A côté de Krasnaya Polyana, les sites d’altitude des JO de sotchi vus par le satellite Pléiades :
le Russki Gorki Jumping Center, le Sliding Center Sanki, le complexe de Ski et de biathlon de Laura
et le site de Rosa Khutor. Image acquise le 5 décembre 2013. La résolution est réduite par rapport
à celle de l’image d’origine. Copyright CNES 2013 – Distribution Astrium Services / Spot image SA
Mass-start ou mass-stop: un départ groupé qui se fait attendre
La question de la quantité et de la qualité de la neige devait se poser tôt ou tard à Sotchi. Dix jours après la très belle cérémonie d’ouverture, la deuxième semaine des jeux olympiques a été perturbée par la météo. Brouillard, pluie, neige molle, collante ou détrempée à cause des températures élevées : plusieurs épreuves ont été retardées ou reportées.
C’est le cas du snowboard cross masculin et de l’épreuve de biathlon en départ groupé.
Programmée initialement dimanche 16, la mass-start (départ groupé) de biathlon (15 km) a été reportée une première fois le lendemain matin à cause du brouillard. Lundi matin, le brouillard et la qualité de la neige sur le site de Laura ont contraint les organisateurs à repousser le départ à 15h30 locales (12h30 à Paris) puis à mardi.
Pour les français, cela valait le coup d’attendre : après un lundi sans médaille et dans le brouillard, deux nouvelles médailles, en or et en argent, sont venues redonner un peu d’éclat au compteur de médailles françaises.
Médaille d’argent, c’est rageant…
En début d’après-midi, la victoire s’est vraiment joué au finish en biathlon : c'est finalement le Norvégien Emil Svendsen qui a gagné l’épreuve, suivi de très près par Martin Fourcade qui se « contente » de l’argent, après ses deux médailles d’or.
Fourcade Martin, pécheur de médailles
Martin Fourcade ne sera donc pas le quatrième français à gagner trois médailles d’or au cours des mêmes JO, après Jean-Claude Killy en 1968 (c’est lui qui a remis la médaille d’argent à Martin Fourcade), Paul Masson en 1896 (cyclisme) et Roger Ducret en 1924 (escrime).
Le nombre d'or = 4
Avec deux médailles d’or et une d’argent, il ne doit pas bouder son plaisir et peut être fier de sa contribution au bilan français. Plus tôt dans la matinée, Pierre Vaultier a décroché une belle médaille d’or en snowboard cross.
Au total, mardi 18 au soir, la France comptaient donc 9 médailles à son palmarès : trois médailles d’or, une d’argent et quatre de bronze.
Mercredi 19, deux français montaient sur le podium du slalom géant hommes : Steve Missilier et Alexis Pinturault apportaient enfin une médaille d'argent et une de bronze en ski de descente.
Triplé pour un podium tricolore : or, argent, bronze en bleu, blanc, rouge
Jeudi 20 février, Jean-Frédéric Chapuis (or), Arnaud Bovolenta (argent) et Jonathan Midol (bronze) ont accompli un exploit : un podium entièrement tricolore pour la finale du ski acrobatique ski cross homme.
Par contre pas de médaille pour Jason Lamy-Chappuis, le porte-drapeau de la délégation française, qui est resté au pied du podium en Combiné nordique Grand tremplin par équipe.
En fin de journée, Marie Martinod ramenait une nouvelle médaille d'argent avec une seconde place derrière l'américaine Maddie Bowman en Ski halfpipe femmes.
La France a donc battu son record du nombre de médailles aux JO d'hiver : 15 médailles au total, 4 en or, 4 en argent et 7 en bronze.
Ski de fond devant
Côté français, on peut également citer pour les médailles de bronze Chloé Trespeuch en snowboard cross féminin, Jean-Guillaume Béatrix en biathlon (poursuite), Jean-Marc Gaillard, Maurice Manificat, Robin Duvillard et Ivan Perrillat Boiteux en relais 4 x 10 km de ski de fond et Coline Mattel dans le premier concours de saut à skis féminin.
