L’ouragan qui valait 30 milliards
Il faudra du temps pour effacer les traces du passage de l’ouragan Sandy à New York : Andrew Cuomo, le gouverneur de l'Etat, a annoncé mardi 12 novembre que le passage du cyclone fin octobre avait causé une perte économique estimée 30 milliards de dollars. Jeudi 15, le président Barack Obama se rend à New York pour une visite consacrée aux conséquences de la tempête.
Sans attendre la decision concernant une aide fédérale, le maire de New York, Michael Bloomberg a annoncé un plan d’urgence de 500 millions de dollars : "Nous n'avons jamais affronté de tempête aussi destructrice que Sandy".
Deux semaines après le passage de Sandy, même si on note un retour progressif à la normale, l’électricité n’est pas encore totalement rétablie.
Début novembre, le passage de l’ouragan Sandy a été suivi par une seconde tempête, qui a déclenché les premières chutes de neige du New Jersey au Massachusetts.
Les météorologues américains connaissent bien ce phénomène appelé tempête du Cap Hatteras (nor'easter ou northeaster en anglais). Le nom francophone vient de l’endroit où ces tempêtes se forment ou se renforcent, à la pointe de la Caroline du Nord, au Cap Hatteras : l'air froid hivernal venant du continent rencontre l'air doux au-dessus du Gulf Stream qui passe à proximité.
L’image suivante a été acquise dans la journée du 9 novembre. Le ciel dégagé permet de voir la couverture neigeuse.
Image en couleurs naturelles de la côte est des Etats-Unis le 9 novembre 2012. Image acquise par
le capteur MODIS du satellite Aqua. Crédit image : NASA/GSFC, Rapid Response.
Au nord, on reconnaît la forme caractéristique de la presqu’île de Cape Code. Un peu au sud de la baie du Delaware, Cap Hatterras n’est pas visible sur l’image présentée au début de cet article, comme l’extrémité de Chesepeake Bay, le plus grand estuaire des Etats-Unis, avec un ouvrage d’art étonnant, le célèbre pont-tunnel ouvert à la circulation en 1964.
Après le black-out, la neige blanche qui en fait voir de toutes les couleurs.
Cette image est l’occasion de revenir sur les représentations en couleurs naturelles et en fausses couleurs déjà abordées sur le blog Un autre regard sur la Terre.
Le satellite Terra, le jumeau d’Aqua, a également acquise le même jour une image de la même zone. Cette image a été publiée par la NASA avec plusieurs représentations différentes, correspondant à la manière de présenter les multiples bandes spectrales du capteur MODIS.
Trois représentations différentes de l’image de la côte est des Etats-Unis acquise le 9 novembre 2012
par le capteur MODIS du satellite Terra. De gauche à droite, représentation en couleurs naturelles, combinaison 721 et combinaison 367. Crédit image : NASA/GSFC, Rapid Response.
Aqua ça sert ?
La combinaison en « couleurs naturelles » ou « couleurs vraies » produit une représentation des images similaire à ce que verrait un œil humain. Dans le cas du capteur MODIS, les bandes spectrales 1, 4 et 3, correspondant respectivement à des longueurs d’onde de lumière rouge (0,670 µm) verte (0,565 µm) et bleue (0,479 µm), sont associées aux canaux rouge, vert et bleu de l’écran de visualisation.
La combinaison « 721 », comme son nom l’indique (à condition de bien connaître MODIS) utilise les bandes spectrales 7 (infrarouge thermique, centrée sur la longueur d’onde 2,155 µm), 2 (proche infrarouge à 0,876 µm), et 1 (rouge, centrée sur la longueur d’onde 0,670µm). Ces trois bandes sont respectivement associées aux canaux rouge, vert et bleu de l’écran de visualisation.
Dans la représentation 721, la végétation active, en raison de la synthèse chlorophyllienne, apparaît en vert intense. L’eau apparaît en noir et en bleu foncé s’il y a des sédiments en suspension. La neige et les nuages de glace en altitude, plus froids et rayonnant moins dans l’infrarouge thermique, absorbent également le proche infrarouge : ils apparaissent bleutés. Les autres nuages sont blancs, les petites gouttes d’eau diffusant de manière équivalente les bandes visibles et proche infrarouge. Cette combinaison est également utilisée pour mettre en évidence les zones brûlées après un incendie (plus d’activité chlorophyllienne de la végétation brûlée). Vous noterez que sur notre image, les nuages au nord ont de belles nuances bleues… C’est froid !
De même pour la représentation « 367 » qui utilisent une bande visible (couleur bleue, centrée sur 0,479 µm), pour laquelle la neige et la glace ont une très forte réflectance, représentée en rouge sur l’écran. Pour les deux autres bandes dans l’infra-rouge moyen représentée en vert et bleue, la neige et la glace sont au contraire très absorbantes : seule la bande 3 est fortement réfléchie et la neige blanche apparaît donc en rouge vif sur votre écran.
La végétation, absorbante dans les bandes 3 et 7 et réfléchissante dans la bande 6 apparaît en vert. Les sols nus sont cyan car leur réflectance est plus élevée dans les bandes 6 et 7 que dans la bande 3. Les surfaces d’eau au sol sont très sombres car l’eau absorbe à la fois le visible et l’infra-rouge moyen. Au contraire, dans les nuages, les gouttelettes d’eau en suspension diffusent les trois bandes spectrales de manière équivalente et les nuages d’eau liquide apparaissent donc en blanc.
En savoir plus :
- Un autre article sur l’ouragan Sandy :
- Les représentations en fausses couleurs avec d’autres articles sur la neige et les zones brûlées vues par satellite :
- Sur le site EOSDIS (Earth Observing System Data and Information Sytem) de la NASA, les images du capteur MODIS des satellites Terra et Aqua, par région géographique.
- Sur le site GSFC (Goddard Space Flight Center) de la NASA une page sur le capteur MODIS.