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Un autre regard sur la Terre

Espace, satellites, observation de la Terre, fusées et lancements, astronomie, sciences et techniques, etc. A l 'école ou ailleurs, des images pour les curieux...

Marée noire au pays des All-Blacks : en Nouvelle-Zélande, au large de Tauranga, la pollution du Rena vue par les satellites TerraSAR-X et Envisat

Publié le 19 Octobre 2011 par Gédéon in Catastrophes-et-risques-naturels

C'est une autre marée noire que les passionnés de rugby néo-zélandais attendaient et ils espèrent toujours l'obtenir contre les bleus à l'occasion de la finale de la coupe du monde de Rugby dimanche 23 octobre à l'Eden Park d'Auckland.

Mais, depuis le 11 octobre, l’accident du porte-conteneurs Rena et la marée noire qu’il a provoquée sont considérés par le gouvernement néo-zélandais comme « la pire catastrophe environnementale qui ait frappé la Nouvelle-Zélande.

Le Rena s’est échoué le 5 octobre 2011 à 13h20 UTC sur le récif Astrolabe alors qu’il faisait route de Napier à Tauranga. Le navire transportant près de 1500 conteneurs, 1700 tonnes de fioul lourd et 200 tonnes de gas-oil.

 

En Nouvelle-Zélande, d’accord pour une marée noire dans les stades mais pas sur les plages…

A proximité de Tauranga sur la côte de l’île du nord, cette zone, la baie de Plenty, est connue pour la richesse de sa faune (baleines, dauphins, manchots, phoques et oiseaux de mer) et de sa flore. L’accident s’est produit en pleine période de nidification des oiseaux. A ce stade, le centre de protection de la vie sauvage a déjà soigné 253 animaux. Environ 1300 oiseaux sont morts.

Le Rena appartient à la compagnie grecque Costamare, dirigée par Konstantinos Konstantakopoulos. C’est la compagnie genevoise MSC (Mediterranean Shipping Company) qui a affrété le navire battant pavillon libérien.

Les opérations de pompage des cuves du cargo, dirigées par une équipe technique du Service maritime de Nouvelle-Zélande (MNZ), ont débuté dans la nuit de dimanche 16 à lundi 17 octobre, malgré les intempéries. Si le Rena ne se brise pas, il faudra des jours pour vider ses cuves, qui contiendraient encore environ 1300 tonnes de fioul.

 

TerraSAR-X---DLR---14-10-2011.jpgCarte de l’étendue de la marée noire produite à partir d’une image du satellite allemand
TerraSAR-X acquise le 14 octobre 2011. Crédit image : Agence Spatiale Allemande (DLR)

 

Dans son dernier bulletin publié le 19 octobre à 7h30 heure locale, le MNZ précise que les conditions météorologiques sur place restent très défavorables (vents forts et vagues de 2 à 4 mètres à et compliquent les opérations de pompage du carburant restant. Il n’y aurait pas eu pendant la nuit dernière de nouvelles arrivées d’hydrocarbure sur les plages mais les équipes de nettoyage doivent aujourd’hui une nappe qui a touché trois kilomètres de plage à proximité d’Harrison’s cut (plage de Papamoa).

 

MNZ---Rena---17-10-2011---S7.jpg MNZ---Rena---18-10-2011---S14.jpg

Deux photographies du Rena échoué prises le 17 et le 18 octobre 2011 par les équipes du MNZ.
Crédit image : Maritime New Zealand


MNZ---Rena-Oil-shore---12-10-2011.jpg

 Vue aérienne d'une portion de côte de Tauranga touchée par la marée noire du Rena.
Crédit image : Mark Alen

 

Les satellites radar : des images en noir et blanc pour voir à travers les nuages.

Depuis le début de la coupe du monde de Rugby, j’ai cherché à trouver de belles images optiques de la Nouvelle-Zélande provenant des capteurs MERIS ou MODIS. Pas facile… En particulier pour l’île du nord souvent masquée par des nuages. Une seule solution dans ce cas : les satellites radar.

