Aucun ne part de Paris… Un seul arrive à Dakar… Quelques images satellites aideront à y voir plus clair et à se repérer. Le « vrai » Dakar en 2011, le rallye-raid dont parlent les médias, se déroule comme en 2010 et 2009, en Amérique du Sud et traverse l’Argentine et le Chili, du 1er au 16 janvier 2011.
Un autre rallye-raid, moins médiatisé en France et un peu plus en Belgique, l’Africa Eco Race, suit un itinéraire qui ressemble davantage aux dernières éditions du Paris-Dakar africain et arrivera… à Dakar le 9 janvier 2011.
Mais où est vraiment Dakar ? Se mettre d’accord sur Dakar…
Dakar est bien en Afrique. C’est le point le plus à l’ouest de l’Afrique continentale, mais… pas suffisamment à l’ouest pour être en Amérique du Sud.
Pour vous y rendre en voiture, les coordonnées géographiques pour votre GPS sont approximativement et 14°45’ de latitude nord et 17°20’ de longitude ouest. A la même longitude, en dehors des zones polaires, on trouve seulement l’Islande et son désormais célèbre volcan Eyjafjöll, mais c’est plus au nord.
Extrait d'une image du capteur MERIS du satellite européen ENVISAT acquise le 23 novembre 2010
à 11h00 UTC. La résolution est d'environ 250 mètres et le contraste de l'image a été corrigé
par Planète Sciences Midi-Pyrénées. Crédit image : Agence Spatiale Européenne (ESA).
La pointe ouest de la ville de Dakar vue en 2002 par le satellite Spot 5.
Copyright CNES 2002 - Distribution Astrium Services / Spot Image
La ville de Dakar, située sur la presqu'île du Cap-Vert, est la capitale du Sénégal. Sur une carte ou une image satellite, on localise Dakar facilement avec la petite pointe caractéristique sur la côte ouest de l’Afrique. Au large se trouvent les îles du Cap Vert. Selon le site Populationdata.net, la population de l'agglomération est de près de 2,6 millions d’habitants en 2010. Dakar regroupe ainsi environ 20% de la population du pays (14 millions d’habitants au total) et concentre 80% des activités économiques.
Pour la petite histoire, la région de Dakar et de la Casamance faisait partie, des premières images du capteur MERIS du satellite ENVISAT publiées par l’Agence Spatiale Européenne en 2002.
Le Dakar de l’hémisphère Sud : de Buenos-Aires à Buenos-Aires
Du 1er au 16 janvier, la course raid traverse l’Argentine et le Chili, avec 430 véhicules engagés et plus de 9500 km, dont 5000 km de course proprement dite, à parcourir en 13 étapes : Buenos Aires, Victoria, Córdoba, San Miguel de Tucumán, San Salvador de Jujuy, Calama, Iquique, Arica, Antofagasta, Copiapo, Chilecito, San Juan, Córdoba, Buenos Aires.
Repérage des premières étapes du "Dakar" en Argentine, sur une image du capteur MERIS
du satellite européen ENVISAT acquise le 23 novembre 2010 à 11h00 UTC. La résolution initiale est
réduite d'un rapport 3 environ et le contraste de l'image a été corrigé par Planète Sciences
Midi-Pyrénées. Crédit image : Agence Spatiale Européenne (ESA).
En auto, les trois premières places sont occupées par Carlos Sainz, Nasser Al-Attiyah et Stéphane Peterhansel. En moto, ce sont Cyril Despres et Marc Coma qui sont en tête, Valdimir Chagin dans la catégorie camions.
Le 5 janvier, entre San Salvador de Jujuy entre Calama, le « Dakar » quitte provisoirement l’Argentine et franchit la Cordillère des Andes par le Paso de Jama. « L’escalade » débutera en pleine nuit et, après le passage de la frontière, les concurrents seront à une altitude de 4800 mètres, presqu’au niveau du Mont-Blanc.
Profil d'altitude approximatif (l'itinéraire est tracé à vol d'oiseau) pour l'étape 4 entre San Salvador
de Jujuy et Calama. Le Paso de Jama est bien visible.Courbe établie à partir de Google Earth grâce à
un nouvel outil de préparation d'itinéraires développé par Robin Coma (pas de lien de parenté avec un
des leaders du Dakar en moto...) Robin est étudiant en informatique à Toulouse. Cet outil, en cours de
validation, sera bientôt mis en ligne sur le blog Un autre regard sur la Terre.
L’arrivée au Chili signifie aussi l’entrée dans le désert d’Atacama et les premiers « hors pistes » du rallye : je ne sais pas si les concurrents prendront le temps d’aller visiter les sites de l’ESO, l’European Southern Observatory, à La Silla (29°15′40.2″ S, 70°43′52.8″ W), à la limite sud de l’Atacama, Paranal (24°40'S, 70°25'W), Chajnantor (23°0′21″S, 67°45′32″W) et Cerro Armazones (70°11’46″W, 24°35’52″S), le site choisi pour accueillir l’EELT (European Extremely Large Telescope), qui sera, dans moins de dix ans, le plus grand télescope du monde. C’est dommage d’aller dans le désert d’Atacama sans s’y attarder un peu : c’est l’occasion ou jamais d’aller voir une installation astronomique exceptionnelle et de voir des télescopes très impressionnants. | L'observatoire de Paranal et le volcan Llullaillaco. Crédit image : ESO / Gerhard Hüdepohl |
Vue aérienne du Très Grand Télescope de l'ESA, Aerial view of the ESO Very Large Telescope (VLT),
au sommet du Cerro Paranal, dans le déser d'Atacama.
