Selfie de Rosetta en orbite autour de la comète 67P / Churyumov–Gerasimenko.
Image prise par la caméra CIVA de l’atterrisseur Philae le 7 septembre 2014.
Crédit image : ESA / Rosetta / Philae / CIVA
Même en noir un blanc, voici une photo étonnante : un selfie de Rosetta pris par la caméra CIVA de Philae, actuellement toujours solidaire de la sonde spatiale. L’atterrisseur devrait tenter de se poser sur le noyau de la comète 67P en novembre 2014.
Comme pour tout bon selfie, l’arrière-plan est aussi important que le premier plan : au moment où la photo est prise, Rosetta est à une distance d’environ 50 km du noyau de la comète.
14 mètres : difficile de ne pas tomber dans le panneau
L’image montre aussi le côté de la sonde Rosetta et un des deux générateurs solaires : avec 14 mètres de longueur chacun, ils sont impressionnants. Loin du soleil, une grande surface de cellules photovoltaïques est nécessaire pour collecter suffisamment de lumière et fournir l’électricité alimentant les équipements de la sonde.
En pratique, deux images exposées différemment ont été combinées pour restituer correctement les lumières faibles et les hautes lumières de cette scène très contrastée.
Photo « panneau-ramique »
Ce n’est pas le premier selfie pris par Rosetta et Philae au cours de leur long périple vers la comète Churyumov–Gerasimenko alias 67P. En février 2007, Rosetta est passé à environ 250 km de la surface de la planète Mars, à l’occasion d’une des quatre manœuvres d’assistance gravitationnelle destinée à accélérer la sonde et à la mettre sur la trajectoire. Les trois autres manœuvres ont été effectuées autour de la Terre.
La photo suivante a été prise 4 minutes avant le passage au plus près de Mars. Rosetta est alors à 1000 km de la surface de la planète rouge. A l’époque l’usage du mot selfie ou ego-portrait n’est pas encore répandu. On dit simplement autoportrait…
Autoportrait de Rosetta au moment du survol de mars. Image prise par la caméra CIVA de Philae
le 25 février 2007 à 2h15 UTC. Crédit image : ESA / Rosetta / Philae / CIVA
Planète rouge en noir et blanc
Une photographie en couleurs en 2007 et en noir et blanc en 2014 ? Non, la photo d’origine a été prise en noir et blanc. La surface de mars,où on peut voir la région Mawrth Vallis dans l’hémisphère nord, a été colorisée par traitement de l’image, comme certains détails du panneau solaire.
C’est encore la caméra CIVA de Philae qui a été utilisée pour cette image de Mars.
Contrairement à vous lorsque vous utilisez votre smartphone pour vous photographier devant un paysage ou un monument, Rosetta n’a pas le bras assez long pour changer le point de vue de la caméra CIVA. Philae n’a pas changé de position entre les deux images.
Sur terre, dans l’hémisphère sud : prendre de la hauteur pour voir loin
Alors que Rosetta nous donne chaque jour des images de plus en plus détaillées en s’approchant du noyau de la comète 67P / Churyumov–Gerasimenko, les astronomes observent la comète depuis la Terre.
L’image suivante a été prise le 11 août 2014, quelques jours après la « mise en orbite de Rosetta autour du noyau de la comète », par FORS2, un des instruments du téléscope « Antu », alias UT1, un des télescopes géants de 8 mètres de diamètre du VLT (Very Large Telescope) installé dans le désert d’Atacama au Chili, un des endroits les plus secs de notre planète, renommé pour son ciel particulièrement limpide. Le VLT appartient à l’ESO (European Southern Observatory).
Image de la comète 67P / Churyumov–Gerasimenko prise le 11 août 2014 par un des télescopes
de 8 mètres de diamètre du VLT. Crédit image : Snodgrass / ESO / ESA
Le sud ne perd pas le nord
Alors que Rosetta est désormais très proche du noyau au cœur de l’atmosphère de la comète, seule une observation à distance permet d'avoir le recul suffisant pour voir l’ensemble de la comète. Ici, à 500 millions de kilomètres du soleil, l’activité de la comète, même faible, est bien visible : la chevelure s’étend sur une distance de 19000 kilomètres. Sa forme n’est pas symétrique : la poussière est chassée par l’activité du soleil, situé loin du coin inférieur droit de l’image.
Gros plan sur la queue de la comète
Pour obtenir cette image, alors que l’activité de la comète reste faible et difficile à observer sur le fond de la voie lactée, 40 images, chacune prise avec un temps de pose de 50 secondes ont été superposées et le fond étoilé à été « gommé ».
