Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Un autre regard sur la Terre

Espace, satellites, observation de la Terre, fusées et lancements, astronomie, sciences et techniques, etc. A l 'école ou ailleurs, des images pour les curieux...

En orbite, le poids des années, c’est un problème sans gravité… Les 20 ans du CADMOS

Publié le 19 Octobre 2013 par Gédéon in Rétroviseur-un-peu-d'histoire

Il y a actuellement six astronautes à bord de la station spatiale internationale : 3 russes (Fyodor Yurchikhin, Oleg Kotov et Sergey Ryazanskiy), 2 américains (Karen Nyberg et Mike Hopkins) et un européen né en Italie (Luca Parmitano) composent l’équipage de l’expédition 37, à environ 400 kilomètres d’altitude au-dessus de nos têtes, en compagnie d’Albert Einstein, le quatrième vaisseau ATV.

 

7 spationautes à la Cité de l’espace pour les vingt ans du CADMOS

Mardi 15 octobre 2013, juste après la Novela et la semaine mondiale de l’espace, on pouvait en voir sept de beaucoup plus près : à la Cité de l’espace à Toulouse. Même en passant tous les jours par la rue des cosmonautes, c’est rare d’en voir autant au même endroit…

 

CNES - Cité de l'espace - Spationautes français- Anniversaire CADMOS - 20 ansCela aurait pu être un nouveau quiz du blog Un autre regard sur la Terre : reconnaître la
silhouette de 7 spationautes pendant la soirée du 15 octobre 2013 à la cité de l’espace.
Attention, il y a un piège : quatre intrus se sont glissés sur la photo.
Crédit image : Gédéon / Planète Sciences Midi-Pyrénées

 

Sans gravité

A l’occasion de la journée célébrant le vingtième anniversaire du CADMOS, le CNES (Centre National d’Etudes Spatiales) proposait au grand public une conférence sur les expériences en micropesanteur et sur les vols habités. Evidemment, on a surtout parlé vols habités… Il fallait assister à la journée de travail au CNES pour en savoir plus sur les résultats scientifiques des missions.

Le public connaît au moins quelques-uns des noms des sept astronautes / cosmonautes / spationautes présents ce soir-là dans la salle Imax de la cité de l’espace. Les fans de conquête spatiale parviendront sans doute à tous les reconnaître simplement à partir de leurs silhouettes sur cette photographie prise volontairement à contre-jour. J’ai hésité à en faire un nouveau quiz mais j’attends encore quelques bonnes réponses pour l’image mystère du dernier quiz.

Vous avez trouvé ? Parmi les onze personnes présentes sur la photographie, six ont effectué au moins un séjour dans l’espace et un septième s’y prépare très activement.

Par ordre d’apparition en orbite : Michel Tognini, Jean-Pierre Haigneré, Jean-Jacques Favier, Claudie Haigneré, Léopold Eyharts, Philippe Perrin et, le petit dernier Thomas Pesquet.

Mais qui connaît le CADMOS et son équipe ?

 

CNES - CADMOS - 7 spationautes à la Cité de l'espaceLe même groupe de spationautes avec les quatre « intrus », cette fois-ci bien éclairé.
De gauche à droite, Philippe Droneau (directeur des publics de la cité de l’espace), Thomas Pesquet,
Michel Tognini, Taïa Tabakova (chef de projet vols habités à RKK Energia), Lionel Suchet (directeur
adjoint du Centre Spatial de Toulouse), Philippe Perrin, Claudie Haigneré, Sébastien Barde
(responsable du CADMOS), Jean-Pierre Haigneré, Léopold Eyharts et Jean-Jacques Favier.
Crédit image : Gédéon / Planète Sciences Midi-Pyrénées

 

Le CADMOS, quèsaco ?

Rien à voir avec les MACDOS…

Le CADMOS, c’est le Centre d’Aide au Développement des activités en Micropesanteur et des Opérations Spatiales (CADMOS). Créée à Toulouse en 1993, il a donc fêté mi-octobre ses 20 ans au Centre Spatial de Toulouse.

 

CNES - Anniversaire CADMOS - Affiche et badge - 20 ans - 15-10-2013L’affiche anniversaire et le badge « Since 1993 » du CADMOS.
Crédit image : Gédéon / Planète Sciences Midi-Pyrénées

 

Le CADMOS aide les scientifiques à préparer et à conduire une large gamme d’expériences en micropesanteur, que ce soit à bord de la Station spatiale internationale, de l’Airbus A300 ZERO-G, de fusées-sondes ou de capsules automatiques. Le CADMOS assure un rôle de centre de mission, d’opérations et d’exploitation. En fonction des projets, il travaille pour le compte de scientifiques sélectionnés par le CNES ou, au travers de l’Agence spatiale européenne (ESA), pour des scientifiques européens.

