Vous avez vu ? Depuis le 21 juin, c’est l’été. Il est même possible que cela dure plusieurs journées. Encore que... Depuis le 21 ou c'était le 21?
Très exactement, l’Institut de Mécanique Céleste et de Calcul des Ephémérides (IMCCE) précise que le solstice d’été s’est produit le 21 juin à 00h34m11s en heure légale française. Soit le 20 juin à 22h34 en temps universel. Un peu plus de 2 minutes 30 secondes après la déclinaison maximale du soleil.
Pour Météo France, l’été météorologique a commencé le 1er juin. L’évènement a été bien arrosé !
Voilà deux images acquises par le satellite Meteosat le mardi 21 juin à 6h00 UTC et à 18h00. Il s’agit de représentations en couleurs à partir de bandes visibles : la limite jour-nuit ou ombre-lumière, inclinée par rapport à l’équateur, est bien mise en valeur.
Plusieurs amis enseignants utilisent ces images de satellites météorologiques pour expliquer concrètement à leurs élèves le phénomène des saisons, l’inclinaison de l’axe de rotation de la Terre par rapport au plan de l’écliptique et rappeler accessoirement que la Terre n’est pas plate.
Je vous renvoie à d’autres articles du blog Un autre regard sur la Terre pour en savoir plus sur les solstices ou les équinoxes.
Ou sur l’impact de ces phénomènes saisonniers sur le fonctionnement des satellites géostationnaires. Pourquoi ont-ils des batteries musclées ? A quel moment, leurs panneaux solaires ne sont pas sont éclairés par la lumière solaire ?
Où est le soleil ?
A propos du soleil, j’imagine que vous vous êtes demandés comme moi où il était passé depuis le début du mois de juin et l’épisode de crue qui a frappé le centre et la région parisienne.
Sur les réseaux sociaux, les messages relayant la question posée par Paul Mc Cartney se sont multipliés pour retrouver la trace du soleil ou proposer des solutions pour le remplacer. L'activité économique s'en ressent... Planète Sciences Midi-Pyrénées a même mis en vente ses lunettes de soleil.
Où est passé le soleil en juin : quelques extraits d’illustrations publiées sur les réseaux sociaux
Eclipse totale de soleil
Il est vrai que le mois de juin ne nous a pas offert de beaux ciels bleus et de journées ensoleillées. L’illustration suivante, créée à partir d’images des satellites américains Aqua, Terre et Suomi NPP donne une idée de la couverture nuageuse au-dessus de la France entre le 1er et le 22 juin.
Les images ne sont pas toutes acquises à la même heure (cela dépend du satellite) mais cela donne un bon aperçu. Il y a bien eu une petite opportunité le 8 et le 9 juin mais c’était au milieu de la semaine : le week-end suivant a été nettement moins sympa.
Comme dirait un homme politique célèbre, depuis le solstice d’été du 21 juin, « ça va mieux… »
La couverture nuageuse en France du 1er au 22 juin 2016 : série d’images acquises par les satellites Aqua, Terra et Suomi NPP du 1er au 22 juin 2016. Crédit image : NASA / EOSDIS / MODIS Rapid Response. Illustration : Gédéon
Après un début de semaine contrasté entre Nord et Sud, c’est le 22 et 23 juin qu’on a retrouvé une France avec un ciel dégagé, des températures plus élevées (35°C dans le sud-ouest, 37°C au Cap-Ferret) et, quand même, des orages : vingt départements, notamment en Normandie, étaient placés en vigilance orange, pour des risques d'orages localement violents et de la grêle.
La couverture nuageuse du 23 juin 2016 vue par l’instrument VIIRS du satellite Suomi NPP.
Crédit image : NASA / EOSDIS
À Gonneville, dans le Cotentin, il est tombé presque l'équivalent d'un mois de précipitations en 11 heures seulement, dans l'après-midi du 22 juin et le début de la nuit de mercredi à jeudi.
A propos d’orages, l’image Meteosat du 21 juin à 18h00 UTC montre également quelques nuages spectaculaires en Afrique au sud de l’Algérie et au nord du Mali. Cela rappellera à certains le crash du vol d'Air Algérie AH 5017 le 24 juillet 2014, causant la mort des 116 personnes à bord, en partie lié à de mauvaises conditions météo.
Formation nuageuse entre le sud de l’Algérie et le Mali : extrait de l’image acquise par le satellite
européen Meteosat le 21 juin 2016 à 18h00 UTC. Crédit image : Eumetsat
Que d’eau…
Le mois de juin 2016 est-il exceptionnel ?
