Le satellite allemand TanDEM-X a acquis ses premières images jeudi 24 juin 2010, soit un temps record de 3 jours après le lancement. Publiées sur le site de l’agence spatiale allemande (DLR), ces premières images ont fait l’objet d’un article sur ce blog.
Une des premières images TanDEM-X du nord-ouest de la ville de Moscou avec en particulier l’aéroport international Moscou-Cheremetievo avec ses deux terminaux et les pistes et les bassins de Pirogovskoie et d’Ouchinskoie sont visibles au nord de la ville (Crédit image : DLR)
Voir à travers les nuages avec les satellites radar :
Ces images sont intéressantes en tant que telles pour illustrer les caractéristiques d’une image SAR (Synthetic Aperture Radar, Radar à synthèse d’ouverture). Par contre, seules, elles ne permettent pas vraiment de démontrer un des principaux atouts de l’observation radar : la possibilité de voir à travers les nuages.
Une des images couvre le nord-ouest de la ville de Moscou. Par curiosité, j’ai cherché à savoir si des images optiques avaient été acquises le même jour. C’est le cas avec le radiomètre MERIS du satellite ENVISAT de l’Agence Spatiale Européenne (ESA) : une scène a été acquise le 24 juin à 8h05 UTC.
Il faut un peu d’entraînement pour passer d’une image à l’autre et les comparer. L’extrait de la carte Google maps ci-dessous aide à se repérer sur les images qui ont des niveaux de détails très différents (250 mètres pour MERIS, de 1 mètre à 16 mètres pour TanDEM-X). Les cours d’eau visibles sur l’image MERIS sont des bons points de repère. Le cadre dessiné sur l’image MERIS délimite approximativement la zone de l’image TanDEM-X.
Carte Google maps de Moscou (utiliser les cours d'eau pour se repérer sur l'image)
La couverture nuageuse de l’image MERIS illustre parfaitement l’intérêt de l’image radar. Dans certaines régions du monde où la couverture nuageuse est importante, les satellites radar sont des instruments indispensables quand il faut acquérir des images à une date précise, comme par exemple en cas de catastrophe naturelle. L’idéal est de pouvoir bénéficier de la complémentarité entre des images optiques et des images radar. Ce n’est pas toujours possible pour des raisons techniques ou économiques (achat des images).
Si on oublie cette possibilité unique (la vision tout temps) des satellites radar, comparer imagerie optique et imagerie radar revient à comparer télévision en couleurs et en noir et blanc. Le signal radar offre bien d'autres possibilités, même si l'interprétation visuelle des images est moins directe qu'avec celles fournies par les satellites optiques, dont le fonctionnement est plus proche de celui de l'oeil humain. Des traitements particuliers permettent d'extraire les informations signal radar (par exemple : interférométrie pour les déplacements de terrain).
Extrait d’une scène MERIS acquise le 24 juin 2010 par le satellite ENVISAT et provenant
du site MIRAVI (Crédit image : Agence Spatiale Européenne – ESA)
En savoir plus :
- Les premières images du satellite allemand Tandem-X sur le site du DLR.
- Deux autres articles sur ce blog : le lancement de TanDEM-X et les premières images acquises.
- Une introduction (en anglais) à l’interprétation des images SAR sur le site du CRISP (Centre for Remote Imaging, Sensing and Processing à Singapour).
- EOEDU : des ressources pédagogiques pour tous () sur le site BELSPO de la politique scientifique fédérale de Belgique ()avec, en particulier, une introduction à la télédétection.
- Un tutoriel en français très complet sur la télédétection radar sur le site Ressources Naturelles Canada.
- La galerie d'images de TerraSAR-X et et TanDEM-X sur le site d'Infoterra GmbH.
Suggestions d’utilisation pédagogique en classe :
- Travail sur les différentes sources d’images, leurs caractéristiques et leurs apports : rechercher sur les sites fournissant des images en ligne ou sur les galeries d’images des principaux fournisseurs d’images des images sur une même zone. Comparer les caractéristiques et les dates ou périodes d’acquisition. Note : les sites de grands évènements très médiatisés (catastrophes naturelles, grandes villes, sites d’évènements sportifs) sont souvent bien couverts. Voir par exemple la série d'articles sur ce blog sur les stades du mondial 2010.
- Exercices de mise à jour de cartes et de détection de changement ou d’évolution urbaine. Un exemple sur ce blog avec l'évolution de la ville de Shanghai vue par les satellites Spot.