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Un autre regard sur la Terre

Espace, satellites, observation de la Terre, fusées et lancements, astronomie, sciences et techniques, etc. A l 'école ou ailleurs, des images pour les curieux...

La Crimée, entre Ukraine et Russie : tempête rouge en mer noire ?

Publié le 16 Mars 2014 par Gédéon in Image-d'actualité-Images-de-la-semaine

Dimanche, on votait… Pas en France : pour les élections municipales, il faut attendre encore une semaine avant le premier tour du 23 mars 2014.

Dimanche 16 mars, c’était le référendum sur l’avenir de la Crimée qui a retenait l’attention de toute la communauté internationale : les occidentaux jugent ce scrutin illégal, après les tensions des dernières semaines en Ukraine. 

Les électeurs devaient prendre position sur deux questions: « Êtes-vous pour l'intégration de la République autonome de Crimée à la Fédération de Russie ? Êtes-vous pour le rétablissement de la Constitution de la Crimée de 1992 et le maintien de la Crimée comme partie intégrante de l'Ukraine ? »

Selon les premiers sondages réalisées à la sortie des bureaux de vote, les habitants de Crimée ont, sans surprise, très largement plébiscité le rattachement à la Russie.

 

Envisat - MERIS - Crimée - Mer d'Azov - 19-03-201-copie-1Entre la mer noire et la mer d’Azov, la péninsule de Crimée vue par le satellite Envisat. Image
prise le 19 mars 2012 à 8h13 UTC. Crédit image : Agence Spatiale Européenne (ESA)

 

C’est l’Printemps qui revient ! Lentement...

Après la répression violente de la révolution du Maïdan et le départ précipité du président Viktor Ianoukovitch début mars, les députés prorusses du Parlement de la Crimée ont voté le 11 mars la déclaration d'indépendance de la Crimée. C’est en fait le rattachement de la presqu'île à la Russie qui se joue : le jour du printemps, les députés russes de la Douma pourraient voter une loi qui autorisera la Russie à rattacher un territoire étranger en cas de « défaillance » de l'Etat dont il dépend.

La Crimée porte un nom prédestiné : en tatar de Crimée, il signifie « ma colline » mais, une racine grecque évoque le mot « frontière ». Du point en vue géographique ou historique, la question des frontières et du territoire d’appartenance de la Crimée est centrale et complexe…

 

La géographie de la Crimée avec les satellites d’observation de la Terre

On commence par la géographie, plus facile à illustrer avec des images satellites…

Il y a longtemps que je n’ai pas illustré d’article avec une image du satellite européen Envisat : il a cessé de fonctionner en avril 2012 mais l’ESA donne toujours accès à l’impressionnante archive d’images des instruments ASAR (le radar) et MERIS (instrument optique multispectral).

La première image de cet article a été prise par MERIS le 19 mars 2012. En voici un autre extrait plus large qui montre la position de la péninsule de Crimée.

 

Envisat---MERIS---Crimee---19-03-2012---08h13---FR.jpgLa péninsule de Crimée vue par le satellite Envisat. Un autre extrait d’une image prise le
19 mars 2012 à 8h13 UTC. Crédit image : Agence Spatiale Européenne (ESA)

 

Située au nord de la Mer noire, au sud de l’Ukraine et au sud-ouest de la Russie, la péninsule de Crimée a une superficie de d’environ 27000 km2. Elle est reliée à L’Ukraine au nord par l'isthme de Perekop. Un isthme, ce n'est guère épais, comme disait Tolstoï...

À l'est, le détroit de Kertch (13 kilomètres dans la partie la plus large), entre la péninsule de Kertch et la péninsule de Taman en territoire russe, relie la mer Noire à la mer d'Azov. Le mont Roman-Koch, le point culminant, atteint 1545 mètres d’altitude.

L’image d’Envisat date de 2012 mais la situation de mars 2014 est assez comparable, en particulier en ce qui concerne la partie ouest de la mer d’Azov avec sa surface encore partiellement gelée : une image du satellite Aqua le confirme…

 

Aqua - MODIS - Crimée - Azov - 13-03-2014Péninsule de Crimée et mer d’Azov. Extrait d’une image acquise par l’instrument MODIS du satellite
Aqua le 13 mars 2014. Crédit image : NASA / GSFC / MODIS Rapid Response

 

D’autres images prises par le satellite Envisat à d’autres périodes de l’année permettent de voir que la Crimée et l’Ukraine restent des régions agricoles, avec des vergers et des vignobles.

L’image suivante acquise en août 2011 montre également des zones d’agriculture irriguées, dont les parcelles apparaissent en vert clair.

