Dans la matinée du vendredi 3 décembre, l’incendie n’était toujours pas maîtrisé, comme en témoigne cette image satellite acquise par le satellite européen Envisat le jour même à 8h14 UTC. La végétation très sèche et le vent favorisent sa propagation.
Extrait d'une scène acquise par le satellite européen ENVISAT le vendredi 3 décembre à 8h14 UTC.
Cliquer sur l'image pour la voir en pleine résolution (envrion 250 mètres) . Il s'agit du capteur MERIS
et la combinaison de bandes a été choisie pour restituer des couleurs dires "naturelles", similaires
à ce que verrait l'oeil d'un astronaute en orbite (l'orbite de l'astronaute, pas celle de l'oeil).
Crédit image : Agence Spatiale Européenne (ESA).
Extraction et rehaussement de contraste par Planète Sciences Midi-Pyrénées
Alors que l’Europe vit un « froid polaire », les températures enregistrées en Israël sont plus élevées que la normale. Les précipitations pour le mois de novembre 2010 sont les plus faibles depuis 60 ans. La zone touchée est la forêt du mont Carmel, près du port de Haïfa. Comme d’autres pays, la France apporte son assistance en envoyant des avions et du matériel de lutte contre les incendies.
Sur l'image du haut, la ville d'Haïfa se repère avec le décrochement sur la côte, juste au niveau du départ du panache de fumée. On reconnaît au nord le lac de Tibériade et au sud, la mer morte, avec ses deux parties. Les digues et les nuances de couleur de l'eau permettent de voir les salines dans la partie sud. La mer morte est le point le plus bas à la surface du globe terrestre : près de 420 mètres sous le niveau de la mer (c'est étonnant une mer sous le niveau de la mer...)
Entre le lac de Tibériade et la mer morte, on distingue le cours du Jourdain, en provenance du Liban et qui coule du nord au sud. Avec un peu d'attention, on peut voir les zones agricoles irriguées de part et d'autre de ses rives. Les tâches circulaires des dispositifs d'irrigation rotatifs sont difficilement visibles à cette résolution mais on les voit nettement sur des images du satellite Spot par exemple. Comme pour la mer d'Aral qui a fait l'objet d'un quiz récent, l'irrigation et les captages pour l'eau potable ont considérablement réduit le débit d'eau dans la mer morte. Sa surface et son niveau ont fortement baissé. A terme, il y a même un risque pour le Jourdain lui-même.
A gauche, image de la mer morte vue par le satellite Spot "drapée" sur un modèle numérique de terrain.
A droite, le produit SPOT DEM utilisé pour construire les représentations en relief : le modèle numérique
de terrain, fabriqué grâce aux capacités de vision stéréo de Spot 5, est représenté ici avec un code
couleur qui dépend de l'altitude (teintes dites hypsométriques). Copyright CNES / Distribution Spot image.
Autre extrait de la même scèneacquise par le satellite européen ENVISAT le vendredi 3 décembre à
8h14 UTC. Crédit image : Agence Spatiale Européenne (ESA).
Extraction et rehaussement de contraste par Planète Sciences Midi-Pyrénées
Sur ce deuxième extrait, la résolution d'origine a été réduite mais l'image couvre désormais l'ensemble de la région. Les lecteurs du blog Un autre regard sur la Terre sont maintenant familier avec le ruban vert du Nil et son delta qui contrastent avec le reste de l'Egypte. On recoonaît également les deux oreilles de lapin de la mer rouge. La mesure des nuances de la couleur de l'eau, spectaculaires à certains endroits de la côte est une des missions principales du capteur MERIS Au nord, une partie de Chypre est également visible.
Le rôle des satellites d'observations dans la gestion des risques et des catastrophes naturelles :
Les images ENVISAT présentées ici jouent surtout un rôle de prise de conscience de l'importance de l'incendie. Le satellites d'observation sont utilisés très fréquemment pour apporter des informations beaucoup plus opérationnels, au service des organisations et des équipes participant au secours.
Plusieurs articles du blog Un autre regard sur la Terre ont déjà été consacrés à cette utilisation de l'espace en support à la gestion des crises et des situations d'urgence et au programme européen GMES (Global Monitoring for Environment and Security) que l'Europe développe actuellement. Des suggestions d'utilisations pédagogiques en classe sont proposées dans ces articles. Dans le cas des incendies, ce sont des exercices autour de la détection de changement entre deux images et de ce qu'on appelle la cartographie rapide qui sont le plus adapté.
Concernant l'incendie en Israël, la Direction de la Sécurité Civile française, qui fournirtdes moyens aériens à l'état d'Israël, a activé un mécanisme appelé "Charte internationale risques et catastrophes majeures". Ce mécanisme a lui-même fait appel au service européen GMES SAFER pour la production de cartes délimitant les contours de l'incendie. Les opérations de SAFER sont pilotées par Astrium Services et , pour cette crise, c'est le SERTIT (une équipe spécialisée de l'Université de Strasbourg) qui réalise la cartographie rapide. Je donnerai quelques explications sur les produits réalisés dès qu'ils seront rendus publics.
En savoir plus :
- D'autres articles du blog Un autre regard sur la Terre sur les incendies et le rôles des satellites dans la gestion des catastrophes naturelles.
- Un article sur la vallée du Nil et la réponse du quiz du mois de septembre 2010.
- Une page sur le satellite européen ENVISAT.
- sur le site earthobservatory, un article de la NASA sur des images acquises par le satellite Aqua (capteur MODIS) : "Deadly Forest Fire in Northern Israel".
- Sur le site de Spot Image, des explications sur la manière dont le satellite Spot 5 produit des informations sur le relief.
- Sur le site du PNUE (Programme des Nations-Unies pour l'Environnement), une page sur la surface de la mer morte, avec une série d'images du satellite Landsat montrant son évolution entre 1973 et 2000.