Vue d’artiste des orbites des planètes du système solaire autour du soleil. La nôtre occupe la
troisième position à environ 150 millions de kilomètres. Crédit image : NASA
Vous connaissez les doodles de Google ? Ces « gribouillages » sont des adaptations temporaires du logo du célèbre moteur de recherche, créés depuis 1998 pour célébrer des événements particuliers.
Si vous avez effectué une recherche sur Google et eu la curiosité de cliquer sur l’image en haut de la page d’accueil, vous savez désormais, comme moi, que le 19 février est le 540ème anniversaire de la naissance de Nicolas Copernic.
Le 14 février dernier, c’était la Saint-Valentin mais le doodle célèbrait l’anniversaire de George Ferris, l’inventeur de la grande roue à l'occasion de l'Exposition universelle de 1893 à Chicago.
Pour la société qui a lancé le Lunar XPrize, la conquête spatiale est souvent à l’honneur, avec par exemple le cinquantième anniversaire du premier homme dans l’espace, les premiers pas sur la Lune, l’anniversaire de Konstantin Tsiolkowski ou encore l’éclipse de Lune du 15 juin 2011…
Le Google doodle du 19 février 2013 : hommage à Nicolas Copernic. Crédit image : Google
Qui est Nicolas Copernic ?
Même pour le blog Un autre regard sur la Terre, dans lequel notre planète occupe une position centrale, il est naturel de saluer la mémoire de celui qui a remis en cause la théorie du géocentrisme.
Nicolas Copernic est né le 19 février 1473 à Toruń, dans l’actuelle Pologne. Après des études d’art à l'Université de Cracovie, il découvre la médecine, les mathématiques et surtout l'astronomie à l'université de Bologne (Italie). A partir de 1500, à son retour en Pologne, Copernic, tout en exerçant sa fonction de chanoine, va consacrer sa vie à l’astronomie et à l’observation du ciel.
Révolutionner la révolution
Depuis Ptolémée et Aristote, c’est le règne du géocentrisme, une théorie qui place la Terre au centre de l'Univers. Copernic la remet en cause et met le Soleil au centre de tout. C'est l'héliocentrisme, une hypothèse déjà envisagée par Aristarque de Samos, un astronome grec qui vécut 300 ans avant J-C. Copernic affirme également que la Terre tourne sur elle-même, que la Lune est son satellite et que toutes les planètes tournent autour du Soleil. Il développe ses théories dans deux ouvrages majeurs "De Revolutionibus Orbium Coelestium" achevé vers 1530 et publié 13 ans après, le jour de sa mort le 24 mai 1543, et « Commentariolus », qui ne sera publié qu'au 19ème siècle.
Copernic a volontairement retardé la publication de ses idées, inquiet de la réaction hostile de l'Eglise : à l’époque, seuls quelques scientifiques sont au courant de ses idées. Leur diffusion finira par intéresser Galilée, Léonard de Vinci ou Johannes Kepler.
Deux pages extraites de l’ouvrage "De Revolutionibus Orbium Coelestium" de Nicolas Copernic.
De GMES à Copernicus en passant par Kopernikus : les deux cas décollent…
Depuis décembre 2012, Copernicus est également le nouveau nom du programme d'Observation de la Commission européenne, anciennement désigné par l'acronyme GMES (Globale Monitoring for Environement and Security ou, en français, surveillance mondiale pour l'environnement et la sécurité). Le nouveau nom marque l'entrée dans la phase opérationnelle d’un des deux programmes spatiaux majeurs de l'Union européenne. A cette occasion Antonio Tajani, le commissaire chargé de l’industrie et de l’entreprise, a déclaré: « En choisissant Copernicus, nous rendons hommage à un grand scientifique et astronome européen : Nicolas Copernic. Sa théorie de l'héliocentrisme est considérée par beaucoup comme le principal précurseur de la science moderne. Il a ouvert à l'homme un univers infini, limité jusque-là par la rotation des planètes et du soleil autour de la Terre, et a créé un monde sans frontières. »
Il a ajouté : « À l’instar de cet initiateur dont les théories révolutionnaires ont contribué à mieux comprendre notre monde, le programme européen d’observation de la Terre nous transmet une connaissance approfondie de notre planète en pleine mutation, ce qui permet d’engager des actions concrètes en vue d’améliorer la qualité de vie des citoyens. Le programme est désormais arrivé à maturité et tous ses services entreront prochainement en phase opérationnelle. »
Copernicus : observer notre planète pour un monde plus sûr
Copernicus (anciennement GMES - Global Monitoring for Environment and Security) est une initiative conjointe de la Commission européenne (CE) et de l’Agence spatiale européenne (ESA) visant à fournir de manière opérationnelle des produits et des services de géo-information éprouvés, fiables et abordables à travers l’Europe et dans le monde entier. Le programme Copernicus est un outil destiné à améliorer la qualité de vie et l’environnement des citoyens européens.
