6 février 2020 : décollage de la mission Soyouz ST27 à Baikonour. Sous la coiffe, 34 satellites de la
constellation Oneweb. Crédit image: Arianespace / Oneweb Satellites
Oneweb... Objectif : lâcher la grappe
Après les 6 premiers satellites lancés en 2019, c’est le 6 février 2020 à 21h42 UTC qu’un lanceur Soyouz (mission ST27) a mis en orbite la première grappe complète de 34 satellites Oneweb depuis le cosmodrome de Baikonour au Kazakhstan.
Pas très loin de la défunte mer d’Aral, un des sites les plus secrets de l’ex-URSS pendant la guerre froide, une cible convoitée par les avions U2 et les premiers satellites espions américains Corona, est désormais survolé très régulièrement par les satellites d’observation.
Soyouz ST27 : quelques heures avant le lancement des satellites Oneweb, le cosmodrome de Baïkonour
vu par le satellite européen Sentinel-2B le 3 février 2020.
Crédit image : ESA / Copernicus / Commission européenne
L’image présentée ici n’a pas été acquise par les satellites à très haute résolution CSO, Pléiades ou Worldview-3. Par curiosité, je me suis amusé à regarder ce que pouvaient voir les satellites Sentinel-2 du programme Copernicus.
Bingo ! Sur le catalogue Sentinel Open Hub, une image acquise le 3 février 2020 par le satellite Sentinel-2B, quelques jours avant le lancement des 34 satellites Oneweb par la fusée Soyouz.
Evidemment la résolution de 10 mètres ne permet de voir les détails. Mais l’image donne une idée précise de la configuration du site mythique du spatial russe et de la complexité de ses installations.
Voici deux extraits en pleine résolution de l’image du 3 février, montrant le site de lancement LC 31, d’où ont été lancés les satellites Oneweb et le bâtiment d’intégration MIK 112, utilisé désormais par Starsem pour la préparation des charges utiles.
Baïkonour : la dernière ligne droite des préparatifs du lancement de 34 satellites Oneweb surveillés par
le satellite Sentinel-2B. Deux extraits d’une acquise le 3 février 2020 montrant le bâtiment d’intégration
MIK 112 et le pas de tir 31 d’où doit décoller la fusée Soyouz (mission ST27).
Crédit image : ESA / Copernicus / Commission européenne
Neige fraîche
3 février 2020. C’est l’hiver… A Toulouse, 25°C… A Baïkonour, un peu moins. Les moufles n'étaient peut-être pas indispensables pour les journalistes présents sur place souhaitant twitter pendant le lancement. Les photographes ont du aussi conserver les batteries d’appareil photo de rechange bien au chaud au fond des poches pour avoir une chance d’immortaliser le lancement.
Avec peu de nuages, l’image du satellite Sentinel-2 , même si elle n’a pas le niveau de détail des satellites très haute résolution, montre bien la complexité des infrastructures de lancements de la base de Baïkonour.
Blanche neige avant la piste noire : ne pas se faire avoir comme un bleu
La porte des étoiles ? C’est le titre d’un ouvrage de Jacques Villain, historien de la SEP (Société Européenne de Propulsion) édité par Armand Armand Colin et préfacé par Hubert Curien. Je le recommande vivement. Malgré les moustiques, les photos étonnantes et les textes donnent envie de faire un voyage à Baïkonour sur les traces de Gagarine et de ses successeurs.
Installations techniques, bâtiments d’intégration, routes et voies ferrés : sur l’image Sentinel-2, la neige met évidence les installations de lancement, civiles ou militaires.
Pour Oneweb, ce n’est que le début du parcours du combattant… Après le lancement des 34 satellites, la descente de la piste noire commence vraiment. La concurrence est rude : SpaceX a déjà lancé 240 Starlink en moins d’un an, 120 en moins d’un mois depuis le début de l’année 2020.
Il y a quelques semaines, plusieurs articles annonçaient que les jeux étaient faits : Selon le critère du premier sur le marché (winner takes all), l’avance prise par Starlink semblait déterminante. Pour ceux qui regardent de près les choix d’architectures, très différents entre Starlink et Oneweb, le lancement des 34 nouveaux satellites Oneweb rebat les cartes… Du côté des opérateurs de lancements, une exceptionnelle en perspective pour SpaceX et Arianespace avec des cadences de lancements et des clients inhabituels !
La concurrence dans les méga-constellations va être sévère...
La chronologie de lancement de la mission Soyouz ST27 qui a mis en orbite
les 34 satellites Oneweb. Les deux premiers ont été injectés à T0+1h12m.
Vous savez les identifier sous la coiffe ? Crédit image : Arianespace
La fusée qui a mis en orbite 34 satellites Oneweb était le 50ème lanceur Soyouz mis en oeuvre par Arianespace et Starsem. 19 autres lacements sont prévus pour déployer la constellation Oneweb.
Après cette 316ème mission et 34 nouveaux satellites en orbite, Arianespace a lancé à ce jour un total de 652 satellites. Un peu plus de 2 par lancement en moyenne. 24 pour l'ensemble de l'année 2019. 34 satellites sous la coiffe est donc assez nouveau pour Arianespace, un peu moins par le lanceur Soyouz.
L'année 2020, si elle se poursuit selon le programme prévu, va pas mal bouleverser les statistiques concernant les lancements et les satellites.
En savoir plus :
- D’autres articles du blog Un autre regard sur la Terre sur le site lancement de Baïkonour.
- Les articles du blog dans la catégorie Images d’actualité / images de la semaine.
- Les articles du blog dans la catégorie Satellites et lancements.
- Le kit d'information presse de la mission Soyouz ST27 Oneweb.