Le programme européen GMES
GMES (Global Monitoring for Environment and Security) et Galileo sont les deux principaux programmes d’application des technologies spatiales de l’Union Européenne. En utilisant notamment les données des satellites d’observation de la Terre, GMES a pour objectif de donner à l’Europe une capacité indépendante d’évaluation et de surveillance de l’Etat de l’environnement. L’accès à une information indépendante devient de plus en plus important compte tenu des préoccupations croissantes sur l’environnement et, en particulier, les négociations internationales concernant la lutte contre le réchauffement climatique et ses conséquences. La possibilité de disposer d’une information homogène et standardisée à l’échelle de l’Europe est une seconde justification de GMES.
Le travaux menés sur GMES portent sur toutes les composante de l’information environnementale : atmosphère et qualité de l’air, océans, terres émergées… Il y a également le service de réponse aux situations d’urgence comme les catastrophes naturelles ou les crises humanitaires. Un outil dont on souhaite ne jamais se servir mais qui doit être parfaitement opérationnel le jour où on en a besoin : une raison supplémentaire de mettre en commun ces moyens au niveau européen constitue une troisième justification de la logique de mutualisation à la base de GMES.
Réponse aux situations d’urgence : les équipes de SAFER s’affairent...
SAFER : Services and Applications For Emergency Response. En français, des services et des applications pour la réponse aux situations de crises. SAFER est un projet européen qui préfigure le service opérationnel GMES pour la gestion des risques et des crises. Financé en partie par la Commission Européenne au titre du 7ème programme cadre de recherche et développement (PCRD), il a pour principal objectif de valider le futur service GMES.
La solution retenue pour cette validation : opérer en conditions réelles, chaque fois que les services de protection civiles ou les acteurs de l’aide humanitaire font appel à SAFER lorsqu’une catastrophe se produit en Europe ou dans le monde.
24 heures sur 24, 7 jours sur 7, des équipes en astreinte se tiennent prêtes à apporter tout le support attendu : programmation des satellites d’observation en urgence, production de cartes de référence facilitant le déploiement des secours, cartographie rapide des dégâts, informations plus complètes dans les jours qui suivent la catastrophe…
Plus de 80 spécialistes de la gestion des risques et des crises réunis à Bruxelles pour la revue annuelle du projet SAFER
Du 14 au 16 décembre 2010, la seconde revue annuelle du projet SAFER s’est tenue à Bruxelles dans les locaux de la REA (Research Executive Agency, Agence Exécutive de Recherche).
Plus de quatre-vingt spécialistes ont passé en revue les résultats obtenus avec les représentants de la Commission Européenne (bureau GMES, REA, Centre d'information et de suivi) et d’évaluateurs indépendants.
Des scientifiques, des opérateurs de services, des spécialistes des risques et de la géo-information, des représentants des protections civiles et des organisations d’aide humanitaire ont échangé leurs points de vue et évalué les progrès accomplis depuis la première revue.
SAFER : les principales réalisations en 2010
Les assureurs ou les réassureurs comment à dresser des premiers bilans de l’année 2010 (voir par exemple un entretien avec un représentant de Munich Re paru dans le journal Le Monde en décembre) : qu’il s’agisse de biens assurés ou non, l’année 2010 aura été particulièrement chargées en catastrophes de toutes natures : depuis le tremblement de Terre à Haïti en janvier, jusqu’aux inondations au Pakistan, en passant par la tempête Xynthia, l’éruption du volcan Merapi ou encore la coulée de boue toxique à Kolontar en Hongrie.
Les équipes de SAFER sont intervenues pour chacun de ces évènements et sur bien d’autres. Au total, l’activité de SAFER en 2010 peut se résumer ainsi :
- 50 activations “Emergency” (sans préavis) effectuées depuis le début de l’année 2010 (73 activations au total depuis avril 2009) avec un temps de réponse qui continue à s’améliorer.
- Plus de 50 demandes de produits de type “Emergency support” : cartes de références et cartes thématiques en appui des actions des prévention, préparation ou reconstruction.
- Une procédure de coopération avec la Charte Internationale « Risques et catastrophes majeures ».
- La publication du guide « User Starter Package » à l’intention des utilisateurs potentiels du service GMES SAFER.
- Une procédure d’évolution du services, s’appuyant sur les activités de recherche et développement du projet SAFER.
- Une implication croissante de la communauté des utilisateurs dans les activités de validation du service.