 

Envisat - MERIS - Crimée - 27-08-2011  

La péninsule de Crimée vue par le satellite Envisat. Extrait d’une image prise le 27 août 2011
à 8h26 UTC. Crédit image : Agence Spatiale Européenne (ESA)

 

Si vous voulez voir l'agriculture d'un peu plus près, voici deux extraits d'une image prise par l'instrument OLI du satellite américain Landsat 8 le 17 août 2013. La résolution plus fine (30 mètres) permet de mieux repérer les parcelles agricoles et, en particulier, les cercles verts parfaits des systèmes d'irrigation à pivot. Notez également les couleurs étonnantes du Syvach, aliias la mer Putride, une zone de marais et de lagunes peu profondes près de l'isthme de à l'ouest et séparée de la mer d'Azov par le détroit de Henitchesk.

La profondeur maximale est de 3 mètres, avec une moyenne variant entre 50 centimètres et un mètre. Au mois d'août, au moment où cette image a été prise, la température de l'eau est élevée, avec développement d'algues et de microorganismes divers. Avec la salinité élevée, c'est ce qui explique les couleurs spectaculaires. Je ne vous parle pas de l'odeur...

 

Landsat 8 - Crimée - Agriculture irriguée - 17-08-2013 -Landsat 8 - Crimée - irrigation - 17-08-2013 - 08h34Deux extraits d'une image prise par le satellite Landsat 8 le 17 août 2013 à 8h35 UTC. Composition
colorée en couleurs naturelles des bandes spectrales 4, 3 et 2 mettant en évidence les surfaces
agricoles irriguées et la couleur de l'eau de la mer putride. En bas, la zone observée est
au nord de Simféropol. Crédit image : USGS

 

Les villes de Crimée

Simféropol est la plus grande ville et la capitale de la Crimée. Parmi les plus grandes villes, on peut également citer Krasnoperekopsk, Eupatoria, Feodossia, Djankoï ou Yalta, la station balnéaire du sud de la péninsule, où ont été signés en février 1945 les accords historiques entre Staline, Roosevelt et Churchill.

Ironie de l’histoire : les accords de Yalta prévoient, entre autres, des élections libres dans les États européens libérés, avec un engagement de l’URSS, des Etats-Unis et du Royaume-Uni à « constituer des autorités gouvernementales provisoires largement représentatives de tous les éléments démocratiques des populations et qui s'engageront à établir, dès que possible, par des élections libres, des gouvernements qui soient l'expression de la volonté des peuples »

 

Et Sébastopol ? une « ville-héros »

La ville la plus peuplée de Crimée (l’écart s’accroit avec Sinféropol) a été rattachée à l’Ukraine au moment de l’éclatement de l’Union Soviétique. Par contre, un accord conclu en 1994 et renouvelé en 2010, permet à la Russie de louer la base navale de Sébastopol jusqu’en 2042.

Fondée en 1783 par l’impératrice Catherine II, Sébastopol est une ville bâtie autour de la structure de la côte et de ses bases navales. Presque rayée de la carte en 1942, elle a été rebâtie selon le plan d’origine, contre la volonté d eStaline.

Les trois illustrations suivantes sont des extraits d’une image acquise par le satellite Pléiades le 3 mars 2014 alors qu’il survolait la ville de Sébastopol.

 

Pleiades - Crimée - Sébastopol - Vue d'ensemble - 03-03-2Pleiades - Crimée - Sébastopol - Extrait - 03-03-2014Pleiades - Crimée - Sébastopol - Marine russe - 03-03-201Trois extraits d’une image satellite de la ville Sébastopol en Crimée.
Image prise par le satellite Pléiades le 3 mars 2014. En haut, vue d’ensemble avec une résolution
réduite par rapport à l’image d’origine. En bas, zooms sur deux parties de la ville,
avec en particulier les terrainsmilitaires de la marine russe.
Copyright: CNES 2014 - Distribution Airbus Defence and Space / Spot Image.

 

En regardant de près les images en plazine résolution, les spécialistes en photointerprétation peuvent se faire une bonne idée des positions et des mouvement des forces en présence. Les images des satellites Pléiades sont régulièrement utilisées par les analystes d'IHS (Jane's Information Group) qui publie notamment le Jane's Fighting Ships.

 

Pleiades---Sevastopol---Ukrain-and-russian-war-ships---03-0.jpgExtrait de l'image Pleiades du 3 mars 2014. A gauche, certainement des navires ukrainiens
(frégate, remorqueur et bâtiment de commandement) bloqués à quai par des remorqueurs russes.
A droite, deux grands destroyers lanceurs de missiles russes, le Smetlivy (146 mètres de longueur)
de la classe Kashin et Le Kerch de la classe Kara (173 mètres de longueur)
.
Copyright: CNES 2014 - Distribution Airbus Defence and Space / Spot Image.

 

Le même jour, le satellite TerraSAR-X a également survolé la ville.

