L’espace des métiers et le « speed dating », des rencontres entre petits groupes d’élèves et professionnels pour découvrir les métiers du spatial. Crédit image : Planète Sciences Midi-Pyrénées
L'espace, quel métier !
Dans le cadre de la Novela, c’est vendredi 19 octobre qu’avait lieu à la Cité de l’espace de Toulouse l’espace des métiers organisé par Planète Sciences Midi-Pyrénées. Le thème de l’océanographie et du rôle des satellites en support des opérations en mer était l’occasion de découvrir les métiers du spatial, depuis la construction des satellites jusqu’à leurs utilisations opérationnelles.
En 2012, les rencontres directes entre élèves et ingénieurs, chercheurs ou techniciens, avec également des expositions de matériel, des conférences et des ateliers pédagogiques participants ont beaucoup plus aux établissements scolaires, avec un total de 2000 participants. 30 intervenants représentaient les principaux acteurs du spatial : Astrium Satellites, Astrium Services, CESBIO, le CETE Sud-Ouest, CLS, le CNES, l’Institut National de l’Information Géographique et Forestière, le JCOMMOPS (Joint Technical Commission for Oceanography and Marine Meteorology in situ Obervation Programme Support), le LEGOS, Magellium, le MEDES, Mercator-Océan, Météo France, Service Hydrographique et Océanographique de la Marine (SHOM), Telespazio France. Les filières de formation étaient représentées par l’INP, l’ISAE, le lycée Pierre-Paul Riquet, le Rectorat de l’académie de Toulouse, l’Université Paul Sabatier.
Les demandes de réservation qui ont dépassé les capacités d’accueil montrent que ce forum des métiers correspond à une véritable attente. A la demande de plusieurs intervenants, il est déjà question de le proposer en 2013 sur deux journées complètes.
En attendant l’année prochaine, je propose à ceux qui n’ont pas pu participer à l’édition 2012 un parcours de découverte des métiers, à travers l’implantation géographique des principaux acteurs, le CNES, les industriels et les laboratoires de recherche.
C’est une image de Toulouse acquise récemment par le satellite Pléiades, juste avant l’été, qui va servir de support à cette visite virtuelle.
Une image de Toulouse prise par le satellite Pléiades le 17 juin 2012. Les principaux sites liés
aux activités spatiales sont repérés par les cercles de couleur orange. Les deux vignettes sont
pivotées de 90° pour accentuer l’effet de perspective.
Copyright CNES - Distribution Spot Image / Astrium GEO-Information Services.
Des satellites pour occuper Toulouse ?
C’est de cette manière que certains avait détourné le sigle SPOT au moment de la décision du gouvernement français de lancer le programme de Satellite Probatoire d’Observation de la Terre dont le premier exemplaire a été lancé en 1986.
En 2012, les premières images des satellites Pléiades et Spot 6, le lancement de MetOp-B, le développement de la filière d’altimétrie spatiale avec Jason, les nombreuses équipes de recherche (OMP, LEGOS, CNRS) et le tissu de PME travaillant sur les utilisations opérationnelles des données d’observation de la Terre prouvent que les satellites occupent bien Toulouse.
Selon les chiffres publiés par le Plan Spatial Régional, le nombre d’emplois liés au spatial en région Midi-Pyrénées est estimé à 12000, environ la moitié des effectifs français et le quart du total européen. Par exemple, pour Astrium à Toulouse c’est un effectif total de 3840 personnes en juin 2012. Environ 2500 pour Thales Alenia Space, 1800 par le CNES (Centre Spatial de Toulouse). Les laboratoires, les PME et les sociétés de service et d’ingénierie représentent 2000 à 3000 personnes supplémentaires.
La boutade sur Spot a tenu ses promesses et c’est très bien ! Même si la Capitale européenne du spatial ne doit pas s’endormir sur ses lauriers...
De Matra à Astrium : rue des cosmonautes, on fabrique des satellites…
C’est sympa de travailler rue des cosmonautes : il n’y en a pas mais plusieurs d’entre eux ont visité ce site. C’est la plus grosse implantation d’Astrium dans le monde, l’endroit où sont conçus et fabriqués les satellites d’observation de la Terre (toute la famille Spot, Pléiades, Envisat, Hélios), de télécommunication et les missions scientifiques (comme Herschel, Soho ou Gaia).
Le site d’Astrium. Extrait de l’image de Toulouse prise par le satellite Pléiades le 17 juin 2012.
Le haut de l’image pointe vers l’est. Le deuxième exemplaire Pléiades-1B attend son lancement dans
un de ces bâtiments. Copyright CNES - Distribution Spot Image / Astrium GEO-Information Services.
