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Un autre regard sur la Terre

Espace, satellites, observation de la Terre, fusées et lancements, astronomie, sciences et techniques, etc. A l 'école ou ailleurs, des images pour les curieux...

25 ans après, l’explosion de la centrale de Tchernobyl résonne encore, à Fukushima et dans tous les pays équipés de centrales nucléaires

Publié le 26 Avril 2011 par Gédéon in Catastrophes-et-risques-naturels

A nouveau le choix dans la date : 25 ou 26 avril selon qu’on parle de temps universel ou d’heure locale…

Le 25 avril 1986, à 21h23 UTC, le réacteur numéro 4 de la centrale nucléaire de Tchernobyl explosait à la suite de plusieurs erreurs humaines, déclenchant, jusqu’à très récemment, le seul accident nucléaire classé au niveau 7 sur l’échelle de l’INES (échelle internationale des événements nucléaires). Au-delà de la région de Tchernobyl gravement et durablement polluée, le nuage radioactif libéré par l’explosion a touché tout le continent à des degrés divers.

Tchernobyl, c’est en fait la centrale nucléaire Lénine à 15 km au nord-ouest de Tchernobyl, le long de la rivière Pripyat, en Ukraine (qui faisait partie en 1986 de l’URSS), à 16 km de la frontière sud du Bélarus, à 110 km au nord-ouest de Kiev et à 670 km au sud-est de Moscou. 4 réacteurs de type RBMK-1000 étaient en service et deux autres étaient en construction.

Ironie malheureuse de l'histoire, c'est un essai destiné à vérifier l'alimentation de secours du système de refroidissement du réacteur qui est à l'origine de plusieurs erreurs humaines ayant entraîné la catastrophe...

A l’époque, le satellite Spot 1, lancé deux mois plus tôt, avait été programmé pour fournir des images de la centrale accidentée dans les jours qui avaient suivi l’explosion. Ces images sont toujours considérées comme la première utilisation opérationnelle du satellite Spot, montrant sa capacité de fournir des informations indépendantes partout dans le monde.

 

Tchernobyl---Spot-1---6-mai-1986.jpg

Une image de la centrale de Tchernobyl et des environs acquise le 6 mai 1986 par le satellite Spot 1.
La résolution est de 20 mètres. Copyright CNES - Distribution Astrium Services / Spot image

 

Astium GEO-Information Services (anciennement Spot image) vient de publier sur son site Internet un livret (flip-book) contenant des images et des textes retraçant comment les satellites d’observation de la Terre ont scruté l’évolution de la région de Tchernobyl depuis 25 ans.

 

Spot Image - 25 ans d'images au dessus de Tchernobyl

Spot Image - 25 ans d'images au dessus de Tchernobyl - doub

Deux extraits du flip-book « 25 ans d’imagerie spatiale sur Tchernobyl » publié par Astrium Services
GEO-Information Services sur son site Internet. Cliquer sur les images pour accéder au dossier
en ligne. Crédit image : Astrium GEO Information Services / Spot Image

 

Un deuxième Tchernobyl ? Impensable ! Avant Fukushima…

Fin avril 1986, pour la télévision publique nippone NHK, il était quasi certain que Tchernobyl resterait "le plus grave accident nucléaire de l'histoire".

Le 12 avril 2011, l'agence japonaise de sûreté nucléaire a finalement classé au niveau 7, le niveau maximum, sur l'échelle internationale des événements nucléaires (INES) l'accident survenu à la centrale de Fukushima-Daiichi après le séisme et le tsunami du 11 mars.

Finalement, les craintes des plus pessimistes étaient justifiées. La gravité de l’accident survenu à Fukushima au Japon, un pays développé, fortement imprégné de la culture du risque sismique avec une réputation de savoir-faire dans le domaine, avec 55 réacteurs nucléaires installés, relance au Japon et partout dans le monde le débat sur le nucléaire et les risques associés.

 

Fukushima-Daiichi---Geoeye-1---12-04-2011---10h13.jpg

Au Japon, la photographie qui ne devait pas exister : extrait d'une image de la centrale de
Fukushima-Daiichi acquise par le satellite américain Geoeye-1 le 12 avril 2011, le jour même où
l'accident a été classé au niveau 7 sur l'échelle INES. La résolution est d'environ 50 centimètres.
Crédit image : GeoEye.

 

Plusieurs manifestations antinucléaires se sont déroulées en France ce week-end, par exemple sur le pont de l'Europe entre Strasbourg et Kehl pour réclamer la fermeture de la centrale de Fessenheim dans le Haut-Rhin, devant la centrale de Golfech près d’Agen ou encore près de la centrale du Blayais ou devant le chantier de l’EPR à Flamanville.