 

TerraSAR-X - Crimée - Sébastopol - 03-03-2014 - StripmapExtrait d’une image du port de Sébastopol prise par le satellite Radar TerrSAR-X le 3 mars 2014.
Copyright : 2014 DLR - Distribution Airbus DS / Infoterra GmbH

 

Avec un peu d’attention, les deux satellites Pléaides et TerraSAR-X permettent de repérer les navires militaires dans le port.

Le moins qu’on puisse dire, c’est que ce n’est quand même pas la grande Armada, celle de la grande époque soviétique, quand Sébastopol jouait le rôle d’arsenal et de rempart face à la Turquie et à l’Alliance atlantique.

Un analyse du cabinet Cassini et de Kevin Limonier publiée récemment sur le site Diploweb le confirme : en terme de nombre de navires, la Russie n’occupe plus que la cinquième place des forces navales présentes en mer noire, loin derrière l’OTAN, la Roumanie, la Turquie et l’Ukraine.

Alors que la ville de Sébastopol et l’accès de la flotte russe à la mer noire font les titres de l’actualité depuis quelques jours, on peut donc avoir des doutes sur les motivations réelles de la Russie et de Vladimir Poutine à intervenir en Crimée : la puissance de la flotte russe en mer noire n’est plus qu’un lointain souvenir.

Quelles sont donc les vraies raisons de l’importance attachée à la Crimée par les russes ? Les satellites, même avec leur radar qui pénètre les nuages, ne permettent pas de répondre à cette question.

 

Crimée châtiment ?

Il n’est pas facile de comprendre les tenants et les aboutissants de la situation en Ukraine et en Crimée ou les intentions réelles de la Russie. Ce n’est pas sur les chaînes d’information en continu qu’on peut trouver des analyses approfondies. Il faut passer un peu de temps à consulter des livres ou des sites spécialisés en géopolitique ou écouter les chercheurs et les experts invités à s’exprimer plus que quelques minutes sur des TV ou des radios comme ARTE et France Culture….

 

Une histoire complexe : mieux vaut tatar que jamais…

Sotchi n’est pas loin, seulement 500 kilomètres à vol d’oiseau, mais la cérémonie d’ouverture est bien oubliée… On parle aujourd’hui davantage du risque de partition de l’Ukraine.

 

Ambiance tauride

Les quelques dates qui suivent donnent quelques repères :

  • Antiquité : le blé ukrainien alimente déjà la Méditerranée. La Crimée est connue sous le nom de « Tauride ». Grecs, Goths, Huns, etc. s’y succèdent…

 

Le dessert des Tatars

  • 1441 : fondation du Khanat de Crimée par les Tatars, d’origine mongole mais sous influence ottomane. En 1475, il devient un protectorat ottoman.
  • 1571 : incendie de Moscou après un raid des Tatars en Russie.

 

Emprunt russe

  • 1783 : après la guerre russo-turque, la Crimée est annexée à l'empire russe. C’est le début du développement de Sébastopol et de la flotte de la mer Noire, que Léon Tolstoï relate dans ses « Récits de Sébastopol ».

 

Faire le zouave sur l’Alma

  • 1854 : la guerre de Crimée. L'Angleterre et la France s'allient en 1854 à l'Empire ottoman pour attaquer la Russie. Le siège de Sébastopol devient le symbole de la résistance russe. La guerre de Crimée s’achève avec la défaite russe et le traité de Paris en 1856. 750000 hommes ont perdu la vie pendant ce conflit. L’économie de la Crimée est en lambeaux.

Siege-de-Sebastopol---Gallica---BNF.jpgLe siège de Sébastopol en 1854. Gravure de l'imprimerie Pellerin.
Source : Gallica / Bibliothèque Nationale de France

 

La nouvelle tsar

  • 1917 : la révolution bolchévique. C’est par le sud du pays et la Crimée que les forces fidèles au tsar quittent la Russie. En 1918, a Russie devient la République socialiste fédérative soviétique de Russie (RSFSR) puis quatre ans plus tard, c’est la création de l'Union des républiques socialistes soviétiques (URSS).
  • 1921 : La Crimée, symbole de la victoire soviétique, devient République socialiste soviétique de Crimée.
  • 1942 : Siège de Sébastopol par l’armée allemande. La ville est rasée à 95%. C’est une des batailles les plus terribles de la Seconde Guerre mondiale.


Sébastopol - Photographie aérienne - 04-08-1943La ville de Sébastopol un an après le siège de l'été 1942. Photographie aérienne prise en août 1943.
Source : site WWII aerial photos and maps 

  • 1944 : accusés de collaboration avec les nazis, les Tatars de Crimée sont déportés par Staline en Sibérie ou en Ouzbékistan.
  • 1945 : accords de Yalta.
  • 1948 : Sébastopol est directement rattachée à l’URSS.

 

Cadeaux empoisonnés ?

