L’année spatiale 2016 en quelques chiffres : fusées lancées, satellites mis en orbite
et masse satellisée, puissances spatiales, principales applications.
Infographie : Gédéon. Crédit image de fond : ULA
Voici mon bilan des lancements pour l’année 2016…
L'année spatiale 2016 en résumé...
Il y a eu 82 lancements réussis et 3 échecs ou échecs partiels en 2016. La dernière explosion de la fusée Falcon 9 et la destruction du satellite AMOS-6, qui a eu lieu formellement pendant un essai précédent la phase de lancement, n’est pas inclus dans ce décompte (le retour en vol de Falcon 9 est désormais programmé le 14 janvier).
C’est un peu moins qu’en 2015 (83 lancements réussis), mais avec également moins d’échecs (3 au lieu de 5).
8 pays ou groupes de pays ont effectué des lancements et mis en orbite des satellites en 2016.
Au total, 164 satellites ont été lancés avec succès, pour une masse totale satellisée proche de 345 tonnes. L’observation de la Terre à partir de l’orbite basse arrive en tête des applications (44 satellites), suivie par les télécommunications (29 satellites) et la navigation (24 satellites).
Les puissances spatiales en 2016
Malgré la suspension des lancements de Space X à partir de septembre, les Etats-Unis occupent la première place du podium avec 22 lancements, tous réussis.
La chine a également réalisé 22 lancements mais a connu deux échecs. La Russie occupe la troisième place du podium avec 17 lancements dont un échec.
L’Europe a effectué 11 lancements, tous réussis. Sept fusées Ariane, deux Vega et deux fusées Soyouz ont été utilisées pour ces onze lancements. Notez que certains sites qui établissent leurs statistiques avec le critère de « nationalité » du lanceur comptabilisent ces deux Soyouz comme des lancements russes.
Suivent l’Inde (7 lancements tous réussis) et le Japon (4 lancements). Israël et la Corée du Nord ont également réalisé chacun un lancement avec mise en orbite d’un satellite.
Les huit puissances spatiales en 2016 : Etats-Unis, Chine, Russie, Europe, Inde, Japon, Israël et Corée du Nord. infographie : Gédéon
Les fusées : ça fuse…
Sauf erreur, j’ai identifié 45 types de lanceurs différents utilisés en 2016, qui se répartissent en 18 « familles ».
Ce classement en famille est à prendre avec précaution : autant les 5 variantes de fusées Atlas V (8 lancements en 2016) sont des déclinaisons d’un même lanceur, autant les 13 modèles de lanceurs Chang Zheng - Longue marche (22 lancements en 2016) correspondent à des produits très différents.
Les types de fusées lancées en 2016. Infographie : Gédéon. Crédit image de fond : ULA
La fusée la plus utilisée est la Falcon 9 v1.2 (7 lancements entre janvier et septembre 2016), suivie du lanceur lourd européen Ariane 5 dans sa version ECA (6 lancements). La fusée Chang Zheng 2D a été lancée 6 fois et a connu un échec. Il y a également eu 5 fusées PSLV dans la version XL (et un autre PSLV) avec un taux de succès de 100%.
Quinze sites de lancements différents ont été utilisés dont quatre en Chine, trois aux Etats-Unis et trois en Russie. Le site le plus utilisé est Cape Canaveral (18 lancements en 2016), suivis par le Centre Spatial Guyanais et Baikonour (11 lancements chacun).
On peut également noter les vols inauguraux dans les centres de Vostochny (Russie) et de Wenchang (Chine).
Longue marche ? Parfois ça ne marche pas tout court...
Les trois échecs de lancements, un russe et deux chinois, sont :
- 31/08/16 : échec de la mise en orbite du satellite d’observation de la Terre Gaofen 10 par une fusée Chang Zheng 4C. Aucune communication n’a été faite par les autorités chinoises.
- 1/12/2016 : échec de la mise en orbite du vaisseau cargo Progress MS-04 par une fusée Soyouz-U. La télémesure a été perdue pendant la phase propulsée du troisième étage à 180 km d’altitude et la charge utile s’est détruite dans l’atmosphère avec des débris au sol. L’équipage de l’ISS a dû attendre le lancement du cargo japonais HTV-6 pour connaître précisément le menu du réveillon de noël …
- 28/12/2016 : échec de la mise en orbite de deux satellites d’observation à très haute résolution (50 cm) Gaojin 1 et Gaojin 2 par une fusée Chang Zheng 2D. Etait également à bord le nanosatellite radioamateur BY70-1. La vitesse d’injection était trop basse et les satellites ont été placés sur une orbite elliptique avec un périgée très bas (212 x 520 km) au lieu d’une orbite circulaire. Il semble que les orbites aient pu être circularisées avec le système de propulsion au prix d’une consommation importante d’ergols qui va réduire significativement la durée de vie des satellites. Dommage, c’était le dernier lancement de l’année : le champagne servira en 2017…
Et, le 1er septembre, l’explosion de la fusée Falcon 9 avec son satellite AMOS-6 pendant un essai avant le lancement proprement dit.
J’ai publié plusieurs articles avec des bilans intermédiaires à l’occasion de chaque nouvelle page du calendrier, le dernier avec le bilan du mois de novembre.
Finalement, c’est décembre qui est le mois record avec 12 tentatives de lancement mais seulement dix succès, à égalité avec les mois de mars et juin. Novembre arrive juste derrière avec 9 lancements, tous réussis.
