Les acquisitions d'images satellite à Haïti effectuées par la NGA après |
Connaissez-vous la NGA ?
La National Geospatial-Intelligence Agency est une agence américaine dont la mission de collecter, analyser et diffuser le renseignement géospatial en utilisant l'imagerie satellite. Le terme anglo-saxon consacré est « GEOINT », à savoir l’analyse et l’exploitation d’images et d’informations géographiques qui permettent de décrire et d’évaluer des activités dans une zone géographique donnée.
On connaît surtout le rôle de la NGA dans le renseignement militaire : en 2011, la NGA a fourni des informations essentielles obtenues à partir d’images satellites qui ont permis de localiser la résidence d'Oussama ben Laden à Abbottabad au Pakistan. Sur la base de ces renseignements, les forces spéciales américaines ont mené en mai 2011 l’opération Neptune Spear au cours de laquelle le chef d’Al Qaïda a été tué.
Mais la mission de la NGA inclut également le support aux opérations de sécurité de grands évènements comme les jeux olympiques et l’assistance aux équipes de secours (first responders) après une catastrophe naturelle ou une crise humanitaire.
Par exemple, la NGA avait déjà participé à la planification des secours après le passage de l’ouragan Katrina en 2005.
L'agence ne communique évidemment pas sur ses missions de renseignement militaire. Ses interventions après une catastrophe naturelle ou une crise humanitaire sont les seules occasions de faire connaître ses activité et de communiquer sur son savoir-faire.
Le travail de la NGA après le passage de l’ouragan Matthew
Les équipes de la NGA sont à nouveau intervenues après le passage de l’ouragan Matthew à Haïti et le long de la côte est des Etats-Unis.
Des pages spéciales ont été mises en ligne pour diffuser les cartes et les informations produites à cette occasion.
Les dégâts causés par l'ouragan Matthew à Haiti. Estimation réalisée par le National Geo-Intelligence Agency |
Ces informations, non classifiées, sont très intéressantes car elles permettent de se rendre compte de la nature du travail des photo-interprètes en préparation d’une intervention de grande ampleur après une catastrophe naturelle.
Les exemples suivants illustrent la variété des informations nécessaires pour planifier une telle opération et préparer le déploiement des secours sur le terrain.
Comment la Géo-intelligence aide les services de secours après une catastrophe naturelle
On retrouve les ingrédients habituels de la gestion de crises : il y a bien sûr les « cartes de crises » qui donnent une évaluation des dégâts et des zones les plus touchées, les « cartes de référence », avec les plans des villes les plus récents.
Il y a aussi des informations essentielles sur l’état des ponts et du réseau routier, des ports et des aéroports (pour permettre l’acheminement des moyens de secours et d’aide humanitaires) ainsi que des informations sur la population et son état de santé.
On commence avec les cartes de référence... Voici deux exemples avec Jérémie et Les Cayes, qui font partie des localités les plus touchées par l'ouragan.
Deux exemples de cartes topographiques (Jérémie et Les Cayes) publiées par la NGA sur ses pages consacrées à l'ouragan Matthew |
Ces cartes permettent aux secours de se déplacer et de se render aux différents endroits où ils doivent intervener. Avec ces cartes, il est impossible de connaître les dégâts aux routes, aux ponts voire aux ports et aux aéroports qui ne sont pas répertoriés.
Pour cette raison, les équipes de cartographie rapide, à partir d'images satellites ou d'autres sources de données, passent en revue les infrastructures de transports pour évaluer leur état reel et savoir si elles sont praticables.
Voici quelques exemples d'analyses réalisées après le passage de l'ouragan Matthew.
Exemple de travail de photointerpretation d'images satellites destine à preparer l'intervention des secours. En haut, pont routier rendu impracticable après le passage de l'ouragan Matthew. Au centre, analyse de l'état d'une route. En bas, localisation d'une zone jugée adaptée à l'atterrrissage d'un hélicoptère (HLZ). Crédit image : NGA |
Même les images à très haute resolution ne permettent pas toujours de caractériser exactement l'état des infrastructures. La NGA s'appuie donc sur d'autres sources de données : par exemple, l'utilisation des informations remontant par l'intermédiaire des réseau sociaux (social media reporting) qui prend de l'importance. Ce travail complexe permet de fournir des bulletins de synthèse transmis aux équipes intervenant sur place.
|
Le volet santé, qu'il s'agisse de la situation de la population ou de l'état des infrastructures est évidemment très important. La NGA a également passé en revue les différents hôpitaux et centres de soins pour vérifier s'ils étaient utilisables. Dans le cas spécifique d'Haïti, le risque lié à l'épidémie de Choléra est également pris en compte.
Passage en revue de l'état des hôpitaux et carte indiquant les statistiques de mortalité liées à l'épidémie de cholera. |
Les cartes de densité de la population et l'inventaire des zones les plus touchées font également partie de la panoplie des informations utiles aux secours.
Evaluation de l'importance des dégâts après le passage de l'ouragan Matthew. Ici, les images utilisées proviennent des satellites de la société Digital Globe. Crédit image : NGA |
La NGA en bref…
La NGA, anciennement National Imagery and Mapping Agency (NIMA), fait partie du département de la Défense des États-Unis. Placée sous l’autorité du directeur du renseignement national (DNI), c’est une des seize agences de la Communauté du renseignement des États-Unis. Au total, selon les informations publiées sur le site du Directeur du Renseignement national (DNI), le budget du renseignement américain est de l'ordre de 70 milliards de dollars.
Le siège de la NGA est installé sur la base militaire de Fort Belvoir à Springfield en Virginie. La NGA a deux autres implantations importantes à St Louis et à Arnold (Missouri) ainsi que des centaines d’employés dans le monde.
La NGA emploie approximativement 14500 personnes (civils ou militaires). Son budget est une information confidentielle mais on estime qu’il est d'environ 5 milliards de dollars, selon un document transmis au Washington Post par Edward Snowden (FY 2013 Congressional Budget Justification). Ce budget a plus que doublé depuis 2004.
Jusqu’en 2003, la NGA s’appelait National Imagery and Mapping Agency (NIMA), créée en octobre 1996 dans le but de centraliser le renseignement d’origine image. La NIMA combinait ainsi les ressources de la DMA (Defence Mapping Agency), du Central Imagery Office (CIO), du Defense Dissemination Program Office (DDPO) et du NPIC (National Photographic Interpretation Center). Le changement d’appellation est destiné à mieux refléter la mission principale (GEOINT).
Le directeur actuel de la NGA est Robert Cardillo.
En savoir plus :
- Un autre article sur le rôle des satellites après le passage de l’ouragan Matthew à Haïti.
- Les autres articles du blog Un autre regard sur la Terre dans la catégorie « satellites et catastrophes majeures » et « sécurité et défense ».
- Le site Internet de la NGA.
- Les produits cartographiques publiés par la NGA après le passage de l’ouragan Matthew à Haïti.
- « Pathfinder », le journal de la NGA.
- Le site du NRO (National Reconnaissance Office) et les pages pour les enfants.
- Le site du DNI (Director of National Intelligence), la liste des agences de la communauté du renseignement américain et les pages sur le budget du renseignement américain.