Réponse rapide en cas de catastrophe naturelle, prévision du changement climatique, océanographie opérationnelle, chimie de l’atmosphère et qualité de l’air, gestion des territoires et pratiques agricoles respectueuses de l’environnement, cartographie du développement urbain : Copernicus est constitué d’un ensemble de services observant notre environnement et les phénomènes naturels se produisant sur notre planète. Reposant sur des satellites d’observation de la Terre et des capteurs terrestres, combinés à des modèles numériques, les services développés dans le cadre de Copernicus. Les informations produites sont destinées à faciliter l’action et la prise de décision des autorités publiques et à faciliter la mise en œuvre des politiques environnementales de l’Union Européenne. Copernicus ne remplace pas les capacités européennes existantes, mais les complète en vue de répondre aux besoins des utilisateurs et de garantir l'autonomie européenne à long terme.
En développant l’usage de l’observation de la Terre et les services associés, Copernicus doit également jouer un rôle important dans la politique européenne pour la croissance et l'emploi.
Dans les coulisses de GMES : une petite histoire de GMES à travers ses noms et ses logos…
L’orthographe du nom Copernic (Nicolaus Copernicus en latin, Nikolaus Kopernikus en allemand et Mikołaj Kopernik) est à l’origine d’une étonnante saga pour le choix du nouveau nom du programme européen GMES.
Remplacer GMES, un sigle jugé incompréhensible pour les non-initiés, par un nom de grand savant, comme Galileo pour le programme européen de positionnement par satellite. Quelle bonne idée ! Mais pourquoi personne n’y a pensé plus tôt ?
Eh bien si, on y avait pensé plus tôt, plus précisément en septembre 2008 juste après le forum GMES de Lille, pendant la présidence française de l’Union Européenne.
A l’époque, une conférence de presse clôturant l’opération permettait à Günter Verheugen d’annoncer : « Kopernikus est le nouveau nom donné au programme GMES. »
Les K tombent : GMES retrouve son latin
Le nom Kopernikus n’a finalement été utilisé que quelques jours, suffisamment longtemps pour compliquer la tâche de tous les chefs de projets européens travaillant en 2008 sur des publications présentant les services GMES en développement.
A l’époque, la Commission Barroso 1 arrivait au terme de son mandat. On n’oublia vite le nom Kopernikus.
Il a fallu attendre fin 2012 pour que des latinistes bouclent une nouvelle révolution et proposent Copernicus.
15 ans après le premier baptême à Bavenoen Italie, le nom GMES semble définitivement mort et enterré. Je l’aimais bien… pas le sigle mais le nom complet : Global Monitoring for Environment and Security.
Prochain défi : trouver un nom pour un troisième grand programme européen… Combien d’ITERations cette fois-ci ?
A Lille, pendant le forum GMES, en septembre 2008 : Kopernikus fait une apparition fugitive.
Crédit image : Gédéon
En savoir plus :
- Le musée des doodles de Google et la page pour le mot-clé « space ».
- Sur Wikipedia, un article sur Nicolas Copernic. Si vous avez un compte Wikipedia, la discussion passionnée entre les rédacteurs est très instructive.
- Le site d’information sur le programme européen Copernicus (anciennement GMES).
- Un article de Florence Autret sur les péripéties du changement de nom de GMES.
- sur le site de la Commission Européenne, la page, toujours active en février 2013, sur le concours pour trouver le nouveau nom de GMES et la plaquette de présentation.
- Pour savoir plus sur GMES et Copernicus, la revue « Window on GMES » (mai 2008) éditée dans le cadre du projet européen BOSS4GMES, avec de nombreux exemples concrets.
- Sur le blog Un autre regard sur la Terre, d’autres articles sur GMES / Copernicus :
- European Space Expo : l’Europe spatiale fait escale à Toulouse
- Les satellites d'observation au service de l'environnement et de la sécurité des citoyens : une décision importante pour le programme GMES et ses opérations initiales
- GMES et les situations d’urgence. Le rôle des satellites d’observation en cas de catastrophes naturelles. SAFER sait faire…
- European Space Expo : l’Europe spatiale fait escale à Toulouse