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Un autre regard sur la Terre

Espace, satellites, observation de la Terre, fusées et lancements, astronomie, sciences et techniques, etc. A l 'école ou ailleurs, des images pour les curieux...

En Russie, les traces du météore de Tcheliabinsk vues par le satellite Pléiades

Publié le 11 Mars 2013 par Gédéon in Satellites-insolites...

 

Pleiades---Meteorite---Lac-Tchebarkul---Russie---Fevrier-2.jpgLe lac de Tchebarkoul en Russie. Image acquise le 22 février 2013 par le satellite Pléiades.
A la surface du lac gelé, un trou causé par l’impact d’un fragment de météorite.
La résolution est réduite par rapport à l’image d’origine.
Copyright 2013 CNES – Distribution Astrium Services / Spot Image

 

Tcheliabinsk ou Tchebarkoul ?

L’endroit de la désintégration et des dégâts ou le lieu où les débris ont été trouvés ? Selon le cas, le nom change… L’Union Astronomique Internationale (IAU) l’a désigné officiellement super-bolide de Tcheliabinsk.

Le 15 février 2013, à 3h20 UTC (soit 9h20 en heure locale), sa chute dans la région russe de Tcheliabinsk, au sud de la chaîne de l’Oural et pratiquement à la latitude de la mer d’Aral, avait fait près de 1500 blessés et endommagé des centaines d’habitations et de bâtiments.

Suivant une trajectoire du sud-est vers le nord-ouest, le météore s’est désintégré dans l’atmosphère, en créant une onde de choc, qui a soufflé les vitres de nombreux bâtiments et causé la pluparts des blessures.

Interviewé par le site Futura Sciences, Detlef Koschny, responsable des objets géocroiseurs au bureau de surveillance de l’espace de l’Agence Spatiale Européenne (ESA), indique : « normalement, les premiers dégâts apparaissent quand la pression d’air est cinq fois supérieure à la pression normale au niveau de la mer. Un grand nombre de fenêtres peuvent se briser lorsque cette valeur est dépassée de 10 à 20 fois. »

Deux jours plus tard, alors que l’absence de fragments au sol alimentait la théorie du complot (par exemple essai d’une nouvelle arme), des scientifiques de l'université de l'Oural ont retrouvé des morceaux de météorites sur le lac gelé de Tchebarkoul, à 70 kilomètres au sud-ouest de la ville de Tcheliabinsk.

 

Le poids des NEO, le choc des photos

Un trou d’environ huit mètres de diamètre avait été découvert vendredi 15 février. L’image présentée ici a été publiée par Astrium-GEO-Information Services dans sa galerie d’images Pléiades. Sur un extrait en très haute résolution, on voit nettement l’orifice sur la surface gelée du lac au milieu des nombreuses traces qui convergent vers l’impact.

Même si les plongeurs envoyés dans le lac n’ont pas trouvé de débris, il ne fait pas de doute que c’est un des fragments qui est à l’origine du trou (il est question d’un morceau de 60 cm de diamètre)

Dans une interview à RIA Novosti, Viktor Gorokhovski, chef de l'expédition scientifique de l'Université fédérale de l'Oural, précise qu’une centaine de morceaux de roche brûlée ont été retrouvés : la plupart ont une taille comprise entre 1 mm et 1 cm, le plus gros pèse plus d’un kilogramme. Ces fragments sont très petits par rapport à la taille du géo-croiseur avant sa désintégration dans l’atmosphère : les spécialistes estiment que le super-bolide mesurait environ 17 mètres de diamètre pour une masse comprise entre 7000 et 10000 tonnes.

 

Pleiades---Meteorite---Lac-Tchebarkul---Russie---F-copie-1.jpgPleiades---Meteorite---Lac-Tchebarkul---Russie---F-copie-2.jpgDeux extraits de l’image Pléiades du lac de Tchebarkoul en Russie centré sur le trou créé par la
chute de la météorite. Copyright 2013 CNES – Distribution Astrium Services / Spot Image

 

L'étude des fragments du météorite de Tcheliabinsk avec des microscopes à balayage et des chromatographes et spectromètres de masse a permis de déterminer qu’il s’agissait d’un chondrite ordinaire, une catégorie de météorite, avec un taux de fer faible, mais avec des billes de silicate (les chondres) relativement grandes.