Depuis sa création, le CADMOS a ainsi assuré la préparation, la réalisation et le suivi opérationnel de 13 missions habitées. La France reste à ce jour la première nation européenne en matière de présence humaine dans l’espace.

L’expérience accumulée par le CADMOS, en particulier avec l’excellente coopération franco-soviétique puis franco-russe, est mondialement reconnue. Une importante délégation russe est d’ailleurs venue à Toulouse témoigner de la qualité de cette coopération.

 

CNES - 20 ans du CADMOS - Coopération Franco-RusseTémoignage de Taïa Tabakova (chef de projet vols habités à RKK Energia) sur la qualité de la
coopération franco-russe sur les expériences en micropesanteur et les vols habités.
Crédit image : Gédéon / Planète Sciences Midi-Pyrénées

 

En résumé, le sigle CADMOS ne fait certainement pas rêver. Par contre, c’est un endroit où une extra-ordinaire aventure humaine internationale a été vécue. Comme l’a relevé Jean-Yves Le Gall, Président du CNES, « la cérémonie d’anniversaire était empreinte de beaucoup d’émotion », tout comme la conférence qui a suivi avec les sept spationautes.

 

Des européens nés en France…

A l’occasion d’une boutade concernant la nationale de Lucas Parmitano (« il est européen ! »), c’est ainsi que ce sont présentés nos sept spationautes. Reconnaissant indirectement le rôle de la coopération internationale et la valeur d’exemple des vols habités.

Leurs interventions pendant la conférence permettaient de sa faire une idée des différences de personnalités et de génération. Au-delà des spécialités techniques (physique des matériaux, médecine, spécialiste du bras manipulateur), les prises de positions sur l’avenir des vols habités et de l’exploration étaient intéressantes et mettaient en évidence de subtiles différences…

Un trait commun : leur enthousiasme pour encourager les jeunes à se lancer dans l’aventure spatiale, peut-être pas comme astronaute (les places sont rares) mais aussi comme ingénieur ou scientifique.

Voilà un petit compte rendu, écrit en collaboration avec mon ami Roger Zhé, spécialiste de la micropesanteur, sous la forme d’un florilège des déclarations et points de vue exprimés par nos sept spationautes et pas leurs collègues de travail… Les illustrations proviennent de photographies prises pendant la conférence ou des archives du CNES et de la NASA.

 

Florilège…

Sur le rôle des spationautes et l’intérêt des vols habités :

Jean-Pierre Haigneré : « un vol, c’est toujours habité, sinon ce n’est pas un vol » ou encore « pour son premier vol, le cosmonaute expérimentateur, c’est un sac de sable ». Le pilote dans toute sa splendeur. Cela donne envie de revoir l’étoffe des héros…

Claudie Haigneré : « l’homme c’est l’intelligence embarquée, la capacité de faire face à l’incertitude et aux situations imprévues ».

 

Sur le mal de l’espace :

Claudie Haigneré : « Même avec l’entraînement, l’environnement spatial déroute. Il faut reprogrammer son cerveau et son corps. J’ai eu la chance de ne pas être soumis au mal de l’espace ».

Jean-Pierre Haigneré : « Le mal de l’espace, ça dure au maximum 2 ou 3 jours. Après, ça n’est plus un problème. L’oreille interne est court-circuitée. Moins de 30% des gens sont malades. »

Léopold Eyharts : « Dans la navette, tout doit être reconfiguré après le lancement au moment de la mise en orbite. A ce moment, j’ai tourné la tête trop vite. Je n’aurais pas dû… »

Michel Tognini : « l’entraînement au tabouret est beaucoup plus sévère que le vol réel. Moi j’ai eu le mal du chagrin, au moment où moi et Alexandre Viktorenko quittions la station MIR pour rentrer dans le Soyouz. J’ai pleuré. »

 

CNES - Patrick Baudry - STS 51-G - Repas en impesanteur -17 juin 1985Top chef : Patrick Baudry en train de préparer un bon repas à bord de la navette Discovery (vol 51-G)
le 17 juin 1985. Crédit image : NASA

 

Sur la coopération avec les russes et les américains :

Lionel Suchet : « Avec le Space Shuttle, les américains n’avaient pas l’expérience des vols de longue durée. Au démarrage du programme ISS, ils ont cherché à l’acquérir et étaient assez jaloux du savoir-faire français au CADMOS ».

