Allo chef ? oui... Vous n'allez pas me croire !
Le 6 septembre 2003, le satellite de météorologie américain NOAA-N Prime (NOAA-N'), dont le lancement était prévu en 2008, est tombé à terre après une fausse manœuvre en salle d’intégration chez le maître d’œuvre Lockheed Martin.
Le satellite NOAA-N' après sa chute en salle d’intégration (Crédit image : NASA, www.nasawatch.com)
Le satellite, de près de 5 mètres de longueur, était en position verticale à environ un mètre du sol quand il a glissé de sa fixation pendant une manœuvre de basculement vers la position horizontale.
La cause de cette chute : les 24 boulons de fixation du satellite sur son support n’étaient pas en place. L’enquête de la NOAA et de la NASA a mis en évidence un non-respect des procédures, des procédures mal formalisées et un manque de coordination au sein des équipes d’intégration et de test. Les contrôles et le travail de supervision ont également été jugés insuffisants, y compris au niveau de l’assurance qualité du client.
Le rapport d'enquête de la NASA (voir lien ci-dessous) a été publié en octobre 2004. Le coût de la réparation a été d'environ 217 millions de dollars, en partie couvert pour le budget prévu pour le stockage du satellite (le lancement avant l'accident était prévu en juin 2008) et avec une contribution de Lockheed Martin.
Le satellite NOAA-N' "réparé" (75% des équipements ont été remplacés) a finalement été lancé par une fusée Delta II le 6 février 2009 depuis la base de Vandenberg. Deux jours plu tôt, un report de lancement avait été nécessaire en raison d'un problème de pressurisation. Le satellite a acquis sa première image quelques heures après le lancement. Il a été renommé NOAA-19 en mars 2009 au moment de son passage à l'exploitation opérationnelle par la NOAA. C'est le dernier exemplaire de cette génération de satellites météorologiques. Ce satellite clôture un programme d’observation météo américain qui remonte au lancement, en 1960, de TIROS-1, le premier satellite d’observation météo au monde.
Possibilités de travail pédagogique :
Il peut paraître étonnant d’imaginer un travail pédagogique sur une telle erreur. Néanmoins, c’est l’occasion de découvrir les méthodes et les procédures, les métiers du spatial et, dans une moindre mesure, la démarche de projet :
- Les méthodes de travail en équipe, les procédures et l’assurance qualité : l’intérêt d’établir des « check-lists » pour les tâches répétitives (analogie par exemple avec les vérifications au décollage d’un avion), le fait que ce sont les tâches les plus routinières qui donnent lieu à des incidents parce que la vigilance se relâche, l’importance de passer correctement des consignes ou des recommandations et de définir une répartition des tâches claire pour tout travail en équipe. Imaginer un jeu de rôle sur un objet technologique complexe peut amener à vivre en classe une expérience très enrichissante.
- Un travail sur les métiers spécifiques du spatial et de la construction de satellites : recherche et innovation, conception et ingénierie, assemblage- intégration et tests, etc. En analysant des statistiques de répartition des métiers dans différents domaines (spatial, industrie automobile, nucléaire, électronique grand public), identifier les spécificités de l’industrie spatiale.
- Une initiation à la démarche de projet avec le principe des phases successives et le mécanisme de revue.
En savoir plus :
- Sur le site Internet d ela NASA, le rapport d'enquête de la NASA sur "l'incident" de NOAA-N Prime (en anglais, avec de nombreuses photos et très instructif sur les méthodes et procédures). Un bon support pour démarrer un travail pédagogique.
Autre photo du satellite NOAA-N' après sa chute (Crédit image : NASA, www.nasawatch.com)