Le calendrier spatial de mars 2016. En fond, extrait d’une image prise par le satellite
Sentinel-2A le 4 mars 2016 à 18h13 UTC : le Colorado, le barrage de Glen Canyon et le lac Powell.
Crédit image : ESA / Commission européenne / Copernicus
Colorado dans l’Utah
Voici le nouveau calendrier spatial du mois. J’ai choisi pour l’illustrer une image acquise début mars par le européen Sentinel-2A au moment où il survolait les Etats-Unis, pratiquement au-dessus de la frontière entre l’Utah, le Nevada et l’Arizona.
Centrée approximativement sur 37°N et 111,5°W, l’image du satellite Sentinel-2 qui sert de fond au calendrier de mars 2016 montre le lac Powell et les méandres du fleuve Colorado au niveau du barrage de Glen Canyon.
C’est la construction du barrage, amorcée en 1957 et achevée en 1963, qui a donné naissance au lac artificiel. Situé à cheval sur l’Arizona et l’Utah, le lac s’étend sur près de 300 km de longueur. Ses eaux limpides atteignent 170 mètres de profondeur. En capacité, c’est le deuxième lac artificiel des Etats-Unis, derrière le lac Meade (barrage Hoover) près de Las Vegas. Sa capacité est d'environ 35700 km3.
Ses rivages sont très découpés, avec près de 100 canyons.
Le lac Powell photographié en août 2011 depuis le barrage de Glen Canyon.
La « marque de la baignoire » correspondant au niveau maximum du lac en 1983 et 1984
est bien visible. Crédit image : Gédéon.
Prendre son pied sans perdre la main
La ville la plus proche du barrage est Page. Le célèbre Antelope Canyon n’est pas très loin : on reconnaît sa cicatrice ocre-orange dans la partie inférieure de l’image, entre Page et la centrale thermique de Navajo (2250 MW) et il est bien visible sur l’extrait en pleine résolution. La cicatrice d’Aron Ralston, joué par James Franco dans le film « 127 hours » réalisé par Danny Boyle, est certainement encore plus visible…
Page et le barrage de Glen Canyon sont situés dans l’Arizona mais la plus grande partie du lac Powell est dans l’Utah.
Pour fixer les idées, l’image du calendrier correspond approximativement à un rectangle de 120 km sur 60 km. Le barrage mesure 475 mètres de longueur. Le toit de la centrale électrique est végétalisé pour diminuer la température à l’intérieur du bâtiment.
L'image qui sert e fond au calendrier de mars 2016, prise par le satellite Sentinel-2A
le 4 mars 2016 à 18h13 UTC et un extrait en pleine résolution centré sur le barrage de Glen Canyon
et la ville de Page. Crédit image : ESA / Commission européenne / Copernicus
L’image permet de voir également la Navajo Mountain, culminant à 3150 mètres d’altitude, une des quatre montagnes sacrées de la culture Navajo.
L’image Sentinel-2 complète dont j’ai extrait cette illustration couvre une zone plus large : la fauchée de l’instrument MSI (Multi Spectral Imager) du satellite Sentinel-2 est de 290 km. On peut donc y voir d’autres sites emblématiques de l’ouest des Etas-Unis comme Bryce Canyon or le Grand Canyon.
Le Parc National de Bryce Canyon vu par le Satellite Sentinel-2. Un autre extrait de l’image
acquise le 4 mars 2016. Il reste un peu de neige mais on repère également les couleurs caractéristiques
de Bryce Canyon. Crédit image : ESA / Commission Européenne / Copernicus
Bryce, very nice… Hoodoos you do?
A 350 km au nord-est de Las Vegas et 400 km au sud de Salt Lake City, le parc national de Bryce canyon est situé dans le sud de l’Utah, sur le plateau du Colorado. Il est connu par ses formations géologiques coniques colorées étonnantes. Le point culminant est à 2778 mètres d’altitude.
Bryce Canyon photographié sur place depuis Bristlecone Point.
Evidemment, ll y a un moins de neige au mois d’août.
Crédit image : Bryce Denis (alias Gédéon)
Grand Canyon : le Colorado en Arizona.
Inscrit au patrimoine mondial de l’Humanité en 1979, le Grand Canyon est situé en Arizona. Les gorges spectaculaires ont été creusées par le fleuve Colorado. Une centaines de rapides occupent le fond du canyon.
Voici un extrait de l’image Sentinel-2A en résolution réduite et un autre en pleine résolution. Sur place, le panorama est vraiment saisissant.