Philippe Perrin : « La coopération internationale, c’est d’abord rapprocher les cœurs. La coopération avec les russes a été très enrichissante. Ça a abouti à des réussites comme l’ATV. Les programmes menés avec les américains n’ont pas tenu leurs promesses ».

 

Sur les messages à passer aux jeunes qui s’intéressent à l’espace :

Claudie Haigneré : « il faut encourager les jeunes hommes et les jeunes femmes à s’intéresser à ces métiers. Des métiers de passion : la recherche, l’ingénierie, le management des projets. Faire découvrir cette aventure humaine qu’est l’espace. C’est ce que font des associations comme Planète Sciences, très proche du CNES ».

 

Cité des étoiles - Jean-Pierre et Claudie Haigneré - 19
En mai 1993, Claudie Haigneré et Jean-Pierre Haigneré à la rencontre de jeunes lycéens en 2013
et d’animateurs de Planète Sciences (à l’époque ANSTj) organisée par le CNES pendant
l’entraînement pour la mission Altaïr. Regardez les tee-shirts : ici, Gagarine est bien présent.
Crédit image : Gil Denis

 

Lionel Suchet : « 100% des gagnants ont tenté leur chance ».

C’est Thomas Pesquet qui a donné la réponse la plus motivante : « même si très peu d’entre vous deviendront des astronautes, c’est le premier pas qui compte. N’ayez pas peur de prendre la route, même si l’ensemble de l’itinéraire n’est pas visible dès le départ. Avancer et découvrir au fur à mesure la trajectoire à emprunter. On peut parvenir à une destination différente mais les métiers de l’espace sont tous passionnants. Il y a plusieurs voies possibles… Pas forcément celle qu’on avait en tête au départ. »

 

Sur les perspectives et les enjeux des vols habités et de l’exploration :

C’est sur ce sujet qu’un dernier tour de table a été effectué. En ce qui concerne la destination prioritaire, les opinions divergent…

Pour Thomas Pesquet, après une première phase principalement consacrée à sa construction, l’ISS atteint seulement sa maturité et son plein potentiel de recherche. « Explorer, c’est s’approprier le milieu et préparer la voie pour d’autres ». L’orbite basse est seulement « un premier pas sur la route de l’exploration ».

Après avoir mentionné « la Lune et les points de Lagrange », Michel Tognini exprime sa préférence pour « un astéroïde », comme Philippe Perrin. Une « mission complexe » mais dont il rappelle les enjeux après la chute du météore de Tchebarkoul en Russie.

Jean-Jacques Favier insiste sur « l’importance de la science et des applications ». « Côté propulsion, c’est encore la préhistoire… Il faudra des ruptures technologiques pour aller plus loin ». Plus loin, pour lui, c’est « Mars ». Pas tout de suite, dans 40 ou 50 ans.

Pour la Lune, tout le monde semble s’accorder pour dire que le dynamisme des chinois va relancer les initiatives ailleurs dans le monde et notamment aux Etats-Unis. C’est la destination prioritaire pour Jean-Pierre Haigneré : « Les chinois ont la motivation, l’argent et l’intelligence. C’est un acte éminemment politique ».

Jean-Pierre Haigneré compare l’aventure spatiale aux progrès de l’informatique : « impossible de savoir à l’avance ce que la recherche spatiale nous apportera dans 50 ans. En tout cas, les USA considèrent que l’espace est stratégique. Ils attachent beaucoup d’importance à la protection de leurs moyens spatiaux ». En mentionnant les initiatives de société privées pour les vols suborbitaux, Jean-Pierre Haigneré affirme également que l’orbite basse relève désormais des opérations normales : « Il faut prouver notre capacité à aller au-delà : l’exploration est le propre de l’homme ».

Lionel Suchet rappelle les atouts français : « le cargo ATV et l’expérience des rendez-vous avec l’ISS, la complémentarité des savoir-faire des vols habités et des missions automatiques (par exemple Chmcam sur Curiosity) et le CADMOS ».

Léopold Eyharts insiste sur les deux ingrédients de la réussite des coopérations internationales : « de l’argent et de la volonté politique. Sans eux, le programme ISS n’aurait pas survécu… » Pour lui, la question essentielle est de savoir « quel rôle l’Europe peut et veut jouer ».