 

Spot-5---Centrale-du-Blayais---18-07-2010---11h08.jpg

Au nord de Blaye, de part et d'autre de la Gironde : sur la rive gauche, encadrés par les vignobles
de Pauillac, Mouton-Rothschild, Pichon-Longueville et Saint-Julien-Beychevelle, les cuves d'hydrocarbures
du port autonome de Bordeaux. Sur la rive droite, au nord, la centrale du Blayais dont on distingue les
quatre réacteurs. Extrait d'une image acquise par le satellite Spot 5 le 18 juillet 2010 à 11h08 UTC.
Copyright CNES - distribution Astrium Services / Spot Image.
Le 27 décembre 1999, la tempête Martin provoqua une brusque montée des eaux de l'estuaire et l'inondation d'une partie de la centrale.
Cet accident a été classé au niveau 2 sur l'échelle INES mais, en janvier 2000, un article du jounal
Sud-Ouest titrait "Très près de l'accident majeur".

 

Fukushima il y a six semaines, Tchernobyl il y a 25 ans : une émission radio reçue 7 sur 7 !

L'argument en faveur du nucléaire sur l'absence d'émissions de gaz à effet de serre était séduisant. Mais d'autres émissions inquiètent davantage.

Le débat sur le nucléaire civil reprend donc de la vigueur… Après les OGM et les nanotechnologies, un nouveau débat passionnel et un nouveau cas d’école pour les acteurs de l’éducation et de la culture scientifique et technique : comment se forger sa propre opinion ? Comment faire le tri entre les déclarations rassurantes et les propos alarmistes ? Entre le vrai et le faux, l’information et la communication.

Un bon exemple est la controverse concernant le nuage radioactif qui serait resté à l'écart du territoire français (l'anticyclone des Açores est vraiment très fort...) et la validité des informations communiquées par le SCPRI (Service central de protection contre les rayonnements ionisants) et le professeur Pellerin. Les cartes ci-dessous (qui portent sur la concentration de Césium 137 dans l'air) ont été réalisées par l'IRSN en 2004 à partir des mesures du réseau de balises du SCPRI : la liberté de circulation dans l'espace Schengen s'appliquait déjà au nuage radioactif de Tchernobyl. En 2006, la critique était surtout revenue sur les premières cartes des retombées radioactives au sol publiées par le SCPRI le 7 mai 1986 puis en juin 1986.  

 

France---Tchernobyl---Concentration-Cesium-137.jpg

Carte représentant la concentration moyenne du césium 137 dans l'air en France entre le 30 avril
et le 6 mai 1986. Extrait du livret
« Tchernobyl, 25 ans après »
. Ce livret contient d'autres cartes
sur les retombées au sol et la contamination de la chaîne alimentaire.
Crédit : Institut de Radioprotection et de Sûreté Nucléaire (IRSN).

 

Traiter les questions relatives au nucléaire est particulièrement difficile pour un enseignant qui, tout en ayant sa propre opinion personnelle, doit passer à ses élèves une information la plus objective possible.

Nous espérons que les documents et les suggestions pédagogiques ci-dessous aideront les enseignants à préparer leurs interventions en classe.

 

En savoir plus :

 

Suggestions d’utilisations pédagogiques en classe :

  • Aborder la radioactivité et l'énergie nucléaire en classe. En restant fidèle à la démarche pédagogique que nous proposons, il nous semble qu'il faut successivement :
    • Présenter le phénomène de radioactivité et la structure de l'atome, en incluant un volet historique (les principales découvertes dans le domaine et les grands scientifiques concernés). Aborder également la notion de demi-vie des éléments radioactifs.
    • Présenter les unités de mesures, de radioactivité, de dose absorbée et d'effet sur les tissus (dose efficace). Revoir également, les notions de puissance et d'énergie. A chaque fois, des ordres de grandeur permettent de fixer les idées.
    • Expliquer le fonctionnement d'une centrale nucléaire, le circuit primaire et secondaire, le refroidissement, les barres de combustibles et les modérateurs, la transformation de l'énergie nucléaire en électricité, les différents types de centrales et... les armes atomiques.
  • Ensuite, il semble indispensable d'aborder les grandes options de politique énergétique. Là encore, une approche historique en comparant les stratégies des principaux pays européens est instructive. On peut y aborder les "mix énergétiques".
  • Un sujet à part entière est celui de l'information et de la communication autour du nucléaire. On peut l'aborder à travers une analyse de type "revue de presse" en analysant et en comparant les différents points de vue sur un exemple particulier (gouvernement, industrie nucléaire, mouvements écologistes, ONG, etc.) : arguments utilisés, objectivité de l'information, évolution des points de vue au fur et à mesure d'une crise, etc.
  • Enfin, lancer un débat dans la classe : « Que feriez-vous si vous deviez décider les orientations de la politique énergétique dans les 30 ans qui viennent ? »
  • Pour tous ceux qui veulent en savoir plus, je recommande la lecture du petit livret publié par l'IRSN (Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire) : « Tchernobyl, 25 ans après  ». Evidemment, il reste "politiquement correct", par exemple sur la communication en France pendant la crise mais il contient des encadrés très clairs sur la radioactivité, le fonctionnement des centrales, l'accident de Tchernobyl et ses conséquences. Consulter également le site de la CRIIRAD.

 

 

 

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