Le Grand Canyon. Deux extraits de l’image prise par le satellite Sentinel-2A le 4 mars 2016.
Crédit image : ESA / Commission Européenne / Copernicus
Les lancements de février 2016 : ça navigue…
J’ai essayé de créer un nouveau tableau de bord pour suivre les lancements au fil de l’année et faciliter la consolidation des résultats en fin d’année. Voici mon prototype, déjà testé pour les lancements de janvier 2016. Il ne recense que les lancements orbitaux effectués depuis le sol : j’exclue les vols suborbitaux et les « lâchers » de satellites depuis la Station Spatiale Internationale.
Le tableau de bord des lancements orbitaux pour le mois de février 2016 :
nombre de lancements, pays de lancement et type de fusée, nombre de satellites,
types d’orbites et principales missions. Crédit image : Gédéon
La partie supérieure du tableau de bord porte sur les lancements. Elle donne les principaux chiffres (nombre de lancements et nombre de satellites mis en orbite, masse totale et masse moyenne satellisée, taux de succès).
Les deux graphiques à droite donnent la répartition par pays de lancement et par type de lanceur, pour le mois écoulé et pour l’ensemble de l’année 2016 (cumul).
La partie inférieure est consacrée aux missions spatiales et aux satellites mis en orbite à l’occasion de ces lancements. Les trois « camemberts de l’espace » donnent ici des informations cumulées sur l’ensemble des missions de l’année, en l’occurrence les mois de janvier et février.
Le mois de février 2016 a été un bon cru avec 7 lancements orbitaux, tous réussis, avec 7 types de fusées et 10 satellites mis en orbite.
Même si le plus gros satellite (environ 8 tonnes pour le satellite espion TOPAZ-4 alias NROL-45) a été lancé en février, la masse moyenne par satellite est divisée par plus de 2 : 1611 kg au lieu de 3786 kg en janvier. Aucun satellite à destination de l’orbite géostationnaire ce mois-ci : 7 ont rejoint l’orbite basse et 3 satellites de navigation ont été mise en orbite MEO (entre 19000 et 22000 km d’altitude).
5 pays ont effectué des lancements, dont la Corée du Nord :
- 1er février 2016, 7:29 UTC, Xichang (XSLC) : une fusée chinoise Chang Zheng 3C/YZ-1 met en orbite le satellite de navigation Beidou 21 (Beidou M3-S). L’altitude moyenne de l’orbite inclinée à 55°est de 21750 km. La masse du satellite fabriqué par le CAS est de 1014 kg au décollage.
- 5 février 2016, 13:38 UTC, Cap Canaveral (SLC 41) : une fusée Atlas 5-401 met en orbite le satellite de navigation GPS 2F-12, le dernier exemplaire de la série 2F. L’altitude de l’orbite circulaire inclinée à 55° est de 20459 km.
- 7 février 2016, 0:21 UTC, Plesetsk (Zone 43 Pas de tir 4) : Une fusée Soyouz 2-1b / Fregat met en orbite le satellite de navigation Glonass-M (Uragan-M). L’altitude moyenne est de 19140 km et l’orbite est inclinée à 64,8°.
- 7 février 2016, 00:30 UTC, Sohae (Corée du Nord) : une fusée Unha 3 met en orbite le satellite Kwangmyongsong. L’orbite est pratiquement héliosynchrone, inclinée à 97,06° à une altitude moyenne de 482 km. C’est le deuxième succès, en cinq lancements de la fusée Unha. Aucun signal en provenance du satellite n’a été détecté.
- 10 février 2016, 11 :40 UTC, Vandenberg AFB (SLC 6) : une fusée Delta 4M met en orbite NROL-45, un satellite militaire de reconnaissance du NRO (National Reconnaissance Office), apparemment de la série de satellites radar Topaz. L’orbite serait inclinée à 123° à une altitude moyenne de 1100 km. La masse serait proche de 8 tonnes (capacité du lanceur : 7,85 tonnes).
Lancement du satellite radar Topaz (NROL-45) du National Reconnaissance Office
par une fusée Delta 4M. Crédit image : United Launch Alliance (ULA)
16 février 2016, 17:57 UTC, Plesetsk (LC 133) : une fusée Rokot met en orbite le satellite européen Sentinel-3A. Avec Sentinel-1A et Sentinel-2A, Sentinel-3A fait partie du programme Copernicus. Il emporte un instrument de mesure de la couleur de l’eau ainsi qu’un altimètre. L’orbite est héliosynchrone avec un passage au nœud descendant à 10:00. L’altitude moyennne est de 804 km et l’inclinaison de 98,6°.