C’est Claudie Haigneré qui conclut : « peu de projets portent la coopération internationale à une tel niveau. Dans un environnement extrême, il n’y a pas d’autre choix que le succès. C’est un outil diplomatique extraordinaire. »

 

De la Cité des étoiles à la Cité de l’espace : neuf « anciens » et un djeun.

 

Cité de l'espace - CNES - Anniversaire 20 ans du CADMOS - Jean-Pierre Haigneré - Lionel SuchetCNES - Cité de l'espace - 20 ans CADMOS - anniversaire vols habités - Emotion et plaisirJean-Pierre Haigneré, photographié ici en compagnie de Lionel Suchet. 2013, c’est aussi le vingtième anniversaire de son premier vol, la mission Altaïr. Emotion et plaisir à la Cité de l’espace
pendant un discours émouvant avant de partager le gâteau d’anniversaire du CADMOS.
Crédit image : Gédéon / Planète Sciences Midi-Pyrénées

 

Combien y a-t-il eu d’astronautes français ?

Neuf et bientôt dix… Les neuf qui ont volé à l’occasion de 17 missions à bord de la station MIR, de la navette spatiale américaine ou de la station spatiale internationale (ISS).

Il y a quatre missions avant la création officielle du CADMOS en 1993. 11 ans avant la création du CADMOS a lieu le premier vol, celui de Jean-Loup Chrétien, nommé PVH pour « Premier vol Habité ». Ce qui prouve que les ingénieurs manquent parfois d’imagination pour baptiser les « premières ». Souvenez-vous du premier satellite français lancé le 26 novembre 1965. D’abord baptisé A1 (facile à retenir !), on l’a rapidement renommé Astérix.

 

CNES - Claudie Haigneré - Léopold Eyharts - Philippe Perr
De gauche à droite, Claudie Haigneré au retour de la mission Andromède (31 octobre 2001),
Léopold Eyharts pendant la préparation de la mission Pégase (du 29 janvier au 19 février 1998) et
Philippe Perrin au cours de la deuxième sortie extra-véhiculaire (EVA) de la mission STS-111
(11 juin 2002). Crédit image : CNES et NASA.

 

CNES - Michel Tognini - Jean-Jacques Favier - Jean-François Clervoy
De gauche à droite, Michel Tognini (23 juillet 99, mission Columbia STS-93),
Jean-Jacques Favier(20 juin 1996, mission Columbia STS-78) et Jean-François Clervoy
(29 avril 1997, mission Atlantis STS-84) juste avant le lancement de leur navette spatiale
au Centre Spatial Kennedy (KSC). Crédit image NASA.

 

Voilà les noms des spationautes, dans l’ordre d’apparition en orbite, et la liste des missions. A chaque fois, la date correspond à la date du lancement. Les missions étaient plus ou moins longues, de quelques jours à quelques mois…

  • Jean-Loup Chrétien : mission PVH en juin 1982, mission Aragatz en novembre 1988, mission Atlantis STS-86 en septembre 1997.
  • Patrick Baudry : mission Discovery STS-51-G en juin 1985.
  • Michel Tognini : mission Antares en juillet 1992, mission Columbia STS-93 en juillet 1999.
  • Jean-Pierre Haigneré : mission Altaïr en juillet 93, mission Perseus en mai 1998.
  • Jean-François Clervoy : mission Atlantis STS-66 en novembre 1994, mission Atlantis STS-84 en mai 1997, mission Discovery STS-103 en décembre 1999.
  • Jean-Jacques Favier : mission Columbia STS-78 en juin 1996.
  • Claudie Haigneré : mission Cassiopée en août 1996, mission Andromède à bord de l’ISS en octobre 2001.
  • Léopold Eyharts : mission Pégase en janvier 1998, mission Atlantis en février 2008.
  • Philippe Perrin : mission Endeavour STS-111 en juin 2002 .
  • Thomas Pesquet : ingénieur de l’ISAE à Toulouse, c’est le plus jeune membre du corps des astronautes européens (EAC). Et certainement le plus branché (@Thom_astro sur twitter). Sélectionné en mai 2009 par l’Agence Spatiale Européenne, il s’entraîne à l’EAC à Cologne en attendant son billet pour la banlieue terrestre.