 

Surveiller l’espace…

Actuellement, il y a plus de 600.000 astéroïdes connus dans notre Système solaire, dont 9.000 NEO (Near-Earth Objects). Dans le cadre de son programme de surveillance de l’espace, l’ESA met régulièrement à jour une liste des objets géocroiseurs.

Ces objets, comme l’astéroïde 2012 DA 14 qui a également survolé la Terre le 15 février à une distance de 28000 km, ont ainsi été détecté récemment par les astronomes. Ce n’est qu’un début : les capacités d’observation doivent être augmentées pour améliorer la performance de détection. Surveiller tout l’espace autour de nous pour détecter des petits objets, c’est un sacré défi !

 

Des satellites météo pour les météores

Avant le satellite Pléiades, l’entrée du météore dans l’atmosphère avait été détectée par les satellites d’Eumetsat, l’agence européenne chargée de l’exploitation des satellites météorologiques.

Les deux images suivantes ont été acquises respectivement par Meteosat-9 et Meteosat-7.

  • La première image (en noir et blanc) correspond au canal visible (HRV) de Meteosat 9. Elle a été acquise à 3h15 UTC le 15 février 2013.
  • La seconde image dans le canal infrarouge infrarouge (longueur d’onde de 3,9 µm) montre la traînée météoritique après sa désintégration. Sur son site, Eumetsat présenté une séquence vidéo de quelques images acquises ) entre 3h00 et 6h00 UTC qui montre la dispersion du « nuage chaud » créé par cette désintégration.


Meteosat-9---HRV---Meteore-Tcheliabinsk---15-02-2013---3h.jpgMeteosat-7---IR---Rentree-atmospherique---Meteore-Tchel.pngDeux images acquises par les satellites Meteosat-9 et Meteosat-7 le 15 févier 2013.
En haut, image dans le spectre visible acquise à 3h15 UTC. En bas, image acquise
dans le canal infra-rouge thermique à 3h30 UTC. Crédit image : Eumetsat.

 

Les fans de Tom Clancy et de la guerre froide imagineront certainement un scénario où une guerre nucléaire est évitée de justesse grâce à la perspicacité de Jack Ryan après la chute d’une grosse météorite.

 

La reconstitution de la trajectoire du météore

Le télégramme électronique n°3423 du CBAT (Central Bureau for Astronomical Telegrams) de l’Union Astronomique Internationale donne quelques précisions sur la trajectoire du super-bolide, fournies par des chercheurs de l’académie des sciences de la République Tchèque. Leurs calculs s’appuient sur des séquences vidéo filmées depuis le sol :

  • La séquence utile des enregistrements dure environ 16 secondes : l’altitude décroît d’environ 92 km à 15 km et la vitesse passe de 17,5 km/s à 12 km km/s puis 4 km/s.
  • La trajectoire est observée sur 254 km avec un azimut d’environ 280°. En fin de trajectoire, l’angle de descente est de 16,5° par rapport à l’horizontale.
  • La reconstitution indique que la fragmentation a commencé à environ 32 kilomètres d’altitude. L’onde de choc aurait été générée entre 25 et 30 kilomètres d’altitude.
  • Toujours selon ces calculs, le fragment le plus gros à toucher le sol pourrait peser entre 200 et 500kg.

Le message du CBAT donne également une estimation des paramètres orbitaux.

 

En savoir plus :

 

 

Commenter cet article
S
"Suivant une trajectoire du nord-est vers le sud-ouest"<br /> En fait il s'agit de Sud-Est vers Nord-Ouest:<br /> http://neo.jpl.nasa.gov/images/Chelya_track_annotated_s.jpg<br /> <br /> La photo satellite est trompeuse car prise depuis nos longitudes sur l'équateur vers l'horizon du sud de l'Oural.<br /> <br /> Il existe un article en ligne où les trajectoires calculées par différents groupes sont téléchargeables en .kmz pour visualisation 3D sur GoogleEarth:<br /> http://ogleearth.com/2013/03/three-trajectory-models-of-the-chelyabinsk-meteoroid-compared/
Répondre
G
<br /> <br /> Merci pour cette lecture attentive. J'ai rectifié le texte.<br /> <br /> <br /> <br />