Une grande partie de la France a vécu un 14 juillet très agité du point de vue de la météo : une ligne orageuse a survolé l’hexagone à partir de l’ouest et frappé le centre du pays et l’Ile-de-France à la mi-journée, avant de se décaler vers l’est en fin de journée. Comme le prévoyait le bulletin d’alerte de Météo France, les orages ont causé des précipitations brèves mais intenses donnant localement de forts cumuls de pluie, de violentes rafales de vent, de la grêle et de nombreux éclairs. Cette vague orageuse est plus importante que celle survenue deux jours plus tôt.
La cause de ce phénomène : une dépression centrée au large de l’Irlande
Ces orages ont été causés par une dépression centrée au large de l’Irlande a engendré un flux de secteur sud-ouest sur la France, amenant de l’air chaud dans les basses couches de l’atmosphère. Les orages se sont produits dans un premier temps au passage d'une perturbation pluvio-orageuse dans un flux de sud-ouest, puis dans la traîne sur les départements côtiers en soirée. En altitude, une masse d’air froid a remonté la France suivant un axe sud-ouest/nord-est. Ce conflit de masses d’air a provoqué la formation de larges cumulonimbus, nuages à caractère orageux. L’image ci-dessous fournie par le satellite Meteosat-9 montre un impressionnant alignement de cellules orageuses le 14 juillet vers 13h00 UTC.
La séquence vidéo ci-dessous est une série d’image de Meteosat-9 qui montre l’évolution du front orageux et la création de cellules orageuses de grande taille. Les satellites météorologiques en orbite géostationnaire sont actuellement les seuls satellites d’observation capables de fournir des images d’une même zone plusieurs fois par heures de manière continue, avec une résolution moyenne. Il existe des avant-projets de satellites géostationnaires à haute résolution (dix mètres ou mieux au nadir) mais, si leur financement est décidé, ils ne verront pas le jour avant environ huit à dix ans.
Extrait d’une Image du satellite Meteosat-9 au dessus de la France acquise le 14 juillet à h00 UTC. Les cellules orageuses forment un alignement spectaculaire (Crédit image : Eumetsat)
Séquence d’images du satellite Meteosat-9. Il s’agit d’une composition entre le canal visible et le canal infrarouge à 10,2 m. En mesurant la température de surface, ce dernier permet de voir indirectement l’altitude des sommets des cumulo-nimbus. La teinte rouge correspond aux nuages les plus développés (Crédit image : Eumetsat)
Ce mois de juillet 2010 est exceptionnel, avec une première quinzaine comparable à juillet 1976 sur le plan des températures : il faut remonter à plus de trente ans pour voir un début d’été aussi chaud.
Chute des températures, précipitations, rafales de vent et éclairs :
Le passage du front orageux crée un important contraste de température. Alors que la température avant l’orage est de plus de trente degrés sur la plupart des régions de l’est de la France, avec des températures plus fortes à l’ouest. A la limite entre les deux zones, comme à Paris ou en Picardie, les orages ont été particulièrement violents. Au passage du front orageux, les températures chutent parfois de 17°C en quelques minutes !
Les cumuls de précipitation sur l'ensemble de l'épisode orageux ont atteint 43 mm dans le centre de Paris et 45 mm dans l'Eure et Loir.
Météo France a relevé les cumuls de précipitations suivants dans l'après-midi :
- 48.7 mm à Saint-Hilaire-sur-Helpe (59)
- 37.7 mm à Chauny (02)
- 29.2 mm à Aubrac (12) et Nasbinals (48)
- 28.5 mm à Saint-Martin d'Estréaux (42)
- 25.7 mm à Bessey (21)
Relevé des précipitations pour les stations du parc Montsouris (à gauche) et de Melun (à droite) pour la première quinzaine de juillet 2010. On voit nettement les deux épisodes de pluie du 12 et du 14 juillet Le cumul mensuel moyen est déjà dépassé à mi-juillet. L’image du dessous compare les précipitations pour les mois de juillet 2009 et 2010 au parc Montsouris (Source des données : Météo France)
Pour les rafales de vent, les valeurs maximales de vent enregistrées le 14 juillet à 15 heures sont :
- 90 km/h à Auxerre,
- 92 km/h en Seine et Marne,
- 99 km/h dans l'Aube,
- 109 km/h dans l'Aisne,
- 126 km/h à Chouilly dans la Marne
- 146 km/h a Saint-Hilaire-sur-Helpe (au sud de Maubeuge dans l'Avesnois département du Nord)
A Saint-Hilaire-sur-Helpe, le phénomène est tout à fait exceptionnel avec un durée de retour plus que centenaire pour les précipitations.
Une tornade s’est formée mais n'a pas touché le sol près de Lagny (77). Le bilan de ces orages est important, avec un mort et plus de dix blessés, des toitures arrachées, des routes coupées et des coupures d’électricité. En région parisienne, le trafic aérien a été fortement perturbé.
Une vigilance orange :
Le 14 juillet au matin, Météo France avait placé mercredi 43 départements de la moitié Est de la France en vigilance orange, de l’est de la région Midi-Pyrénées au Nord-Est du pays. Météo France prévoyait à la mi-journée « une situation fortement orageuse d’été ». En fonction du déplacement de la ligne orageuse vers l’est, Météo France a progressivement levé la vigilance orange. En fin d’après-midi, à 18 heures, il restait 20 départements en vigilance orange, sur la partie Nord-Est et Centre-Est du pays. Finalement, la vigilance a été totalement levée le 14 juillet à 23 heures.
Evolution de la carte de vigilance de Météo France dans l’après-midi du 14 juillet
(cartes publiées à 16h09, 18h10, 21h06 et 23h07). Crédit image : Météo France.
Plus de 45 000 impacts de foudre ont touché le sol pendant l’épisode orageux du 14 juillet
(Crédit image : Météo France)
Mosaïque radar du 14 juillet à 13h00 locale
(Crédit image : Météo France)
En savoir plus :
- Un historique de précipitations sur le site infoclimat.fr.
- Une analyse de l’épisode orageux du 14 juillet sur le site www.keraunos.org
- Le mode d’emploi des cartes de vigilance sur le site de Météo France.
- Le site Internet d’Eumetsat.
- Le site Internet de Météo France et les pages sur les orages. http://Le site Internet www.sat24.com avec des images de satellites météorologiques en temps réel.
- Une page de l’ESA sur les projets de satellites géostationnaires à haute résolution.