Jusqu’au mois de novembre 2014, la comète 67P / Churyumov-Gerasimenko n’est visible que de l’hémisphère sud.
Les astronomes aiment bien les belles images mais leur travail consiste d’abord à analyser le spectre de la lumière captée par leurs instruments.
Avoir à la fois une sonde spatiale à proximité d’une comète, des télescopes au sol (ceux du VLT ainsi que Gemini South également au Chili) et un autre en orbite (Hubble) est une occasion unique de comparer les mesures et de calibrer les différents instruments.
Même si elle est très faible, la lumière reçue par le télescope du VLT est la lumière du soleil réfléchie par le noyau et la chevelure de la comète. L’étude de son spectre, l’intensité respective des différentes longueurs d’onde, modifié par les matériaux de la surface du noyau de la comète ou le nuage de poussière de sa chevelure, aide à déterminer leur composition chimique.
Les gaz de la chevelure émettent également leur propre lumière par fluorescence. Là aussi, la spectrographie est très instructive.
Le gaz le plus abondant est la vapeur d’eau mais l’atmosphère terrestre, également très riche en vapeur d’eau, rend son observation difficile. Au VLT, les astronomes cherchent d’abord la molécule de cyanogène, avec deux atomes de carbone et deux d’azote, à l’origine d’émissions intenses dans le proche ultra-violet. Il n’a pas encore été détecté dans le cas de la comète 67P.
Ce travail mobilise de nombreuses équipes en Europe et dans le monde. Les premiers résultats de la campagne d’observation au sol de la compète 67P/C-G ont été présentés le 9 septembre pendant la conférence European Planetary Science Congress (EPSC) organisée à Lisbonne au Portugal.
Imminent : le choix du site d’atterrissage de Philae dévoilé par l’ESA
C’est pendant le week-end du 13 au 14 septembre que devraient être choisi les deux sites possibles pour l’atterrissage de Philae en novembre 2014 : le site principal et un site de secours (backup)
Après un travail de cartographie complète du noyau de la comète réalisé depuis mi-août, notamment grâce aux images de la caméra à champ étroit OSIRIS de Rosetta, cinq sites candidats avaient été retenus pendant la réunion du « Landing Site Selection Group meeting » qui s’est tenue le 23 et 24 Août 2014.
Les équipes scientifiques et celles de l’ESA, du CNES et du DLR se retrouvent donc au Centre Spatial de Toulouse (CST) pour affiner le choix du site d’atterrissage de Philae. Ils vont procéder au classement final des 5 sites retenus.
Canarder un canard ? Sans gravité…
Les cinq candidats, poétiquement nommés A, B, C, I et J sont indiqués sur les images suivantes prises le 16 août 2014 à une distance d’environ 100 km du noyau, dont la forme peut faire penser à un jouet en forme de canard. Les trois sites B, I et J sont situés sur le petit lobe (la tête du canard). Les deux autres, A et C, sur le lobe le plus gros.
Les lettres ne signifient rien de particulier : la première liste contenait simplement dix sites, baptisés A, B, C, D, E, F, G, H, I, J. Pas très original, un peu comme A1, le nom choisi par les ingénieurs pour le premier satellite français. Les astronomes ont parfois fait preuve de plus d’imagination… En hommage à Champollion, l’ESA aurait pu au moins choisir des hiéroglyphes.
Les cinq candidats retenus fin août pour le futur site d’atterrissage de Philae. Lequel sera désigné
par l’ESA ? Quel sera le site de secours. Cliquer sur les images pour les agrandir.
Crédit image : ESA.
Un kangourou qui veut attraper un canard ?
Le site préféré et sa « doublure » seront dévoilés au cours d’une conférence de presse organisée le lundi 15 septembre au siège de l’ESA à Paris, rue Mario Nikis. cinq semaines plus tard, Philae devrait se séparer de l’enveloppe protectrice de Rosetta et tenter d’atterrir sur le site choisi.
Vous cherchez un jeu pour la fin du week-end ? Proposez votre propre sélection de sites pour l’atterrissage de Philae. Facile : postez un commentaire à la fin de cet article avec les deux lettres identifiant vos deux sites préférés : par exemple : A et B, I et J, C et I, etc. Si vous voulez vraiment vous poser les mêmes questions que les scientifiques de la mission Rosetta, examinez attentivement les images précédentes et lisez les explications données sur le site de l’Agence Spatiale Européenne.
En savoir plus :
- Sur le blog Un autre regard sur la Terre, les autres articles sur la mission Rosetta :
- Les articles dans la catégorie « images insolites ».
- D’autres images étonnantes prises par des satellites ou des sondes spatiales.
- Sur le site de l'ESA, les pages sur la mission Rosetta et le blog Rosetta.