L’installation de Matra à Toulouse remonte à 1980 (1975 pour le premier département d’intégration). Fin 2011, 2515 salariés travaillaient sur le site, sans compter les stagiaires et les prestataires extérieurs. Les parkings et le restaurant d’entreprise, récemment agrandi, entourent l’ensemble des installations où sont conçus les satellites et les équipements. Deux chiffres à retenir : 83% d’ingénieurs et cadres et 70% des effectifs dans les métiers des études, de la conception et du développement. C’est une des caractéristiques de métiers du spatial qui explique ces pourcentages : des toutes petites séries (quelques exemplaires) et des objets très complexes et très fiables (pas de station service en orbite pour intervenir en cas de panne). Ces ratios sont très différents de ce qu’on peut trouver par exemple chez un constructeur automobile.
Beaucoup d’imagination et de matière grise donc pour préparer les systèmes du futur. Un peu moins pour baptiser les bâtiments : A, B, C, T, W, X1, X2… Une lettre et parfois un chiffre. Peut-être dans un futur proche, quelqu’un suggérera de leur donner un nom d’Astronaute ? On reconnaît en tout cas l’ancien radôme et la tour qui servaient avant à faire les mesures d’antenne : c’est de ce radôme qu’on été prises les premières images Spot au sol. Aujourd’hui, les gros satellites de télécommunications sont assemblés et testés sur un autre site, à quelques centaines de mètres : c’est Astrolabe, tout près d’Intespace et du site du CNES.
Le site d’Astrium tel qu’il était en 1980. Ça a un peu changé, à l’intérieur du site et aux alentours.
Crédit image : Astrium.
Le Centre Spatial de Toulouse du CNES, l’Observatoire Midi-Pyrénées et le CNRS.
De l’autre côté des ronds-points du Palays, au Centre Spatial de Toulouse, les noms sont plus originaux : Laplace, Poincaré, Fourier, Descartes, Foucault, etc. Des savants qui ont contribué à construire les sciences spatiales. Je vous laisse le soin de rechercher quelles ont été leurs apports principaux.
Le CNES, dont les activités ont démarré en 1962, est installé à Toulouse depuis 1968. Comme pour Astrium, ceux qui ont acquis les premiers terrains avaient bien en tête un développement important du spatial : je vous renvoie à cet article sur les premières années du CST et sur les années soixante-dix pour mesurer l’évolution du site. Contrairement à Astrium, les parkings pour les salariés et le restaurant sont situés à l’intérieur du site.
A noter : la surface rouge sombre en haut à droite de l’image : c’est une réplique de sol martien pour expérimenter les systèmes de guidage de robots autonomes. Les moyens d’essais d’Intespace et les salles d’intégration d’Astrium (Astrolabe) sont visibles dans le bas de l’image, tout près du canal du midi. Le long de la route d’accès à l’entrée principale du CNES, on trouve également le CNRS, l’Observation Midi-Pyrénées avec le LEGOS et l’IRAP, le CESBIO et le LAAS.
Le CNES, Le CNRS et l’OMP. Extrait de l’image de Toulouse prise par le satellite Pléiades
le 17 juin 2012. Le haut de l’image pointe vers l’est.
Copyright CNES - Distribution Spot Image / Astrium GEO-Information Services.
Bienvenue au CST… Le site du CNES en 1965.
Un petit jeu : retrouver les routes et les principaux bâtiments. Crédit image : CNES.
Parc technologique du canal : concentré de matière grise en couleurs
Tout près du CNES, la parc technologique du canal accueille plusieurs sociétés spécialisées et équipes de recherche travaillant sur les services et les applications des données spatiales : acquisition et traitement des images satellites, agriculture de précision, océanographie opérationnelle, systèmes et localisation et balises de détresse.
Tout à fait à gauche, en haut de l’image, on peut voir la parabole de l’antenne de réception des images Pléiades et les premières images Spot 6 sur le bâtiment d’Astrium GEO-Information Services (encore connu à Toulouse sous le nom de Spot Image, le nom de la filiale française). C’est la rue des satellites… Un peu plus loin, avenue de l’Europe, la bâtiment ZC1 où sont mis au point les services de réponse aux situations d’urgence et où est produit le service d’agriculture de précision Farmstar : ici, des métiers assez différents avec des spécialistes en géo-information, en traitement d’images, en gestion des risques mais aussi des agronomes et des commerciaux.
