L’incendie de Marseille photographié par le cosmonaute Oleg Skripochka depuis l’ISS.
Photographies prises le mercredi 10 août 2016 à 15:45 UTC.
Crédit image : Roscomos
Ces photographies spectaculaires ont été prises le 10 août 2016 depuis la Station Spatiale Internationale par le cosmonaute russe Oleg Skripochka avec un Nikon D800E équipé d’un téléobjectif de 400 mm. Elles montrent les gigantesques panaches de fumée tout près de la ville de Marseille. Les photos ont été publiées par l’agence russe Roscomos sur son compte flickr.
Pas de vacances pour les pompiers européens
Il a beaucoup plus en juin mais, en août, la végétation du sud-est de la France souffre malgré tout de sécheresse et le vent favorise accentue la gravité des feux.
Conséquence : plusieurs pays européens connaissent des incendies importants depuis le début du mois d’août.
Pluie de cendres autour de Marseille
Les incendies qui se sont déclenchés dans l’après-midi du mercredi 10 août 2016 au nord-ouest de Marseille ont été très violents : attisés par un fort mistral, ils ont détruit au total 3300 hectares de végétation sur les communes de Rognac, Vitrolles, Istres, Les Pennes-Mirabeau et Fos-sur-mer, aux abords de l’étang de Berre. 800 pompiers sont parvenus à le fixer dans la journée de jeudi, avec l’aide de cinq Canadair, de Trackers et d’un hélicoptère. Dans la nuit, on a craint que le feu incontrôlable n’atteigne les quartiers Nord de Marseille. Les opérations de « noyage » des braises se sont poursuivies jusqu’à vendredi.
L’importance du panache de fumée est également illustrée par cette image prise par le satellite Aqua le 10 août 2016. Malgré son nom, Aqua n’éteint pas les feux : c’est un satellite météorologique qui permet de voir des détails au sol de quelques centaines de mètres.
L’impressionnant panache de fumée de l’incendie de Marseille et Vitrolles vu par l’instrument MODIS
du satellite Aqua le 10 août 2016 en début d’après-midi. Crédit image : NASA Worldview
3 personnes ont été blessées et plusieurs habitations, un restaurant, une école et un garage ont été détruits ou endommagés. Des milliers de personnes ont été évacuées.
La présence de plusieurs foyers autour de l’étang de Berre laisse penser que ces incendies sont d’origine criminelle.
Accalmie au Portugal
Le Portugal fait également face depuis une semaine à plusieurs grands incendies dans le nord du pays. Grâce à des conditions météorologiques plus favorables, le pays connaît depuis vendredi 12 août une relative accalmie, laissant un peu de répit aux 1500 pompiers engagés. Deux avions bombardiers d’eau prêtés par la Russie devaient arriver samedi en renfort. Ils complètent les avions mis à disposition par l’Espagne, le Maroc et l’Italie.
L’évolution des feux au Portugal entre le 10 et le 12 août 2016. Série d’images acquise par
l’instrument MODIS du satellite Terra. Crédit image : NASA Worldview
Sur l’île de Madère, les incendies ont démarré le 6 août 2016, touchant les zones boisées et résidentielles de Camara de Lobos, Ribeira Brava, Ponto do Sol, Calheta. La capitale Funchal a également été touchée à partir du 8 août.
L’incendie de Madère vu par le satellite Terra le 10 août 2016. En haut, représentation en couleurs
naturelles. En bas, composition colorée combinant les canaux 7, 2 et 1 mettant en évidence
la végétation brûlée. Crédit image : NASA Worldview
Près de mille personnes ont été évacuées et il y a eu au moins trois personnes tuées.
Les dégâts de l’incendie qui a touché l’île de Madère et Funchal vus par l’instrument OLI du satellite
Landsat 8 le 11 août 2016. Composition colorée dite « natural colors » mettant en évidence
la végétation brûlée. Crédit image : USGS / Earth Explorer
Copernicus en action : le service de cartographie d'urgence
Le gouvernement a fait appel au mécanisme européen de protection civile. Le service de cartographie rapide (Emergency Mapping Service) du programme Copernicus a été activé par les autorités portugaises. La zone d’intérêt couvre les environs de la ville de Funchal et la côté sud-est de Calheta. Ce travail de cartographie rapide est destiné à aider les pompiers et les services de secours luttant contre les incendies et à fournir des premières estimations des dégâts.
L’illustration suivante est un exemple de carte des dégâts produite par le service Copernicus.
Exemple de carte de situation produite le 12 août 2016 par le service de cartographie d’urgence
(Emergency Mapping Service) du programme européen Copernicus.
Crédit image : Union Européenne
Le travail de cartographie rapide est effectuée en comparant une image de référence montrant la situation avant l’incendie (il s’agit ici d’une image acquise par le satellite Pléiades-1B le 17 juillet 2015, à peu près à la même époque pour faciliter l’analyse de la végétation) et une image acquise juste après le feu (c’est le satellite SPOT 6 qui a fourni cette image le 12 août 2016 à 11:23 UTC). Sont également superposées des données vectorielles OpenStretMap.
La carte a été réalisée par la société allemande GAF AG et publiée par la société italienne e-GEOS qui opère le service pour le compte de l’Union Européenne.
Inquiétude en Espagne
Contrairement au Portugal, la situation semble s’aggraver en Espagne. Une quinzaine d’incendies, dont l’origine semble également criminelle, se sont déclenchés en Galice, au nord-ouest du Pays, notamment près de la ville d’Arbo. Des engins incendiaires ont été découverts sur place. Certains feux menacent des habitations. Ils sont contrôlés mais pas encore éteints.
En savoir plus :
- Les autres articles du blog Un autre regard sur la Terre dans la catégorie satellites et gestion de crises.
- Le site du service de cartographie d’urgence du programme Copernicus et les cartes produites pour l’activation 175 (incendie sur l’île de Madère).
- Le site de la charte internationale espace et catastrophes majeures.
- Le site worldview de la NASA pour accéder aux images des satellites Aqua et Terre ainsi qu’à d’autres missions de la NASA.
- Le site Earth Explorer de l’USGS (US Geological Survey) pour accéder aux images du satellite Landsat 8.