Pas si pacifique que ça…
Les services météorologiques du Japon, de Corée et de Chine le suivent attentivement depuis la fin du mois d’août. Actuellement dans la catégorie “tempête tropicale” (tropical storm), Talas (TY 1112) semble se renforcer et pourrait devenir un typhon de catégorie 1.
Toujours en pleine mer, centré sur la position 136° Est et 28,4° Nord, Talas se dirige actuellement vers le Nord-Nord-Ouest à une vitesse d’environ 15 km/h. Le 1er septembre, à 6h45 UTC, l’Agence Météorologique Japonaise (JMA) mentionne une pression au centre de 985 hPa avec des vitesses de vents soutenus de l'ordre de 120 km/h (35 m/s ou 65 nœuds) et des rafales atteignant 180 km/h (50 m/s ou 95 nœuds).
Sur les images des satellites d’observation, Talas apparaît comme une structure cyclonique de taille impressionnante, d’environ 1300 km de diamètre (disque à l’intérieur duquel la vitesse des vents dépasse 55 km/h (30 noeuds).
L’image ci-dessous qui a été prise par le capteur GOCI du satellite coréen COMS montre la situation du 31 août 2011 à 04h16 UTC.
Extrait d’une image du capteur GOCI du satellite COMS. La résolution est réduite par rapport à l’image d’origine. Un léger rehaussement de contraste a été appliqué par Planète Sciences Midi-Pyrénées
Crédit image : KARI.
Les prévisions des agences météorologiques et des services d’alerte cyclonique indiquent que Talas pourrait atteindre la côte sud du Japon et la région d’Osaka vendredi ou samedi. Sur la carte de vigilance du 1er septembre, les zones rouges correspondent surtout à des risques de fortes précipitations ("Heavy rain") et de hauteurs de vagues importantes sur les régions du sud du Japon : A Tokyo, on parle de 300 mm en 24 heures alors que la moyenne mensuelle est d’environ 210 mm en septembre.
Carte de vigilance pour le Japon et prévision de trajectoire de Talas publiées par
l’agence météorologique japonaise (JMA). Crédit image : JMA
Prévision d’évolution à 5 jours de la trajectoire de Talas publiée par
l’agence météorologique coréenne (KMA). Crédit image KMA.
Cartes des données des radars météorologiques au sol pour les zones de Kinki (à gauche) et Shikoku (à droite).
Observation de la journée du 1er septembre 2011 à 10h15UTC. Crédit image : JMA
La taille spectaculaire de la tempête tropicale Talas est particulièrement bien visible sur les images produites par les satellites météorologiques géostationnaires qui couvrent pratiquement un hémisphère terrestre entier. Leur orbite les rend apparemment fixes à la verticale de l’équateur. L’image ci-dessous provient du satellite japonais MTSAT 2. Cet extrait montre un demi-hémisphère nord et illustre la taille de Talas.
Pour être parfaitement précis, cette image est en réalité une composition de deux images : un fond coloré (teintes vertes et bleues) sur lequel les nuages vus par le capteur infrarouge thermique de MTSAT-2 ont été superposés. A l’heure où l’image a été prise (9h30 UTS soit 18h30 locale), cette partie du globe terrestre est déjà partiellement dans l’obscurité : seul un capteur infrarouge thermique permet d’observer les nuages qui émettent un signal lumineux lié à leur température.
Deux extraits d’une image acquise par le satellite météorologique japonais MTSAT-2 le 1er
septembre 2011 à 9h30 UTC. En haut, une composition colorée avec les données du capteur infrarouge.
En bas, même date, même heure, avec des données du capteur visible. Crédit image JMA.
Ces deux images aident à comprendre l’intérêt des capteurs infrarouge thermique pour la surveillance en continu des phénomènes météorologiques.
T pour Talas, une lettre d’Iwo-Jima
Après Aere, Songda, Sarika, Meari, Ma-On, Tokage, Nock-Ten, Muifa, Merbok et très récemment Nanmadol, Talas est la douxième tempête tropicale nommée de cette région du monde. Formé le 22 août, Talas a pris son nom de baptème le 25 août. Aux Philippines, Talas veut dire Sévérité ou brusquerie…
Voici un extrait d’une image acquise par Envisat le 29 août 2011, alors que Talas était pratiquement au-dessus de l’île Iwo To (Iwo Jima, 24,72°N et 141,32°E).
Extrait d’une image acquise par le capteur MERIS du satellite européen Envisat le 29 août à 00h43 UTC.
Un traitement de rehaussement du contraste a été appliqué par Planète Sciences Midi-Pyrénées pour
mettre en évidence la structure des nuages autour du centre de la tempête tropical Talas.
Crédit image : Agence Spatiale Européenne (ESA).
