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Un autre regard sur la Terre

Espace, satellites, observation de la Terre, fusées et lancements, astronomie, sciences et techniques, etc. A l 'école ou ailleurs, des images pour les curieux...

L’incendie « High Park » dans le Colorado vu par les satellites Pléiades et Aqua

Publié le 20 Juin 2012 par Gédéon in Catastrophes-et-risques-naturels

Cette image très spectaculaire, publiée par Astrium GEO-Information Services sur son site Internet, a été acquise le dimanche 17 juin 2012 par le satellite Pléiades 1A, depuis son orbite à 694 km d'altitude. En couleurs naturelles, elle montre à la fois les incendies actifs avec d’impressionnants panaches de fumée et les zones déjà parcourues par les flammes qui contrastent avec la couleur plus verte de la végétation intacte. La zone touchée est à l’ouest de Fort Collins dans l’état du Colorado, à environ 100 kilomètres au nord de la ville de Denver.

Je crois que c'est une des premières fois que le satellite Pléiades 1A est mis en oeuvre à l'occasion d'une catastrophe naturelle.

 

Pléiades - High Park - Colorado - Fort collins - -copie-1Pléiades - High Park - Colorado - Fort collins - 17-06-201L’incendie « High Park » à proximité de Fort Collins dans l’état du Colorado. Image acquise par le
satellite Pléiades. En haut, extrait centrée sur les foyers les plus actifs. En bas, vue d’ensemble
montrant également les zones déjà parcourues par les flammes. La résolution est réduite par rapport
à l’image originale. Copyright CNES 2012 - Distribution Astrium Services – Spot Image.

 

C’est le samedi 9 juin en début de matinée que l’incendie a démarré, a priori à partir d’un impact de foudre (une enquête doit le confirmer). Les vents forts, le taux d’humidité très bas et la végétation sèche ont rapidement attisé les flammes.

Le 12 juin, le feu, baptisé « High Park », avait déjà parcouru environ 17000 hectares et devenait un des incendies les plus importants de l’histoire du Colorado. De nombreuses habitations ont été détruites et une personne est décédée. 11 jours après le début de la catastrophe, le 19 juin, le journal Reporter Herald donnait un nouveau bilan, avec près de 60000 acres soit plus de 24000 hectares et 189 maisons partis en fumée. Le responsable des opérations de lutte contre l’incendie, le commandant Bill Hahnenberg, estimait que des nouvelles évacuations pourraient être décidées : la météo, restée stable jusqu’à présent avec des vents forts, souvent rendus tourbillonnants par le relief des canyons, pourrait évoluer avec des températures plus basses et une humidité plus importante. Cela faciliterait enfin la tâche des 1800 pompiers engagés avec 120 véhicules, 17 hélicoptères et deux avions bombardiers d’eau.

Selon la NASA, le bois qui sert de combustible provient en partie d'arbres qui ont été dévastés par les coléoptères dans l'ouest des Etats-Unis.

A ma connaissance, ni la charte internationale "espace et Catastrophes majeures" ni le service GMES de réponse aux situations de crise n'ont été déclenchés par les autorités américaines.

 

Haute résolution et couverture large : deux caractéristiques complémentaires

En comparant l’image du satellite Pléiades avec d’autres images satellites acquises par le capteur MODIS du satellite Aqua de la NASA, il est possible de se faire une idée de la progression de l’incendie et de voir l’intérêt et la complémentarité des différents satellites utilisés :

  • La très haute résolution et l’agilité du satellite Pléiades qui permettent de surveiller une zone très précise (quelques centaines de kilomètres carrés) avec un niveau de détails exceptionnel (les produits images de Pléiades sont échantillonnés à 50 cm). Une autre caractéristique, le « direct tasking », la programmation directe de l’acquisition d’images, rend également Pléiades très adaptés aux opérations demande une forte réactivité, comme par exemple la gestion des situations d’urgence. Le satellite Pléiades fonctionne à la fois en mode panchromatique (un capteur à 70 cm de résolution avec un seule bande spectrale) et en mode multispectral (couleurs naturelles rouge, verte et bleue et bande proche infrarouge provenant d’un capteur à 2,80 mètres de résolution).
  • La moyenne résolution et la couverture large des images des capteurs MODIS embarqués sur les satellites américains Aqua et Terra ou MERIS sur le satellite européen Envisat, qui a terminé sa mission en avril 2012 après dix ans de bons etloyaux services : ici il s’agit d’une couverture répétitive (le satellite n’est pas agile) avec une résolution moyenne (de 300 à 1000 mètres selon les capteurs et les bandes spectrales) sur des surfaces beaucoup plus grandes : une image MERIS peut couvrir un champ (on parle de fauchée ou de « swath » en anglais) de 1150 kilomètres. MODIS couvre 2330 kilomètres. Une caractéristique intéressante des capteurs MODIS et MERIS est le nombre élevé de bandes spectrales étroites (36 pour MODIS, 15 pour MERIS), ce qui les rend particulièrement bien adaptés à l’étude des propriétés des sols et de la végétation, des océans (phytoplancton et bio-géochimie) et de l’atmosphère (nuages et aérosols)

Pour les amateurs de photographie, c'est exactement comme passer d'un objectif grand angle à un téléobjectif pour photographier la même scène. Ici le téléobjectif est très puissant : l'altitude des deux satellites est voisine (694 km pour Pléiades, 705 km pour Aqua) mais on passe d'une largeur de champ de plus de 2000 km pour le capteur MODIS d'Aqua à 20 km pour Pléiades. Ça zoome fort !

 

Aqua - Modis - Colorado - High Park - 09-06-2012Aqua - Modis - Colorado - High Park - 10-06-2012Deux images acquises par le capteur MODIS (Moderate Resolution Imaging Spectroradiometer) du
satellite Aqua de la NASA. En haut, image acquise le 9 juin 2012. En bas, image acquise le 10 juin 2012.
Crédit image : NASA/GSFC, Rapid Response

 

En ce moment, d’autres régions du monde connaissent également des incendies comme le montre l’image suivante acqusie le 19 juin. Il s’agit de la Russie centrale où l’état d’urgence a été déclaré dans plusieurs régions (Khanty-Mansiisk, Tyva, Sakha, Krasnoyarsk, Amur, Zabaikalsky et Sakhalin). L'image couvre une région entre Krasnoyarsk (au sud) et Tomsk (au nord), entre les longitudes 64°E et 92°W et les latitudes 55°N et 65°N.

Selon les autorités russes, ces incendies sont causés principalement par des feux de camp et des feux allumés par les agriculteurs pour préparer les terrains, feux désormais hors de contrôle. Selon Greenpeace, les surfaces brûlées pour l'année 2012 ont déjà dépassé celles de 2010, pourtant une année record avec des incendies dramatiques en Russie occidentale.

 

Aqua - MODIS - Russie -Sibérie - Incendies - 19-06-2012 -Les incendies en Russie vu par le capteur MODIS du satellite Aqua le 19 juin 2012.
Crédit image : NASA/GSFC, Rapid Response

 

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