Cité de l'espace - De Chrétien à Pesquet - 1982 - PVHLe pionnier et la nouvelle génération : Jean-Louis Chrétien et Thomas Pesquet ensemble à la Cité
de l’espace, au pied de la station MIR. Photo prise en juin 2012 pendant le Toulouse Space Show.
Crédit image : Gédéon. A gauche, Jean-Louis Chrétien après son retour sur Terre dans le
vaisseau Soyouz T-6.

 

Astres, Cosmos, Espace et Univers : terminologie et géostratégie des vols habités

Vous avez certainement noté que j’utilisais plusieurs noms pour désigner les navigateurs de l’espace. En France, on a longtemps utilisé le terme spationaute, littéralement « navigateurs de l’espace ». Même dans la francophonie, il est déjà question de coopération internationale : le nom « spationaute » vient du latin « spatium » pour espace et du grec « ναύτης » pour navigateur…

Il faut reconnaître que le terme spationaute est de moins en moins usité. A l’Agence spatiale européenne, on a repris le mot américain astronaute : le centre d’entraînement des navigateurs de l’espace européens, près d Cologne à Allemagne, s’appelle European Astronauts Centre (ESA).

En 1961, Le premier homme à voyager dans l’espace et à boucler une orbite, Youri Gagarine, est devenu le premier cosmonaute (« kosmonavt » ou « космонавт »), navigateur de l’espace, soviétique à l’époque, russe aujourd’hui.

Dans le contexte de la guerre froide et de la compétition américano-soviétique pour la conquête spatiale, Alan Shepard, Virgil Grissom ou John Glenn ne pouvaient pas décemment devenir respectivement le deuxième, troisième ou cinquième cosmonaute. Au moment de la création de la NASA et du lancement du programme Mercury, à la fin de l’année 1958, c’est donc le terme « astronaut » (du grec ἄστρον qui signifie astre ou étoile) qui est popularisé aux Etats-Unis. Le 9 avril 59, c’est sous ce nom que sont présentés au public les sept pilotes recrutés pour le programme Mercury : Alan Shepard, Virgil Grissom, John Glenn, Scott Carpenter (décédé le 10 octobre 2013, quelques jours avant la conférence à la Cité de l’espace), Walter Schirra, Gordon Cooper, et Donald Slayton.

La troisième nation à avoir envoyé par ses propres moyens un homme dans l’espace est la Chine, un pays dont le programme spatial est à la fois ambitieux et crédible et dont on a beaucoup parlé pendant la conférence. Le nom chinois utilisé pour ses hommes (et ses femmes) de l’espace, du grand vide (太空人 tàikōngrén) ou encore navigateurs de l’univers est francisé en « taïkonaute ».

J’ai lu d’autres explications qui mentionnent le pays d’origine du lanceur qui emmène ses passagers dans l’espace. De ce point de vue, en ce moment, tous les membres de l’équipage de l’ISS seraient des cosmonautes : après le retrait du space shuttle et en attendant la relève américaine, seule la fusée Soyouz et le vaisseau soyouz sont actuellement capables d’assurer la desserte de la Station Spatiale Internationale.

Alors espace, cosmos, astres ou univers, cela n’a pas beaucoup d’importance... Il faut retenir que ces sont d’abord des navigateurs, avec une forte dimension d’exploration, comme les premiers marins qui ont fait le tour de la Terre, en restant au niveau de la mer.

Une dernière question : renoncera-t-on un jour au préfixe « spatio » ou « cosmos » et au suffixe « naute » qui fait d’abord allusion au voyage et à l’environnement du trajet ? Si on envisage des séjours de longue durée pour explorer la Lune ou même Mars, faudra-t-il inventer un nouveau nom ? Faites part de vos suggestions en postant un commentaire à la fin de cet article…

 

CNES - Paris - Groupe de spationautes - 09-09-1985Souvenirs, souvenirs : les mêmes et d’autres un peu plus tôt. Le 9 septembre 1985, le CNES présente
un deuxième groupe de sept candidats spationautes français. De gauche à droite : Jean-François
Clervoy, Claudie Haigneré, Jean-Jacques Favier, Jean-Pierre Haigneré, F. Patat, Michel Tognini
et Michel Viso. Crédit image : CNES/TRAPHOT, 1985

 

En savoir plus :

  • Aller voir le film Gravity, un film de Alfonso Cuarón avec Sandra Bullock, George Clooney. Voir la bande annonce... Après Apollo XIII en 1995, Ed Harris (et surtout sa voix) reprend le rôle de capcom.

 

 

 

Commenter cet article