22 juin 2013, au-dessus du lac d’Estaing dans les Hautes-Pyrénées, en montant vers le lac noir :
grand soleil et ciel bleu mais beaucoup de neige et beaucoup d’eau pour un début d’été.
Crédit image : Gédéon
5h du mat, j'ai des frissons...
Vendredi 21 juin, 5h04 UTC : c’était le moment précis du solstice d’été. Juste après 7 heures du matin en heure locale à Paris ou Toulouse…
Difficile de croire que c’est l’été quand on a à peine vu le printemps... Et seulement quelques jours après les dramatiques inondations qui ont dévasté les Hautes-Pyrénées, les Landes et les Pyrénées atlantiques le 18 et le 19 juin. En particulier, la crue du gave de Pau a causé des dégâts importants à Lourdes, Cauterets, Barèges et Luz-Saint-Sauveur, au niveau de la descente du Tourmalet. Situations similaires autour de Nay et Pau, autour d’Orthez et à Saint-Béat en Haute-Garonne. Il faudra des semaines ou des mois pour remettre en état les routes coupées. Les cartes produites à partir d’images satellites par le service Copernicus de cartographie d’urgence donnent une idée de nombre de zones affectées dans le sud-ouest.
Un exemple de carte produite par le service européen Copernicus, activé par la protection
civile française (COGIC) après les inondations de juin 2013 dans le sud-ouest. Ici une carte
de la région d’Orthez et de Lacq. Crédit image : Copernicus
Deux fois en 8 mois…
Ces inondations ont fait trois victimes dans le sud-ouest. Les agriculteurs a également subi de lourds dégâts : Stéphane Le Foll, ministre de l'Agriculture, a annoncé des mesures d'urgence pour leur venir en aide. Même s’il est encore trop tôt pour un bilan chiffré complet, il suffit de voir l’état des terrains à proximité du Gave de Pau pour se rendre compte qu’il ne s’agit pas seulement de la perte des cultures. A certains endroits, la terre a purement et simplement disparu, emportée par l’eau… Ce sont parfois plusieurs années d’efforts pour transformer un terrain de montagne qui sont réduits à néant. Décourageant…
Un exemple étonnant illustre que le printemps 2013 a été très particulier : pour évacuer Barèges, il a fallu déneiger le col du Tourmalet, pour redescendre vers Bagnères-de-Bigorre par la Mongie. Deux jours avant l’été ! Bon courage pour le Tour de France…
A cours d’une randonnée effectuée le 22 juin au-dessus du lac d’Estaing, j’ai pu moi aussi constater de visu qu’il restait une quantité de neige inhabituelle en altitude. Les torrents sont également très impressionnants et on trouve des petits lacs là ou habituellement on cherche à apercevoir les jeunes marmottes.
C’est également très visible sur les images satellites, comme le montre cette série d’images de la chaîne des Pyrénées vue en juin par le capteur MODIS des satellites Aqua et Terra. La première illustration est une représentation en couleurs naturelles d’une image prise le 22 juin 2013 par le satellite Terra. La présence de quelques nuages n’aide pas à bien délimiter le périmètre des zones enneigées.
Image en couleurs naturelles de la chaîne des Pyrénées prise par le satellite Terra le 22 juin 2013.
Crédit image : NASA / GSFC / Modis Rapid Response
La comparaison avec 2010, 2011 et 2012 montre que la couverture neigeuse à la mi-juin 2013 est assez exceptionnelle. J’utilise ici une représentation des couleurs particulière (appelée « 721 ») bien connue des lecteurs du blog Un autre regard sur la Terre quand il s’agit de distinguer neige et nuage ou d’identifier la végétation brûlée.
Série de quatre images acquises par le capteur MODIS des satellites Aqua et Terra. De haut en bas,
images du 22 juin 2010, du 20 juin 2011, du 16 juin 2012 et du 16 juin 2013. La représentation
utilisée combine les canaux 7, 2 et 1 qui a l’avantage d’aider à distinguer les nuages de la neige.
Crédit image : NASA / GSFC / Modis Rapid Response
Les petits ruisseaux font les grandes rivières
C’est la fonte tardive de cette neige, combinée à un épisode de pluie sur des sols déjà gorgés d’eau après un printemps pourri qui a déclenché les crues des gaves. En altitude, on constate surtout des dégâts sur les rives et les parcelles voisines. Au fond des vallées ou à la jonction entre plusieurs vallées, avec un relief parfois en “entonnoir”, tous les ingrédients sont réunis pour des crues et des débordements importants.
Il reste de la neige… Espérons que de nouveaux épisodes orageux n’entraînent pas de nouvelles inondations. Deux fois en huit mois, cela suffit !
Deux photographies prises le 22 juin dans les Hautes-Pyrénées : à gauche, les torrents spectaculaires
en montagne. A droite, l’effet du ruissellement sur un sol nu. Crédit image : Gédéon.
Froid en juin : même le lait va cailler
Sur le site de Météo France, vous trouverez les premières informations sur les températures et les précipitations de la fin du printemps et du mois de l’été.
Les températures des trois premières semaines de juin sont un tout petit peu plus basses en moyenne que la normale du mois du juin. C’est surtout vrai pour la température la plus haute de la journée (par exemple 17,8°C le 21 juin à Toulouse alors que la normale est à 25,2°C et 20,6°C au lieu de 22,7 à Paris).
Par contre, les différences sont plus marquées quand on s’intéresse aux précipitations ou à l’ensoleillement. La figure suivante, produite à partir des données publiées sur le site de Météo France, illustre la météo du mois de juin 2013 à Toulouse et Tarbes-Ossun et la compare avec l’année 2012 et avec les normales mensuelles. L’impact de l’épisode de pluies des 17, 18 et 19 juin 2013 est très visible.
La météo du mois de juin 2013 à Toulouse et Tarbes-Ossun. Comparaison avec l’année 2012 et
avec les normales du mois de juin. Illustration produite par Planète Sciences Midi-Pyrénées
à partir des données de Météo France.
Il n’y a plus de saison !
Si, un peu quand même... Pour rassurer ceux qui ne croient plus à l’arrivée de l’été, voici pour conclure deux images provenant du satellite européen Météosat 10, prises à 6h00 UTC et 18h00 UTC le 21 juin 2013. Sur son orbite géostationnaire à 35800 km d’altitude, il occupe une position à 0°, au-dessus du méridien de Greenwich.
C’est presqu’exactement la longitude de Luz Saint-Sauveur ou Barèges. Meteosat 10, avec sa résolution de l’ordre du kilomètre, ne voit pas les dégâts des inondations.
Par contre, il confirme que l’été est bien là, avec l’inclinaison caractéristique de la limite jour – nuit au moment du solstice d’été et un hémisphère nord davantage éclairé que le sud. Bonne fête à Jean !
Le solstice d’été 2013 vu par le satellite européen Meteosat 10, à 6h00 UTC et 18h00 UTC.
Crédit image : Eumetsat
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