Nombreux départs de feux au Canada, dans les provinces de l’Alberta et de la Saskatchewan.
Image prise par l’instrument MODIS du satellite Aqua le 28 juin 2015.
Crédit image : MODIS Rapid Response Imagery / Land, Atmosphere Near real-time Capability
for EOS (LANCE) / NASA – GSFC - ESDIS
Cette image et la suivante ont été prises par les instruments MODIS à bord des satellites américains Terra et Aqua. Nous sommes au Canada, au sud du Grand Lac des Esclaves, pas très loin du Lac Athabasca et de Fort McMurray, à proximité du site d’exploitation des sables bitumineux de l’Athabasca, à cheval entre les provinces de l’Alberta et de la Saskatchewan.
Extrait d’une autre image des incendies au Canada prise par le satellite Terra le 29 juin 2015.
Crédit image : MODIS Rapid Response Imagery / Land, Atmosphere Near real-time Capability
for EOS (LANCE) / NASA – GSFC - ESDIS
Vous ne vous trompez pas ! Ce sont bien des dizaines de feux que vous pouvez voir sur ces deux images, dégageant une énorme quantité de fumée. Les canaux de MODIS travaillant dans l’infrarouge thermique permettent de détecter les feux actifs, souvent repérés par de petits carrés rouges sur les images publiées par la NASA. Dans l’exemple suivant, on repère facilement (surface très claire) la zone d’exploitation des sables bitumineux d’Athabasca (Athabasca Oil Sands)
Exemple d’image publiée par la NASA avec identification des feux actifs.
Les données MODIS proviennent du satellite Aqua et ont été acquises le 28 juin 2015.
Crédit image : LANCE/EOSDIS MODIS Rapid Response Team / NASA GSFC.
Pas de fumée sans feu et… pas de feu sans fumée
En France, la canicule s’étend : le 2 juillet, la vigilance orange touchait 51 départements. Au Canada, ce sont les feux et la fumée.
Cette année, la saison des incendies de forêt a été anormalement précoce, dès le mois de mai, au Canada, dans les Territoires du nord, la Colombie Britannique, l’Alberta et la province de la Saskatchewan. Même si ces incendies ne sont pas exceptionnels, l’année 2015 sera peut-être la pire depuis cinq ans.
Températures inhabituellement chaudes, vents forts, absence de pluie, orages et éclaires : tous les ingrédients sont réunis pour que le bois très sec s’enflamme facilement et que les feux se propagent… Selon le gouvernement canadien, pour la seule journée du 29 juin, il y a eu 168 feux non contrôlés et 273 feux volontaires, contrôlés. Au moins 5000 personnes ont dû évacuer leurs maisons depuis la semaine dernière.
Fumet de fumée
La multitude de départs de feux a engendré des nuages de fumée qui ont voilé et obscurci l’atmosphère. L’importance de la fumée a entraîné des alertes santé et pollution atmosphérique : Environnement Canada a émis des avertissements de qualité de l’air dans les provinces de la Saskatchewan et du Manitoba. La Ville de Prince Albert a annulé toutes les activités extérieures, y compris les festivités organisées pour la fête du Canada.
La visibilité est réduite voire très réduite et une odeur de bois brûlé s'est largement répandue, même à des centaines de kilomètres des foyers d’incendie. Plusieurs maires commencent à critiquer la stratégie de lutte contre les feux.
Depuis le 28 juin, les conditions météorologiques ont entraîné un impressionnant nuage de fumée vers les Etats-Unis, assombrissant le ciel du Dakota du nord, du Dakota du Sud, du Minnesota et de l’Iowa.
Impressionnant nuage de fumée causé par les nombreux feux au Canada. Image réalisée
à partir de données MODIS acquises le 29 juin 2015 et couvrant le Canada et le nord des Etats-Unis.
Crédit image : MODIS Rapid Response Imagery / Land, Atmosphere Near real-time Capability
for EOS (LANCE) / NASA – GSFC – ESDIS
Sur l’image du bas, les limites des provinces canadiennes et des états américains ont été superposées à l’image pour donner des points de repère. Toujours pour donner une idée de l'ampleur de ce nuage de fumée, en bas en gauche de l'image, c'est le Grand Lac Salé, à côté de Salt Lake City.
Les images présentées ici ont une résolution moyenne, de l’ordre de 500 mètres. Elles ont l’avantage de donner une vue globale de la situation à l’échelle d’une grande région.
J’ai également trouvé quelques images du satellite Landsat 8 acquises pendant la dernière semaine de juin.
En voici deux extraits, provenant d’images acquises le 25 et le 29 juin 2015. Evidemment, la présence de fumée diffuse n’aide pas à avoir des images de bonne qualité et j’ai eu du mal à régler les couleurs et le contraste…
Il s’agit ici de combinaisons dites « Natural Colors », qui ne sont pas vraiment des couleurs naturelles. Elles combinent les bandes n°6 (1,56 à 1,66 µm), n°5 (0,845 à 0,885 µm) et n°4 (0,630 à 0,680 µm) de Landsat 8, respectivement représentées en rouge, vert et bleue. Ces fausses couleurs naturelles mettent bien en évidence les surfaces brûlées et permettent également de voir les feux actifs. Pour information, on obtient des couleurs naturelles avec les images Landsat 8 en combinant les bandes 4, 3 et 2.
Deux extraits d’images acquises par le satellite Landsat 8. Sur l’image du haut, la résolution est
réduite d’un rapport 2 environ. Sur l’image du bas, le contraste a été fortement accentué :
l'image d'origine est très voilée par la fumée. Crédit image USGS.
Cela donne également une idée de ce que va pouvoir fournir le tout nouveau satellite Sentinel-2 du programme européen Copernicus, lancé le juin et qui vient de nous livrer ses premières images.
En savoir plus :
- Les autres articles du blog Un autre regard sur la Terre dans la catégorie « satellites et gestion de crise ».
- Un article sur les sables bitumineux d’Athabasca et l'évolution su site d'exploitation.
- D'autres articles sur les incendies vus par satellites :
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Sur le site de la NASA, les pages EOSDIS Worldview, où on peut consulter chaque jour les mosaïques de données MODIS provenant des satellites Aqua et Terra.
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Le site Earth Explorer de l’USGS pour accéder à l’archive récente des images Landsat 8.