Aux-Etats-Unis, après Irène et José, c’est désormais l’ouragan Katia qui est suivi de près par le Centre National des Ouragans de Miami (NHC).
COMS, le premier satellite couteau suisse est coréen…
Lancé et mis en orbite le 26 juin 2010 depuis Kourou par une fusée Ariane 5, COMS est un satellite coréen multi-missions conçu et réalisé par Astrium et le KARI (Korea Aerospace Research Institute). C’est le premier satellite d’observation géostationnaire stabilisé 3 axes doté de trois charges utiles différentes pour fournir des services de météorologie, d’observation océanique et télécommunications à la Corée du Sud.
Image de la tempête tropicale Talas vu par le capteur météorologique Infrarouge du satellite
coréen COMS. Image acquise le 1er septembre 2011 à 13h15 UTC.
Crédit image : KMA (Korean Meteorological Agency).
Le satellite COMS emporte un imageur météo, une charge utile « couleur de l’océan » (appelé GOCI pour "Geostationary Ocean Color Imager" dont est extraite l’image ci-dessus) et une autre de télécommunications en bande Ka pour les communications à haut débit.
Le capteur GOCI produit des images avec 8 bandes spectrales, 6 dans le spectre visible et 2 dans le proche infra-rouge.
On voit très souvent des images de couleurs de l’eau provenant des capteurs MODIS (Aqua et Terra) ou MERIS (Envisat), les images du capteur GOCI sont encore peu connues mais elles sont très intéressantes : grâce à la plate-forme géostationnaire du satellite COMS, le KARI reçoit des images de la région de l’Asie couverte par GOCI plusieurs fois par jour, avec une résolution de 500 mètres au-dessus de la mer de Corée.
Un capteur en orbite géostationnaire permet également d'acquérir des images à des heures différentes de l'heure d'acquisition habituelle des satellites héliosynchrones. C’est un excellent moyen de suivre l’évolution des phénomènes comme les tempêtes tropicale mais également les floraisons de phytoplancton (importantes pour l’industrie de la pêche, l’aquaculture ou les écosystèmes marins) ou encore les mouvements de matières en suspension en zone côtière à la sortie des estuaires des fleuves. Pour analyser les couleurs de l’image, GOCI utilise un barillet de filtres qui tourne devant le capteur CCD. Des projets de satellites géostationnaires à beaucoup plus haute résolution sont en cours d'étude, par exemple pour la surveillance maritime.
Vue d'artiste du satellite COMS et présentation des 3 missions. COMS. D'une masse de 2500 kg au
lancement, COMS est contruit sur une plateforme Eurostar 3000 d'Astrium, améliorée pour
permettre le pointage précis d'un instrument optique. Crédit image : Astrium.
En savoir plus :
- Le site Internet de l’agence spatiale coréenne KARI (Korean Aerospace Research Institute) et le centre coréen d'océanographie par satellite (KOSC) avec des explications sur COMS et la page où sont publiées les images GOCI du satellite COMS.
- Le site Severe Weather Information Centre de l’Organisation Météorologique Mondiale (WMO) et la page sur les cyclones tropicaux.
- Le site de l’Agence Météorologique Japonaise (JMA) avec le bulletin sur TALAS et les pages pour accéder aux images du satellite MTSAT-2.
- Le site de l’Agence Météorologique Coréenne (KMA) et la prévision de trajectoire de TALAS à 5 jours.
- Un article (en anglais) sur le capteur GOCI de COMS sur le site de l'IOCCG (International Ocean-Colour Coordinating Group).
- Sur le blog Un autre regard sur la Terre :
- Un article avec des explications sur les noms de baptême des ouragans et des cyclones : Igor, Julia et Karl poursuivent leur ronde infernale dans l'Atlantique.
- Un article avec des explications sur les bulletins d'alerte du NHC : Au dessus du golfe du Mexique, sous l'oeil des satellites, la tempête tropicale Karl devient un ouragan de catégorie 1.
- Un article sur le rôle des satellites au moment de l'ouragan Katrina.
- Tous les articles sur les ouragans et les cyclones.
- Un article avec des explications sur les noms de baptême des ouragans et des cyclones : Igor, Julia et Karl poursuivent leur ronde infernale dans l'Atlantique.
Suggestions d'utilisations pédagogiques en classe :
- Travail sur les cyclones, les ouragans et les tempêtes tropicales : formation, paramètres influençant leur évolution, outils utilisés pour la prévision et le suivi.
- En utilisant les différentes données de satellites géostationnaires mentionnés dans cet article (COMS, MTSAT-2) ou dans d'autres articles du blog Un autre regard sur la Terre (Meteosat, GOES), créer une séquence vidéo montrant l'évolution de tempêtes tropicales sur une dizaine de jours.On peut utiliser le logiciel Movie Maker fourni avec Windows ou d'autres logiciels gratuits.