Photographie (ISS010-E-14618) prise par un astronaute de la Station Spatiale Internationale
le 23 janvier 2005 avec un appareil Kodak 760C et un objectif de 400 mm de focale.
Crédit image : Image Science & Analysis Laboratory, NASA Johnson Space Center.
Trois types d’images pour trois niveaux de détails…
Il s’agit du lac Nasser, un des plus grands lacs artificiel du monde. Cette image, qui date de janvier 2005, a été prise par un des astronautes de la station spatiale internationale. L’appareil photo est un Kodak 760C avec un objectif de 400 mm de focale.
La surface de l’eau, brillante comme un miroir, se détache clairement de son environnement, à cause de la réflexion de la lumière solaire. Cet effet de miroir à la surface de l’eau est fréquent avec les images satellites (voir par exemple un autre article du blog Un autre regard sur la Terre).
L’image ci-dessous, extrait d’une scène acquise par le satellite européen ENVISAT, à gauche, et la vignette centrée sur le lac Nasser, à droite, couvrent une région plus large permettent de se faire une meilleure idée de la localisation du lac le long du Nil. Elle montre également de manière très spectaculaire le contraste entre les abords du Nil, dont la couleur verte correspond aux zones cultivées, riches en alluvions déposées par le fleuve, et les surfaces désertiques. La dernière image, présentée plus loin dans cet article montre en détail le temple d'Abu Simbel sur la rive du lac Nasser. La résolution est de 4 mètres.
Extrait d’une scène acquise par le satellite européen ENVISAT le 3 septembre 2010 à 7h35 UTC et vignette centrée sur le lac Nasser. Crédit image : Agence Spatiale Européenne (ESA).
Le lac Nasser et le barrage d’Assouan :
Il porte le nom de l’ancien président égyptien Gamal Abdul Nasser, qui décida la construction sur le Nil du haut barrage d’Assouan, construit entre 1958 et 1970 créant ainsi, à partir des années soixante, un lac d’environ 550 km de long et de plus de 6200 km2 de superficie. C’est un des plus ambitieux chantier d’aménagement hydraulique d’Afrique, parmi ceux destinés à réguler les sécheresses et les inondations, produire de l’électricité et fournir de l’eau pour l’irrigation. Très précisément, le nom de lac Nasser s’applique uniquement à la partie du lac située en Egypte. Les soudanais appellent la partie située dans leur pays, la plus petite avec moins de 20% de la surface, le lac de Nubie. Les crues régulières du Nil, qui draine des eaux provenant de toute l’Afrique de l’est, ont été à l’origine, depuis l’antiquité, été à l’origine de travaux hydrauliques et d’aménagement des rives du fleuve.
Le haut barrage d’Assouan est le plus récent des deux barrages construits dans la région. Le premier barrage d’Assouan, dont la construction a démarré en 1902, a été achevé en 1908 et, malgré deux chantiers de surélévation, a débordé à plusieurs reprises. Au lieu d’une troisième surélévation, le gouvernement décida la construction d’un nouveau barrage en amont. Ce barrage apportait ainsi de nouvelles ressources pour la fourniture d’eau potable et l’irrigation, au prix du déplacement forcé de centaines de milliers de personnes vers des zones plus élevées.
Le temple d’Abu Simbel et le phare à On :
Le nouveau barrage d’Assouan se révéla beaucoup plus efficace que l’ancien, à tel point qu’il entraîna un autre chantier incroyable : l’ancien temple égyptien d’Abu Simbel, construit pat Ramsès II entre 1279 et 1213 avant J.C., situé à l’origine sur les collines de Méha et d'Ibshek qui allaient être submergées par la montée des eaux causée par la construction du barrage, a été démonté pièce par pièce et reconstruit à un autre emplacement en hauteur, à l’abri de la montée des eaux. Cette opération de sauvetage a été menée à l’initiative de l’UNESCO. Oublié pendant des siècles, le temple d’Abu Simbel fut découvert le 22 mai 1813 par le suisse Johann Ludwig Burckhardt. Le site de Philaé a subi le même sort. Le port de Wadi Halfa au Soudan a été totalement submergé.
