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Voici une série d’images du satellite japonais Himawari-8 montrant la dernière du volcan Taal aux Philippines. Elles ont été acquises le dimanche 12 janvier entre 6h00 UTC et 9h50 UTC. En tenant compte du décalage horaire (UTC + 8), c’est la fin de journée à Manille, ce qui explique l’assombrissement des images en fin de séquence.
On voit quand même très nettement la propagation du nuage causé par l’éruption brutale sous forme de cercles concentriques centrés sur le sommet du volcan. Un peu comme quand on lance un caillou dans l'eau. L'ombre portée sur la droite du nuage donne un idée de l'extension en altitude.
Le 12 janvier 2020, éruption du volcan Taal entre 6h00 UTC et 9h50 UTC. Séquence d’images
acquises par le satellite géostationnaire Himawari-8.
Crédit image : Japan Meteorological Agency (JMA). Traitement Gédéon
Le 12 janvier 2020, 43 ans après sa précédente éruption en 1977, le volcan Taal est entré à nouveau en éruption : des gaz et des cendres ont été projetés jusqu'à une altitude de quinze kilomètres, avec un gigantesque nuage de fumée zébrée d’éclairs. Très impressionnant… Des fontaines de lave sont apparues le 13 au matin. Des secousses sismiques ont été ressenties à proximité du volcan.
Le risque d'une éruption explosive
Craignant une éruption explosive plus importante, les autorités des Philippines ont évacué plusieurs milliers de personnes et le trafic aérien de l'aéroport de Manille a été partiellement interrompu, avec des centaines de vols annulés.
Le Taal est un volcan des Philippines situé dans le sud de l'île de Luçon, à une soixantaine de kilomètres au sud de Manille, et culminant à 400 mètres d’altitude.
Le Taal est une sorte de poupée russe : une grande caldeira partiellement occupée par le lac Taal, entourant l’île Volcano Island, contenant elle-même un autre lac…
A proximité de Manille et de Quezon City ? Inutile de dire que la région est très peuplée... Les illustrations suivantes extraites d'une image acquise par le satellite Sentinel-2 le 24 décembre 2019 montrent le configuration de Volcano Island et le tissu urbain.
Le volcan Taal aux Philippines, à proximité de Manille et Quezon Cité. Deux extraits d'une image acquise
par le satellite Sentinel-2 le 24 décembre 2019. Crédit image : Copernicus / ESA / Commission européenne
Ses précédentes éruptions explosives, ayant entraîné des nuées ardentes et des tsunamis, en font le volcan le plus meurtrier des Philippines : depuis sa première éruption en 1572, le Taal est entré 33 fois en éruption. L'éruption la plus meurtrière fit plus de 1300 victimes en 1911. La dernière éruption meurtrière a eu lieu en 1965, causant le décès de 200 personnes.
Il y a du gaz dans l'eau
L'illustration précédente combine des images acquises à 10 minutes d'intervalle.
A plus grande échelle, avec une autre combinaisons de bandes spectrales, le satellite Himawari-8 montre la propagation du nuage de gaz puis sa dilution progressive dans l'atmosphère. La séquence suivante montre des images acquises approximativement toutes les heures du 12 janvier à 6h30 UTC au 13 janvier à 6h50 UTC.
Eruption du volcan Taal au sud de Manille (Philippines) : une autre séquences d'images du satellite
Himawari-8 acquises entre le 12 janvier 2020 (6h30 UTC) et le 13 janvier 2020 (6h50 UTC).
Crédit image : Japan Meteorological Agency (JMA). Traitement Gédéon
Il s'agit bien du même satellite Himawari-8. En orbite géostationnaire, à 35800 km à la verticale de la Terre, il tourne à la même vitesse relative que notre planète, comme si il était immobile. Il peut ainsi être témoin de l'évolution des phénomènes météorologiques (nuages, cyclones, etc.) à l'échelle de tout un hémisphère.
La première image de cet article est un tout petit extrait de l'image complète centré sur les philippine. La deuxième séquence couvre environ 20% d'un hémisphère.
Les couleurs vous paraissent bizarres ? C’est normal. Il s’agit ici d’une combinaison de bandes spectrales très particulière mettant en évidence la concentration de dioxyde de soufre (SO2). Sur votre écran, les couleurs représentent :
- En rouge, la différence entre les canaux 9 (centré sur 6,95 µm) et 10 (centré sur 7,34 µm) d’Himawari-8, marqueur de la présence de SO2 aux altitudes moyennes et élevées de l’atmosphère.
- En vert, la différence entre les canaux 13 (10,35 µm) et 11 (8,50 µm), indicateur de la présence de SO2 et des cendres aux altitudes basses et moyennes.
- En bleu, le canal 13 (centré sur 10,35 µm), représentatif de la température du sommet des nuages.
Il s’agit d’un indicateur : il peut être difficile de distinguer le dioxyde de soufre de la vapeur d’eau et des cendres. Le SO2 peut également être masqué par les nuages opaques à haute altitude. Ici, on voit quand même qu’il se passe quelque chose de grande ampleur.
Prendre de l'altitude pour voir monter des cendres
A 9h30 UTC, juste avant le coucher de soleil à Manille, le satellite Himawari-8 montre une ombre portée très importante qui donne une idée de l'extension en altitude du nuage de fumée et de cendres. La pression mentionne 16 km. Quelqu'un a envie de vérifier cette estimation ? A vos éphémérides...
Le nuage de fumées et de cendres du volcan Taal vu le 12 janvier à 9h30 UTC par le satellite Himawari-8.
Crédit image : Japan Meteorological Agency (JMA). Traitement Gédéon : rehaussement de contraste et de
luminosité pour mettre en évidence l'ombre portée.
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