17 février 2016, 08:45 UTC, Tanegashima (complexe de lancement de Yoshinobu, pas de tir n°1) : une fusée H-2A met en orbite la mission d’astronomie ASTRO-H, alias Hitomi, sur une orbite à 575 km d’altitude inclinée à 31°. 3 autres petits satellites, Kinshachi-2, Kinshachi-3 et Horyu-4 font du covoiturage. C’est le 29ème lancement réussi du lanceur H2-A sur un total de 30 lacements. D’une masse de 2700 kg, ASTRO-H emporte 4 télescopes à rayons X. Le projet de la JAXA est mené en coopération avec la NASA, l’ESA et l’agence spatiale canadienne. Malheureusement, on a appris fin Mars qu’ASTRO-H ne répondait plus. Des radars au sol ont détecté des débris autour du satellite. Selon les déclarations de Takashi Kubota un responsable de la JAXA, "le logiciel de vol d'ASTRO-H a mal analysé sa propre situation et a tenté par erreur de rectifier son attitude, mais il s'est mis à tourner anormalement et a perdu des panneaux solaires et vraisemblablement d'autres morceaux". Il est donc possible qu'ASTRO-H ait subi une mésaventure similaire à celle de SPOT-3 en novembre 1996. Le budget d'Astro-H est évalué à 250 M€.
J’allais oublier : en février, j’ai été assez occupé avec les 30 ans de SPOT. SPOG... Un Satellite Pour Occuper Gédéon ? Je dépile le retard, avec par exemple le calendrier de février 2016.…
Lancement de la mission d'astronomie ASTRO-H par une fusée H-2A depuis le site de
Tanegashima le 17 février 2016. Crédit image : JAXA
L’aventure d’Hipparcos ou comment une mission spatiale frôle la catastrophe avant de devenir une réussite scientifique…
Je continue aussi la série d’articles consacrée aux pannes et accidents dans l’espace.
Après les accidents des navettes Columbia et Challenger et la panne du satellite SPOT 3, voici l’aventure d’Hipparcos.
Hipparcos est une des premières missions d’astrométrie de l’Agence Spatiale Européenne (ESA). Son joli nom est l’acronyme de HIgh Precision PARallax COllecting Satellite. Le satellite a surtout été baptisé en l’honneur de l'astronome grec Hipparque qui réalisa un des premiers catalogues d'étoiles.
Il a été lancé le 8 août 1989 et a achevé sa mission en août 1993 avec une exceptionnelle moisson de résultats scientifiques, dont les catalogues Hipparcos, Tycho et Tycho-2, améliorant la connaissance des étoiles, de leur formation et de leur évolution, de la structure des galaxies, de l'âge de l'univers, des exo-planètes, etc. Plusieurs années ont été nécessaires pour exploiter les mesures acquises par Hipparcos.
Retard à l’allumage : Hipparpas...
Seul petit détail : la mission Hipparcos a failli être un échec retentissant, dès le 8 août, le jour du lancement. La fusée Ariane 4 a parfaitement rempli sa mission mais le moteur d’apogée du satellite Hipparcos ne s’est pas allumé : au lieu d’atteindre une orbite circulaire géostationnaire, le satellite est resté sur une orbite fortement elliptique (507 km d’altitude au périgée, 35888 km à l’apogée).
Comment les objectifs scientifiques de la mission ont pu être atteints dans de telles conditions ? C’est l’histoire d’une opération de sauvetage extraordinaire : comment Hipparcos, proche de l’échec, est devenu un succès ? Vous voulez en savoir plus sur cette belle d’aventure ? Lisez cet article…
Une carte du ciel construite à partir des résultats de
la mission Hipparcos. Crédit image : ESA (Agence Spatiale Européenne)
En savoir plus :
- Sur le blog Un autre regard sur la Terre, les autres pages du calendrier spatial.
- Un article sur le sauvetage de la mission Hipparcos.
- Un article sur le successeur d’Hipparcos : la mission d’astrométrie Gaia.
- Un article sur la création de modèle numérique de terrain avec les satellites d'observation et la mesure de parralaxe en astrométrie.
- Sur le site structurae.info, une page sur le barrage de Glen Canyon.