En terme d’environnement, le rôle du nouveau barrage est contesté. Comme souvent, les grands travaux ont des effets complexes. La régulation des crues du fleuve a un effet négatif : en réduisant le volume d’alluvions, il est une des causes de l'érosion du delta du Nil. Les eux salées de la Méditerranée pénètrent davantage dans le delta. Par ailleurs, la perche du Nil, dont les dégâts causés dans le lac Victoria sont bien connus et ont fait l’objet du film « Le cauchemar de Darwin », a également été introduite dans le lac Nasser.
Le nouveau site du temple d’Abu Simbel en Egypte. Image acquise par le satellite américain Ikonos
le 19 décembre 2003. Le satellite Ikonos, lancé en 1999, fournit des images panchronmatiques à 1 mètre
de résolution. Les images multispectrales ont une résolution de 4 mètre. Crédit image : GeoEye
Une nouvelle vallée (New valley) :
Dans les années 90, des précipitations importantes se sont produites dans les régions où le Nil prend sa source, entraînant des hauteurs d’eau record au niveau du lac Nasser. Cette eau abondante et les risques de débordement du barrages amenèrent le gouvernement égyptien à promouvoir un autre projet ambitieux (l’adjectif pharaonique s’applique bien à l’Egypte…) : le projet « New Valley », une nouvelle vallée. A terme, l’objectif est d’amener la superficie des terres arables en Égypte de 6% à 35% de la surface du pays.
En 1997, une inondation volontaire de grande ampleur dans la cuvette de Toshka au sud de l’Egypte créa progressivement quatre nouveaux lacs. Après cette première mise en eau, une station de pompage et un canal ont été construits en 2000, afin de maintenir le débit dans la région, permettant le développement d’une nouvelle zone d’activité agricole et industrielle dans le désert mais utilisant une quantité importante de l’eau du Nil.
L’image suivante montre la station de pompage Moubarak sur le lac Nasser, le déversoir qui a servi à inonder la cuvette de Toshka, l’extrémité sud du premier des quatre lacs ainsi qu’une partie du canal principal, le canal Cheikh Sayed, les canaux latéraux et les zones nouvellement créées dans le désert égyptien au nord-ouest du lac Nasser.
Les lacs Toshka de la Nouvelle Vallée et les infrastructures qui les entourent sont un signe particulièrement visible des changements récents et rapides réalisés par l’homme à la surface de la Terre.
Photographie ISS012-E-11654 prise par les astronautes de la Station Spatiale Internationale le
11 décembre 2005 avec un appareil Kodak 760C et un objectif de 180 mm de focale.
Crédit image : Image Science & Analysis Laboratory, NASA Johnson Space Center.
En savoir plus :
- Sur le site Wikipedia, un article sur le lac Nasser et le haut barrage d’Assouan.
- Les images prises par les astronautes à bord de la Station Spatiale Internationale et d’autres articles sur le blog Un autre regard sur la Terre.
- Un autre article sur la vallée du Nil vue par le satellite européen Envisat.
- Pour voir le lac Nasser avec Google Earth, les coordonnées approximatives (à saisir dans la fenêtre « rechercher ») sont : 22°25′ Nord et 31°45’ Est.
- Le film « Le cauchemar de Darwin » sur les dégâts causés par la perche du Nil dans le lac Victoria.
Suggestions d’utilisations pédagogiques en classe :
- Travaux pratiques et études de cas sur l’utilisation des satellites pour la gestion de la ressource en eau dans les zones arides.
- En histoire, études bibliographiques sur le Nil, l’agriculture depuis l’antiquité, les crues du Nil et l’impact des travaux d’aménagement à travers les ages.
Les quiz image des mois précédents :
- Le quiz image satellite d'août 2010 et la réponse.
- Le quiz image satellite de juillet 2010 et la réponse.
- Le quiz image satellite de juin 2010 et la réponse.
- Les autres quiz satellites d'observation et environnement.