La masse totale satellite atteint 342,5 tonnes. Le mois record est le mois de mars, avec 51,7 tonnes satellisées avec succès, suivi par décembre avec 47,2 tonnes et juin avec 44,5 tonnes. La masse moyenne d’un satellite lancé avec succès est de 2088 kg. Le record de masse est de 15 tonnes : c’est la masse du cargo japonais HTV6 (alias Kounotori" or "White Stork ») lancé par une fusée H-IIB le 9 décembre 2016. Suivent la mission Dragon CRS-8 avec 10400 kg en avril 2016 et la mission Dragon CRS-9 avec 9500 kg en juillet 2016. Ces trois charges utiles ravitaillaient la Station Spatiale Internationale. Si on s’intéresse à l’orbite géostationnaire, le record 2016 revient à Ariane 5 avec deux satellites pour une masse totale de 9853 kg en août 2016.
Sauf erreur (la masse exacte est à confirmer), le satellite géostationnaire le plus gros est américain avec une masse d’environ 6800 kg. Il s’agit d’un satellite de télécommunication militaire « data relay » (NROL 61). IL a été mis en orbite en juillet 2016 par une fusée Atlas V 541. Arrivent juste derrière un autre satellite américain pour les télécommunications militaires (MUOS 5 avec 6740 kg) et le satellite commercial Echostar 19 (6637 kg).
Le bilan des lancements mois par mois : fusées lancées, satellites mis en orbite et masse satellisée. Infographie : Gédéon
L’illustration suivante donne le détail pour le mois de décembre 2016 ainsi que la répartition des missions et des orbites au fil de l’année. Hors lancements vers l’ISS (11 missions), les lancements vers l’orbite LEO et GEO/GTO sont à égalité (33 lancements). Il y a eu également 6 lancements vers l’orbite MEO pour des missions de navigations et deux lancements vers des orbites « extra-terrestres » pour des missions scientifiques : Exomars TGO (en mars 2016 comme son nom l’indique) et OSIRIS-Rex (en septembre 2016).
Le bilan des lancements orbitaux en décembre 2016 : fusées lancées, satellites mis en orbite et masse satellisée. Infographie : Gédéon
Satellites : ça décoiffe !
Au total, cela correspond à 164 satellites lancés avec succès par une fusée. Je ne comptabilise pas ici les satellites « lâchés » depuis l’ISS. Le mois record est juin avec 36 satellites. 20 satellites, dont un nombre important de nanosats ont été mis en orbite le 22 juin par une seule fusée PSLV-XL. Une autre fusée PSLV a mis en orbite 8 satellites le 26 septembre. L’Inde vise un nouveau record en 2017 avec 100 satellites mis en orbite par un seul lanceur. Suit une fusée Atlas avec également 8 satellites à l’occasion du lancement de WorldView-4 le 11 novembre 2016. A égalité, le lanceur aéroporté Pegasus XL a également mis en orbite les 8 satellites identiques CYGNSS le 15 décembre 2016.
Pour être complet, si j’ai bien compté, il y a eu également 57 nano-satellites « lâchés » depuis l’ISS ou un des cargos ravitailleurs qui les y a amenés. Entre autres, 32 Flock-2e de Planet (Observation de la Terre) et 8 Lemur-2 de la société Spire (météorologie et AIS).
Je ne compte pas les satellites qui ont été montés à bord des différents cargos (au total 48 en 2016 dont 20 Flock-2e et 8 Lemur-2) mais pas encore « lâchés ». D’autres statistiques utilisent des règles un peu différentes. La comptabilité des nano-satellites en orbite est un peu compliquée…
Au total, je compte donc au total 221 satellites mis en orbite autonome au cours de l’année 2016.
Du côté des principaux opérateurs…
Trois opérateurs commerciaux se partagent près de la moitié de la masse satellisée (47%) avec plus d’un tiers des vols (30 lancements) et des satellites mis en orbite avec succès (55 satellites).
Le bilan des lancements en 2016 pour les trois principaux opérateurs : Arianespace,
United Launch Alliance (ULA) et SpaceX. Infographie : Gédéon
C’est Arianespace qui occupe la première place du podium avec 61,2 tonnes mises en orbite, suivi de près par ULA (59,5 tonnes en orbite). Space X qui a connu une année raccourcie (pas de vols depuis l’accident du mois de septembre) a mis quand même près de 39 tonnes en orbite.
Les profils des missions lancées par chacun des trois opérateurs sont très différents.
On peut également mentionner le vol inaugural réussi du nouveau lanceur lourd chinois (Chang Zheng 5 / YZ2). Jetez un œil sur les photographies qui ont été publiées : c’est assez impressionnant. Un concurrent sérieux en perspective…
Vols habités : 5 sur 5
Il y a eu 5 vols habités (lancements avec un équipage) en 2016, tous réussis (heureusement). Quatre, réalisés par des fusées Soyouz étaient à destination de l’ISS. Le cinquième, le vaisseau Shenzhou 11, lancé le 16 octobre, était une mission chinoise à destination de la nouvelle station orbitale Tiangong-2. Les deux membres d’équipage, Jing Haipeng et Chen Dong, ont réalisé la plus longue des six missions habitées chinois, avec 32 jours en orbite.
A bord de l’ISS, on peut saluer notre européen national, Thomas Pesquet, qui participe actuellement à la mission Proxima, envoie régulièrement de superbes photos de la Terre et consacre un partie de son temps à donner envie aux jeunes de s’intéresser aux sciences et techniques.
Le nombre de vols habités par année depuis le vol historique de Youri Gagarine en 1961.
Infographie : Gédéon
Sur l’ensemble de la période, l’édition 2016 est une année moyenne, loin des 11 vols habités réalisés en 1985. L’illustration permet de voir qu’on est assez loin de l’âge d’or des années 90.
A côté des cinq vols habités, 6 lancements ont emporté du ravitaillement à l’ISS.
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