JO : le tas de ski
Au classement général du nombre des médailles, la Russie (33 médailles), les Etats-Unis (28 médailles) et la Norvège (26 médailles) arrivent en tête devant les Pays-Bas et le Canada (24 médailles).
Si on ne prend en compte que les médailles d’or, les premiers pays sont la Russie (13 médailles d'or), la Norvège (11 médailles), devant le Canada et les Etats-Unis (9 médailles d’or), les Pays-bas et l'Allemagne (8 médailles d'or). La France occupe la 9ème place avec 4 médailles d’or.
Question exploit, on peut rendre hommage au norvégien Ole Einar Bjoerndalen qui a gagné mercredi 19 sa 13ème médaille (dont 8 en or) aux Jeux Olympiques d'hiver en décrochant l'or dans l’épreuve du biathlon relais mixte. A quarante ans, il devient l’athlète le plus médaillé des jeux olympiques d’hiver.
Les sites d’altitude des jeux olympiques d’hiver vus par les satellites d’observation
La neige et le brouillard compliquent la tâche des organisateurs. Cela empêche aussi l’acquisition de bonnes images satellite des sites olympiques de Sotchi et de Rosa Khutor. On s’en rend très bien compte en regardant les couvertures nuageuses quotidiennes sur le site d’Eumetsat ou avec les images MODIS de satellites Aqua et Terre publiées chaque jour sur le site worldview de la NASA.
Parmi les images récentes, j’ai trouvé une nouvelle image prise par le satellite Landsat 8 le 6 février 2014, la veille de la cérémonie d’ouverture, et publiée par l’USGS (US Geological Survey). En voici deux extraits, en mode multispectral et en mode panchromatique (en noir et blanc mais avec une résolution deux fois plus fine (15 mètres au lieu de 30 mètres).
On localise facilement le site olympique côtier d’Adler au sud de la ville de Sotchi, avec le parc olympique et les pistes de l’aéroport. Avec un peu d’attention (et surtout en s’aidant d’une carte), on peut également repérer les sites en altitude, un peu au nord du centre de l’image. J’ai l’impression que la couverture neigeuse est moins importante qu’en décembre et janvier mais ce n’est pas évident.
JO de Sotchi 2014 : trop de neige, pas assez de neige ? Deux extraits en résolution réduite d’une image acquise par l’instrument OLI (Operational Land Imager) du satellite Landsat 8 le 6 février 2014, la veille
de la cérémonie d’ouverture. En haut, composition colorée des canaux visibles.
En bas, image panchromatique. Crédit image : USGS.
Pistes noires au bord de la mer noire
Pour se faire une idée du relief et comprendre pourquoi il y a eu autant de chutes au cours des épreuves de ski de descente, vous pouvez revoir la séquence vidéo produite à partir d’images des satellites Spot 6 et Pléiades. La NASA a également publiée une vue 3D d’une image acquise par l’instrument ASTER (Advanced Spaceborne Thermal Emission and Reflection Radiometer) du satellite américain Terra. Le modèle numérique de terrain provient également de données ASTER. L’image présentée ici couvre une zone d’environ 18 kilomètres de large sur 32 kilomètres de profondeur. Cette composition colorée des canaux visibles et proche infrarouge, avec la végétation active en rouge et la neige en blanc, permet également de se faire une idée de la couverture neigeuse
Vue perspective créée à partir d’une image de l’instrument ASTER du satellite Terra acquise
le 4 janvier 2014. Crédit image : NASA/GSFC/METI/ERSDAC/JAROS et U.S./Japan ASTER Science Team
Plus haut que le saut à ski : un tour des pistes à 694 kilomètres d’altitude
Pour voir davantage de détails, il faut consulter des images à très haute résolution. Je n’en ai pas vues acquises très récemment mais la division Géo-Information d’Airbus Defence and Space vient de publier une très belle image acquise par le satellite Pléiades en décembre 2013. C’est à ma connaissance une des images à très haute résolution les plus récentes (parmi celles rendues publiques).