Météo France n’a pas encore publié de bilan complet mais indique que « les deux premières décades de l'été météorologique (1er au 20 juin) se sont révélées globalement maussades. Nuages, pluie et orages ont souvent été au rendez-vous sur l'Hexagone. »
Il tombe en moyenne sur l'Hexagone environ 190 mm de précipitations par été. Depuis 1959, l'été 1963 a été le plus pluvieux avec plus de 304 mm, soit une anomalie de près de 60 % par rapport à la normale. L'été le plus sec a été celui de 1962 avec moins de 94 mm (-51 % environ par rapport à la normale).
Le 30 mai, à Trappes (Yvelines) et Orléans, il est tombé l'équivalent d'un mois de précipitations (environ 65 mm).
Sur la période du 28 mai au 1er juin 2016, les départements les plus affectés par les fortes pluies ont été le Loiret, le Loir-et-Cher, le Cher, l'Essonne et l'Yonne : la quantité d'eau tombée en trois jours est sans équivalent sur la période 1960 à nos jours. De tels cumuls sont atteints en moyenne tous les 10 à 50 ans, localement tous les 100 ans. Dans le département du Loiret, on a relevé 115 mm* et 158 mm à Melleroy (plus fort cumul relevé lors de ces 5 jours).
Printemps de chiotte
À l'échelle de la région Île-de France, la pluviométrie de mai est proche du record absolu de décembre 1999.
Plus globalement, le bilan du printemps météorologique 2016 (mars – avril – mai) selon Météo France ne fait pas rêver… En résumé « Climat : Un printemps très arrosé, plutôt frais et peu ensoleillé »
La fin du mois d'avril et le début du mois de mai ont notamment connu un net rafraîchissement avec de nombreuses gelées tardives. Les températures moyennes ont été inférieures aux normales sur la quasi-totalité du pays, à l'exception de la Côte d'Azur et de la Corse. Moyennée sur la saison et sur le pays, la température a été inférieure de 0.3 °C à la normale*.
Les précipitations ont été plus fréquentes que la normale sur une grande partie de l'Hexagone, à l’exception de la Bretagne, de la Provence et de la Corse). En moyenne sur la France et sur la saison, la pluviométrie a été excédentaire de plus de 25 %, plaçant ce printemps 2016 parmi les plus arrosés des cinquante dernières années. En Île-de-France et dans le Centre, avec un excédent supérieur à 70 %, il se classe même au premier rang des printemps les plus pluvieux.
L'ensoleillement a été inférieur à la normale sur la majeure partie de la France à l'exception des côtes de la Manche, de la Côte d'Azur et du nord de la Corse. Le déficit a dépassé 10 % du sud-ouest au nord-est de l'Hexagone, atteignant localement 20 %.
Température et précipitations au printemps de 1959 à 2016. Crédit image : Météo France
Un été sans été…
Météo France rappelle également dans une actu récente « l'année sans été » : c'était il y a 200 ans, en 1816, une année marquée par de très mauvaises conditions climatiques, conséquence de l’éruption du volcan indonésien Tambora en avril 1815.
On a relevé par exemple à Paris en 1816 :
- 25 jours de ciel couvert ou très nuageux et 5 jours de beau temps en juin,
- 10 jours de pluie, 18 jours de ciel couvert ou très nuageux et 3 jours de beau temps en juillet ,
- 6 jours de pluie, 20 jours ciel couvert ou très nuageux et seulement 5 jours de beau temps en août.
Vendanges tardives
La situation était similaire ailleurs en France, avec, par exemple en Bourgogne, des vendanges qui ne démarrèrent que le 26 octobre. Un record, juste derrière l’année 1481.
Le marchand de sable est passé…
Dans d’autres régions du monde, ce n’est pas la pluie qui pose problème en juin. Voici, par exemple quelques images acquises entre le 15 et le 19 juin qui montrent les nuages de sable au-dessus de la mer rouge. C’est assez spectaculaire.
Tempête et nuages de sable dans la région de la mer rouge. Images acquises entre le
15 et le 19 juin 2016 par les satellites Aqua, Terra et Sumi NPP.
Crédit image : NASA / EOSDIS / MODIS Rapid Response. Illustration : Gédéon
En savoir plus :
Le site de l’Institut de Mécanique Céleste et de Calcul des Ephémérides (IMCCE).
Sur le site du CNRS, les dates de vendanges : un indicateur du climat du passé.
Sur le site de l’observatoire des saisons, une analyse des dates des vendanges en Bourgogne depuis 1370.
Sur le site de Météo France, des explications sur « 1816, l’année sans été », le bilan complet du printemps 2016 et un retour sur les fortes pluies de mai et juin 2016.