Les équipes du service SAFER en action :
Les illustrations suivantes sont des exemples de produits fournis par SAFER pendant l’année 2010. Ces produits concernent la cartographie rapide (« Emergency mapping ») et la cartographie de support (« Emergency support mapping »). En 2010, la demande pour ce second type de produits a beaucoup augmenté. L’ensemble des opérations de SAFER est coordonné par les équipes d’Astrium Services qui jouent le rôle de « point focal ». Le DLR (Agence Spatiale Allemande) et le SERTIT (Université de Strasbourg) sont les deux principales organisations chargées de la cartographie rapide. Un réseau européen de sociétés ou de laboratoires spécialisés produit l’information géographique et thématiques (Astrium Services, Metria, E-Geos, Keyobs, INGV, UNIFI, CNES, JRC, etc.)
Plusieurs des exemples donnés ici ont fait l’objet d’articles plus détaillés sur le blog Un autre regard sur la Terre (voir les liens correspondants). Ces exemples illustrent différents aspects du service GMES SAFER.
Un feu de forêt en décembre dans l’hémisphère nord : l’incendie du Mont Carmel en Israël - Décembre 2010
Une coopération très efficace entre SAFER et la Charte Internationale « Espace et catastrophes majeures » a permis de suivre l’évolution de cet incendie entre le 4 et le 8 décembre 2010. L’image ci-dessous a été acquise par le satellite Spot 5. Elle a servi à la cartographie des dégâts. Les premières cartes de ce type ont été réalisées par le SERTIT grâce au mécanisme d’acquisition d’images satellites pour GMES géré par l’ESA (Agence Spatiale Européenne).
Image acquise le 8 décembre 2010 par le satellite Spot 5. Un article du blog Un autre regard sur la
Terre présente les cartes produites à partir de cette image.
Copyright CNES 2010 – Distribution Astrium Services / Spot Image).
Une catastrophe industrielle : la coulée de boue rouge toxique à Kolontar (Hongrie) – Octobre 2010
Le point focal de SAFER, dont la permanence est assurée par les équipes d’Astrium Services, a été mis en alerte le 5 octobre 2010 par la direction générale hongroise de gestion des désastres. La première image a été acquise le 6 octobre et la première carte décrivant l’étendue de la coulée de boue a été fournie le même jour, quelques heures plus tard. Un autre article décrit en détail cet évènement.
Une des cartes décrivant l’étendue de la coulée de boue produite le 11 octobre 2010 par le DLR-ZKI
dans le cadre de l’activation SAFER – Crédit image : DLR-ZKI
Les inondations au Pakistan – Juillet et Août 2010
Après le tremblement de Terre qui a touché Haïti en janvier 2010, les inondations au Pakistan sont une des catastrophes les plus graves de l’année 2010. C’est en tout cas une des crises qui a le plus mobilisé les équipes de SAFER, pendant plusieurs semaines pour fournir des informations géographiques en appui des opérations de secours : SAFER a été activé trois fois entre le 30 juillet et le 24 août. Trente cartes de tous types ont été livrées : cartes de référence, cartes délimitant les zones inondées, simulation ou prévision de l’évolution de la situation, etc.
Inondations au Pakistan en juillet et août 2010 – Définition des zones d’intérêt.
Crédit image : SAFER focal point – Astrium Services
Le satellite TanDEM-X, lancé en juin 2010, a été utilisé pour fournir des informations d’aide aux secours pendant les inondations au Pakistan. De gauche à droite : image de brillance, interférogramme de phase, zones inondées marquées en bleu. Crédit image : DLR
Un exemple de carte d’aide à la gestion des situations d’urgence : Le fleuve Hunza au Pakistan
Ce type de produit géographique est souvent moins « visible » dans les médias qui montrent principalement les cartes produites juste après la crise. Néanmoins, ces cartes jouent un rôle très important et sont de plus en plus demandées par les utilisateurs : 50 requêtes en 2010.
L’illustration ci-dessous est un exemple de produit thématique, demandé par Focus, une organisation non gouvernementale très active au Pakistan, après le glissement de terrain de janvier 2010. Elle décrit les conséquences possibles en cas de rupture d’un barrage. Ce type de carte permet de mieux décider les actions préventives, comme des évacuations ou des informations de la population.
Carte de simulation de dégâts possibles – Rupture de barrage sur le fleuve Hunza (Pakistan)
Crédit image : Astrium Services / Infoterra GmbH et Geomer
En savoir plus :
- Sur le projet SAFER et le service GMES de réponse aux situations d’urgence : le site Internet du projet (en anglais) avec des exemples d’autres activations en 2010, une présentation détaillée du projet, des informations sur l’organisation opérationnelle du service et des principaux acteurs impliqués. SAFER est un projet du septième programme cadre (FP7/2007-2013, contrat n°218802).
- Les autres articles du blog Un autre regard sur la Terre sur les catastrophes naturelles et la gestion des risques.
- Un bilan des catastrophes naturelles pour l'année 2010, établi par le réassureur allemand Munich Re.