Le satellite radar allemand TerraSAR-X a acquis vendredi 14 octobre l’image présentée au début de cet article montrant l’étendue probable de la nappe d’hydrocarbure. Après acquisition, l’image a très certainement été reçue par la station puis traitée par les équipes du DLR en Allemagne, avant d’être transmise aux autorités néo-zélandaises. Les experts restent très prudents sur l’interprétation de ces images car il y a un risque de confusion entre les zones de mer calme et les zones polluées. Je vous renvoie à d’autres articles du blog Un autre regard sur la Terre pour les explications sur la manière de détecter les nappes de pollution avec un satellite radar. L’image en pleine résolution qui n’a pas encore été publiée montre certainement également les conteneurs qui sont tombés à la mer.

Le radar ASAR du satellite européen Envisat a également acquis le 15 octobre 2011 une scène couvrant une zone plus large et permettant de bien repérer le lieu de la catastrophe, comme le montre le premier extrait en résolution réduite d’un rapport 3. La ville d'Auckland, où se déroulera la finale de la coupe du monde de Rugby 2011, est très facilement visible : les points brillants sont crées par les réflexions du signal radar sur les immeubles et les habitations.

La seconde image est un extrait en pleine résolution.

Sur cette image, je pense que le point blanc au nord de l’île Motiti (Motiti Island, la plus proche de la côte) correspond bien au navire Rena, avec peut-être des navires de pompage ou de secours à proximité immédiate. Les coordonnées de l'accident sont celles du récif Astrolabe (longitude 176°25'30"E et latitude 37°32'30"S). Rena-map.gif

 

Envisat---ASAR---WSM---Nouvelle-Zelande---15-10-2011---11h.jpgEnvisat---ASAR---WSM---Nouvelle-Zelande---15-10-2-copie-1.jpgDeux extraits d’une image acquise par le radar ASAR du satellite Envisat le 15 octobre 2011 à
11h08 UTC. En haut, image en résolution réduite d’un rapport 3 par rapport à l’image d’origine.
En bas, extrait en pleine résolution sur la zone de l’accident du Rena.
Crédit image : Agence Spatiale Européenne (ESA)

 

Cette première analyse est confirmée par une autre image de la zone de l'accident prise le 12 octobre par le satellite TerraSAR-X en mode Stripmap, offrant une résolution de 3 mètres. La réflexion des ondes radar dépend de surface et de sa « rugosité ». A la surface de l’eau, le vent et les vagues modifient l’état de la mer. La présence d’hydrocarbures ou l’huile flottant à la surface de l’eau, lisse cette surface : elle joue davantage le rôle de miroir pour le signal radar. Une plus faible quantité d’énergie est ainsi mesurée par le capteur du satellite et la surface de la zone affectée par la marée noire apparaît… noire.

 

TerraSAR-X---Stripmap---VV---Rena---New-Zealand---Overview-.jpg TerraSAR-X---Stripmap---VV---Rena---New-Zealand--12-10-2011.jpg

A gauche, extrait d’une image acquise par le radar TerraSAR-X le 12 octobre 2011. Mode Stripmap à 3
mètres de résolution. Polarisation VV. A droite, extrait (carré bleu) centré sur la position du
porte-conteneurs Rena et du récif Astrolabe. Crédit image : Astrium Services / Infoterra GmbH

 

Pour vous donner une idée de la structure de cette zone côtière et de ses écosystèmes fragiles, voici également un extrait d’une carte SPOTMaps commercialisée par Astrium GEO-Information Services.

Enfin, pour terminer sur une note moins noire, voici une image toute récente de l’île du sud, avec ses sommets enneigés et de spectaculaires effets de couleur de l’eau le long de la côte. Elle a été acquise par le capteur optique MERIS du satellite européen Envisat le 16 octobre 2011.

 

Nouvelle-Zelande---Spot-Maps---Cote-nord.jpgExtrait d’une carte SPOTMaps couvrant la côte touchée par la marée noire.
Crédit image : Astrium GEO-Information Services.

 

Envisat---Meris---Nouvelle-Zelande---16-10-2011---21h43---.jpgNouvelle-Zélande, île du sud. Extrait d’une image acquise par le capteur MERIS du satellite Envisat
le 16 octobre 2011 à 21h43 UTC. Crédit image : Agence Spatiale Européenne (ESA)

 

En savoir plus :

 

 

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