Google Earth. Les
images datent du 13 octobre 2011. Elles proviennent d’un satellite de la société américaine GeoEye.
Avec Google Earth, les images les plus récentes de la région d’Al Jufra, à 250 kilomètres au sud des côtes libyennes, à proximité de la ville de Houn, dataient jusqu’à présent du 20 juillet 2010, bien avant la révolution libyenne de février 2011.
En parcourant Google Earth, j’ai récemment constaté que des images nouvelles, acquises le 13 octobre 2011, avaient été mises en ligne. Les anciennes images restent accessibles et n’importe quel internaute peut ainsi comparer la situation avant et après l’intervention des avions Rafales et des missiles de croisière Scalp-EG. C’est habituellement une des tâches confiées aux photo-interprètes militaires : le BDA, dans le jargon de la profession, signifie « Bomb Damage Assessment » ou évaluation des dégâts du bombardement.
Voici trois exemples de copies d’écran effectuées à partir de Google Earth avec, à chaque fois, à gauche l’image du 20 juillet 2010 (avant l’attaque) et à droite celle du 13 octobre 2011 (après l’attaque). Vous pouvez les voir directement sur Google Earth (chercher "Al Jufra" ou les coordonnées 29°11′53″N et 16°00′04″E) ou en utilisant Google map (avec l'affichage d'images satellite).
De haut en bas : des hangars pouvant abriter des avions, un dépôt de munitions et un site de surveillance radar. Cliquer sur les images pour les voir en grande taille. Source des images : Google Earth
Sur ce blog, je n'ai pas de moyen simple pour alterner rapidement les images avant/après. Vous pouvez le faire en téléchargeant les fichiers et en utilisant une visionneuse d'images ou en les insérant dans deux diapositives powerpoint.
Les illustrations de cet article proviennent de satellites commerciaux à très haute résolution (comme GeoEye-1, Wordview ou Pléiades 1A lancé en décembre 2011). En pratique, les dossiers d’objectifs de la mission sur Al Jufra ont été préparés à partir d’images satellites acquises par le satellite militaire Hélios et de modèles numériques de terrain produits par la défense française pour les missiles Apache et Scalp. Les « Pmiss » (préparation de mission) sont mis dans la mémoire du système d’armes du Rafale
Le dernier numéro de la revue Air et Cosmos (n°2305 du 23 mars 2012) présente un dossier complet sur le déploiement des avions Rafale et des missiles Scalp en Lybie.
Sept missiles de croisière Scalp-EG furent tirés par les Rafale B et Mirage 2000D de l'armée de l'Air, ainsi que les deux Rafale M de la Marine nationale, au cours de l’opération dans la nuit du 23 au 24 mars 2011. C'est la première utilisation opérationnelle des missiles Scalp-EG.
Au total, au cours de l’opération « Harmattan », quinze missiles de croisière Scalp ont été tirs par les avions de chasse français en trois raids. Les missions ont été menées par des mirage 2000D de l’EC-3/3 « Ardennes » des chasseurs Rafale B de l’EC-1/91 « Gascogne », de l’EC-1/7 « Provence » et Rafale M de la flottille 12F, provenant de Nancy-Ochey, de Saint-Dizier ou du porte-avion Charles de Gaulle positionné à proximité des côtes Lybiennes. Pour les avions partant de l’est de la France, un ravitaillement en vol a été effectué au-dessus de la Corse avec les C-135FR du GRV-2/91 « Bretagne ». En plus des Scalp, les chasseurs Rafale B emportaient quatre missiles Mica pour la protection air-air de l’ensemble des avions engagés.
En savoir plus :
- D'autres articles du blog Un autre article sur la Terre sur le printemps arabe et la Libye :
- Les articles dans la catégorie "sécurité et défense".
- Sur le site ffaa.net, une page sur les opérations du porte-avions Charle de Gaulle en 2011.
- Sur le site Big Picture du journal Boston Globe, une série de photographies publiée le 21 mars 2011 sur les frappes des Nations-Unies en Libye.