  • 1954 : pour célébrer le 300ème anniversaire de la réunification de l'Ukraine et de l'empire russe, le 19 février, Khrouchtchev offre la Crimée à l’Ukraine, alors République socialiste soviétique d'Ukraine.
  • 1991 : les mouvements nationalistes entrâinent la dislocation de l'URSS. En décembre, création de la Communauté des États indépendants (C.E.I). Quelques jours plus tard, Mikhaïl Gorbatchev, à l’initiative des politiques de réfome Glasnost et Perestroïka qui ont précipité cet éclatement, démissionne. Boris Eltsine reconnaît l'indépendance de l’Ukraine, Crimée incluse.
  • 1992 : le 5 mai, la Crimée proclame sa première Constitution.
  • 1994 : Leonid Koutchma devient le 1er président d'Ukraine.
  • 1995 : nouveau bras de fer entre pro-russes et pro-ukrainiens. Le 17 mars 1995, le parlement ukrainien abolit la constitution de Crimée votée en 1992.
  • 1997 : le rattachement de la Crimée à l'Ukraine (comme République autonome) est officiellement reconnue par la Russie. La République autonome de Crimée a un statut spécifique avec son gouvernement, son parlement, son budget. Signature de l’accord de location des installations portuaires et militaires de Crimée à la Russie. En 2010, l'accord est renouvelé pour vingt-cinq ans.
  • 1999 : la seconde constitution de la Crimée entre en vigueur.

 

Les feux de la révolution passent à l’orange

  • 2004 : en novembre, élections présidentielles en Ukraine. Les fraudes massives, constatées par les observateurs indépendants, et les manifestations sur la place de l'Indépendance à Kiev amènent à refaire le second tour : « au troisième tour » Viktor Ianoukovitch perd devant Viktor Iouchtchenko, pro-occidental. La carte des résultats montre un net clivage entre le sud-est et le nord-ouest, qui correspond assez bien aux langues dominantes, le russe et l’ukrainien.
  • 2005 : Viktor Iouchtchenko nomme Ioulia Tymochenko premier ministre le 24 janvier. Limogée en septembre de la même année, elle est à nouveau Premier ministre en décembre 2007.
  • 2010 : Candidate à l'élection présidentielle, Ioulia Tymochenko perd devant Viktor Ianoukovytch. En 2011, Ioulia Tymochenko est condamnée à sept ans de prison pour abus de pouvoir dans le cadre de contrats gaziers signés entre l'Ukraine et la Russie en 2009.
  • 2013 : dans un contexte de crise budgétaire, discussions entre l'Union européenne et l’Ukraine pour un accord d'association. Le Parlement ukrainien, poussé par les russes, refuse l'accord. La population de Kiev réagit et, en novembre, c’est le début des manifestations de Maïdan, sur la place de l'Indépendance.
  • 2014 : répression policière violente et radicalisation du mouvement. Le 22 février 2014, c’est la prise du palais présidentiel et la destitution de Viktor Ianoukovytch. En Crimée, majoritairement russophones, les actions des mouvements séparatistes aboutissent au référendum contesté du 16 mars 2014.


Skybox---Kiev---Ukraine---Maidan---18-02-2014---11h10.jpgLe centre ville de Kiev en Ukraine pendant la répression des manifestations. Image prise par
le satellite Skysat-1 le 18 février 2014 à 11:10 UTC. Crédit image : Skybox Imaging

 

Ces quelques dates ne suffisent pas à comprendre la complexité de la situation en Ukraine et en Crimée. J’espère qu’elles vous donneront envie, comme à moi, d’approfondir le sujet par vous-même.

Plusieurs historiens ou spécialistes de la Russie insistent sur le fait que ce sont moins les intérêts stratégiques objectifs, comme par exemple l’importance réelle de la flotte de la mer noire, que la dimension symbolique de la Crimée qui explique la position russe et l’attitude de Vladimir Poutine. Sa popularité en Russie repose en partie par la nostalgie de la puissance de l’URSS ou de l’empire russe.

 

Tsar war: la guerre des étoiles

Dans l’espace, la Russie continue à être un acteur de tout premier plan : ce sont des vaisseaux russes qui assurent, depuis l’arrêt des vols du Space Shuttle, la desserte de la Station Spatiale Internationale pour les équipages. La flamme olympique y a même fait un cour séjour. Plus près de la surface terrestre, la Russie cherche à rejouer un rôle de premier plan. Les jeux olympiques de Sotchi font partie de cette stratégie.

Il serait naïf de penser que les Etats-Unis, au contraire, ne cherchent pas à cantonner la Russie à un rôle de puissance régionale. En Ukraine, l’erreur de l’Union Européenne a certainement été de penser pouvoir discuter un accord bilatéral, en sous-estimant le rôle incontournable de la Russie. Les enjeux économiques pèsent lourd, les symboles aussi.

 

En savoir plus :

 

 

 

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