La résolution des vignettes présentées ici est réduite par rapport à l’image originale mais cela suffit pour découvrir les sites en altitude utilisés pour les épreuves « en pente ». Les autres épreuves « à plat » (curling, patinage) se déroulent sur le site côtier d’Adler qui a accueilli la cérémonie d’ouverture.
Trois extraits d’une image prise par le satellite Pléiades le 5 décembre 2013 : le Russki Gorki Jumping Center, le Sliding Center Sanki, le complexe de Ski et de biathlon de Laura et le site de Rosa Khutor.
Copyright CNES 2013 – Distribution Astrium Services / Spot image SA
Vodka : une bonne descente
Rosa Khutor, ce n’est pas une marque de vodka… Toutes les installations de montagne sont proches du village de village de Krasnaïa Poliana. Sur la crête Aibga surplombant la rivière Mzymta (43,65891°N et 40,32486°E), le centre alpin Rosa Khutor, entre 1170 et 2320 mètres d’altitude, accueille les compétitions de ski de descente : ski alpin, combiné nordique (descente et slalom), slalom géant et super-G. Il comprend au total 9 km de pistes de ski de descente.
Sans ski, faites de la luge !
A 1215 mètres d’altitude, dans la station d’alpika, Sanki (43,66769°N et 40,29106°E), comme son nom l’indique, san(s) (s)ki, est le site réservé aux sports de glisse : bobsleigh, luge et skeleton (ça, ce n’est pas pour moi !). Pendant les jeux, les tribunes peuvent accueillir 10000 spectateurs. Sanki est le mot russe qui signifie traineau.
Le Complexe de ski de fond et de biathlon Laura se situe sur la crête Psekhaho (43,69231°N et 40,32477°E). Il comporte deux stades séparés avec des zones de départ et d’arrivée, deux pistes de ski et deux parcours de biathlon, un stand de tir et une zone d’échauffement. Il tire son nom de la rivière Laura.
Montagnes russes : saut à ski à Sotchi
Le Complexe « Russki Gorki » est situé dans le village d’Esto-Sadok (43,67905°N et 40.24228°E). Normalement protégé des vents latéraux par le relief, c’est l’emplacement réservé aux épreuves de saut à ski et la résolution très fine du satellite Pléiades permet de bien identifier la forme caractéristique du grand tremplin. Notez également la restitution des détails de la cime des arbres et des troncs isolés, même si la résolution est moins bonne que celle de l’image originale. Vous pourrez découvrir plus de détails avec la pleine résolution en naviguant sur le site d’Astrium Geo-Information Services (désormais Airbus Defence and Space).
Extrait de l’image Pléiades centré sur le site de saut à ski de Russki Gorki.
Copyright CNES 2013 – Distribution Astrium Services / Spot image SA
En savoir plus :
- Sur le site Big Picture du journal Boston Globe, une très belle série de photographies prises pendant la cérémonie d’ouverture des JO de Sotchi.
- Sochi 2014, le site officiel des Jeux Olympiques d’hiver 2014.
- Dans la galerie d’images d’Airbus Defence and Space (anciennement Astrium GEO-Information Services), les images sur les sites de jeux olympiques : le site côtier et les sites en altitude.
- Sur le site de l’USGS, le catalogue Earth Explorer des images satellites (pour Landsat 8, dans « data sets » choisir la catégorie Landsat Archive puis L8 OLI/TIRS). Il est possible de charger l’ensemble des bandes spectrales d’une image en pleine résolution au format Geotiff. C’est intéressant pour les enseignants qui veulent exploiter avec leurs élèves des logiciels de télédétection ou d’analyse d’image. Détail : les images sont codées sur 16 bits. Il faut un logiciel capable de gérer cette dynamique. Ici, je me suis contenté d’une conversion « rustique » en 8 bits avec Gimp-2, ce qui explique la qualité réduite de la composition colorée.
- D’autres articles sur les jeux olympiques de sotchi sur le blog Un autre regard sur la Terre :
- Les autres images dans la catégorie « Images d’actualité, images de la semaine ».
- Un album photo avec des images satellites des sites olympiques des JO Sochi 2014.
- Une page avec d'autres images prises de l'espace et des vidéos sur le blog Rêves d'espace d'Idariane.