Sur la même image, on peut aussi repérer les locaux de l’IGN, de l’Institut Géographique National, de Magellium, de CLS (avec également des antennes sur le toit et un nouveau bâtiment en cours d’achèvement facile à identifier à cause des travaux), de Noveltis et de Mercator-Océan. Egalement facilement repérable près du port et des navires en réparation, le toit tout blanc des locaux de Planète Sciences Midi-Pyrénées, avec ses équipes d’animation qui mouillent la chemise… tout près du Bikini, avec sa piscine et sa salle de concert.
Le parc technologique du canal. Extrait de l’image de Toulouse prise par le satellite Pléiades le
17 juin 2012. Le haut de l’image pointe vers l’est.
Copyright CNES - Distribution Spot Image / Astrium GEO-Information Services.
Météo France, le CERFACS et le SHOM : des utilisateurs des données spatiales
Elle vient fêter ses trente ans à l’occasion de la nuit des chercheurs : installée à Toulouse depuis 1982, la Météopole est le cœur scientifique, technique et opérationnel de Météo France. Elle regroupe les services de recherche et développement (le CNRM, centre national de recherches météorologiques), de formation avec l’école nationale de la météorologie (ENM), de prévision et de climatologie, de production à valeur ajoutée et ceux en charge des systèmes d’observation et d’information, avec en particulier les supercalculateurs Nec SX9. Inutile de préciser que les données fournies par les satellites de météorologie jouent un rôle essentiel, avec par exemple le sondeur atmosphérique IASI embarqué à bord des satellites MetOp dont le second exemplaire a été lancé il y a quelques semaines.
Aux 1000 collaborateurs de Météo France s’ajoutent les équipes du Centre interarmées de soutien météorologique aux Forces, le SCHAPI pour l’hydrométéorologie appliquée à la prévision des crues, le CERFACS pour la recherche en calcul scientifique. C’est là que travaille Joël Collado, dont la voix est bien connue des auditeurs de France Inter. Les jeunes qui participent aux Rencontres Météo Jeunes organisées par Planète Sciences Midi-Pyrénées ou à l’édition 2012 de Scientilivre organisée par Délire d’Encre connaissent maintenant également son visage et sa gentillesse.
En revenant à l’image de la Météopole prise par Pléiades, on peut également localiser, isolé au milieu d’une zone herbeuse, l’abri utilisé régulièrement pour les lâchers de ballons-sondes de l’opération « Un ballon pour l’école ».
Le site de Météo France. Extrait de l’image de Toulouse prise par le satellite Pléiades le 17 juin 2012.
Le haut de l’image pointe vers l’est.
Copyright CNES - Distribution Spot Image / Astrium GEO-Information Services.
Thales Alenia Space
C’est l’établissement le plus au sud de Toulouse, tout près de ce qui était auparavant le site de l’AZF. Plusieurs de mes amis qui travaillent encore sur place avaient été très secoués au moment de l’explosion de l’usine AZF en septembre 2001.
Ici, la spécialité, ce sont les télécommunications avec les gros satellites géostationnaires et les équipements de communication. TAS travaille également en observation de la Terre mais c’est plutôt sur le site de Cannes-Mandelieu.
Le site toulousain de Thales Alenia Space. Extrait de l’image de Toulouse prise par le satellite
Pléiades le 17 juin 2012. Le haut de l’image pointe vers l’est.
Copyright CNES - Distribution Spot Image / Astrium GEO-Information Services.
La Cité de l’espace, dans la cité de l’espace
Même si l’édition 2012 de la Novela a refermé ses portes, celles de la Cité de l’espace restent ouvertes. Les expositions permanentes ont été entièrement refaites et inaugurées en septembre. Si vous connaissiez déjà la Cité de l’espace, c’est l’occasion de la redécouvrir avec vos élèves. Pour les autres, c’est le meilleur endroit pour découvrir le spatial et ses applications.
La Cité de l’espace. Extrait de l’image de Toulouse prise par le satellite Pléiades le 17 juin 2012.
Le haut de l’image pointe vers l’est. Ici, une autre image de la Cité de l’espace auscultée par le radar
du satellite TerraSAR-X. Copyright CNES - Distribution Spot Image / Astrium GEO-Information Services.
En savoir plus :
- Le site de la Novela et le programme « Océanez-vous ».
- Les précédentes éditions de la Novela en 2010 et en 2011.
- D’autres articles du blog Un autre regard sur la Terre sur la ville de Toulouse vue par les satellites :
- Des articles sur l’histoire du spatial à Toulouse :
- Des sites présentant les filières de formation et les métiers du spatial :
- Le site "métiers du spatial".
- Le site "formations-spatiales".