Crédit image : Jean-Luc Dauvergne et Gerhard Hüdepohl / ESO
Je conseille également aux concurrents de faire un détour par San Pedro de Atacama où Alain Maury, dont j’ai déjà utilisé plusieurs photographies pour illustrer des articles de ce blog, anime le site SPACE, San Pedro de Atacama Celestial Explorations, un endroit dédié à la découverte de l’astronomie dans l’hémisphère Sud.
Le 6 janvier, il est peu probable que les médias évoquent, à l’occasion de la cinquième étape, de Calama à Iquique, le souvenir du 21 décembre 1907, date à laquelle, à Iquique, des centaines de travailleurs chiliens, péruviens et boliviens furent tués par l’armée chilienne devant les portes de l’école Santa María. Ce fût l’épilogue dramatique d’un mouvement de grève amorcé par les ouvriers du salpêtre de la province de Tarapacá (lire sur ce sujet un article paru en 2007 dans le Monde Diplomatique , considéré, jusqu’au coup d’Etat de 1973, comme la page la plus noire de l’histoire du mouvement ouvrier chilien.
Un autre Dakar qui arrive à Dakar : l’Africa Eco Race
Environnement et éco-responsabilité : argument de communication ou engagement réel ?
Les rallye-raids évoqués plus haut mettent tous les deux l’accent sur leur engagement pour l’environnement avec, en particulier :
- Le choix du parcours, pour la préservation de sites sensibles, en concertation avec les autorités locales.
- Le bivouac propre : par exemple, sur le « Dakar », 2500 personnes qui se déplace de ville en ville.
- L’expérimentation d’énergies alternatives. Sur le Dakar, une nouvelle classe réservée aux véhicules à énergies alternatives a été créée : Electrique, hybride, bio carburant. Seuls 7 concurrents (sur un total de 430 véhicules) sont inscrits dans cette catégorie. Un exemple à suivre pour les années à venir ? Pour l’Africa Eco Race, des véhicules de l'organisation sont équipés de panneaux photovoltaïques pour les chronos à l'arrivée, la mise en ligne des classements ou l’alimentation des circuits électriques du véhicule.
- Dans certains cas, la compensation des émissions de carbone ou les projets de développement local. Par exemple, en 2010, avec Veolia Environnement, l'organisation de l'Africa Eco Race avait mis en place deux projets d'alimentation électrique par panneaux photovoltaïques en Mauritanie, à la bibliothèque de Chinguetti et à une école maternelle de Nouakchott.
Je vous laisse vous faire votre propre opinion sur ces démarches. Beaucoup d'amoureux de l'environnement pensent que le plus simple serait d'éviter les véhicules qui roulent à tombeau ouvert sur les pistes, les routes de montagne ou les sites désertiques comme le désert d'Atacama.
Compenser les émissions de Carbone du Dakar : le projet Madre de Dios
Je reprends ici quelques chiffres publiés sur le site du « Dakar » :
- Le total des émissions de gaz à effet de serre évalué pour l’édition 2010 du Dakar est de 42800 t.eq.CO2.
- Par rapport à 2007, la plus grosse part de l’augmentation correspond à la partie « public », c’est-à-dire les déplacements des nombreux spectateurs sud-américains : 22 % du total en 2007 contre 48 % en 2010.
- Les émissions dépendant du périmètre « Rallye », qui regroupe l’organisation (voyages de reconnaissances, etc.), les concurrents (carburant, etc.) et la logistique autour de la course représentent 15 500 t.eq.CO2.
- La comparaison avec d’autres événements sportifs d’envergure internationale est également instructive. La coupe du monde de football 2010, qui a totalisé 2 700 000 t.eq.CO2, affiche un bilan de 900 000 t.eq.CO2 en retranchant les périmètres « public ». Selon le site du Dakar, les émissions générées par une seule journée de compétition en Afrique du Sud sont supérieures à la totalité des émissions lors de l’édition 2010 du Dakar (21 400 t.eq.CO2 hors public). Evidemment, ce serait encore mieux s'in n'y avait aucune émission...
- Pour compenser l’empreinte carbone du Dakar, un budget de 105 000 € a été affecté au projet Madre de Dios, de lutte contre la déforestation en Amazonie péruvienne. Ce projet, piloté par l’ONG Greenoxx, a été validé selon les critères du Standard CCB (Climate, Community et Biodiversity Alliance). Il est également soutenu par des ONG internationales comme le WWF, CESVI, ProNaturaleza et AIDER.
Le rôle du spatial dans les rallye-raids :
On pense bien sûr à la navigation et à l’utilisation du GPS : par exemple, sur le Dakar, pendant les « spéciales », le road-book comporte des WPM (way-point masqués) que les concurrents doivent approcher afin de valider leur passage. Jusqu’à l’année dernière, les concurrents étaient guidés par leurs instruments de navigation dans un rayon de 3 km autour du WPM pour pouvoir y accéder : il leur faudra maintenant s’approcher à moins de 800 m du point pour que cette fonction du GPS se déclenche.
Pour la sécurité, les véhicules sont équipés de systèmes de communication par satellite, comme Iritrack, qui utilise le réseau de satellites Iridium pour les communications avec le PC course, l’envoi des positions ou d’alarmes en cas de choc ou d’accident (le système comporte un accéléromètre détecteur de chocs et un inclinomètre pour les motos et les quads).
L’utilisation de l’observation de la Terre est beaucoup moins directe : elle joue un rôle important pour mettre à jour les cartes ou les modèles numériques de terrain.
En savoir plus :
- Le site officiel du rallye-raid Dakar.
- Le site officiel de l'Africa Eco Race.
- Sur le Site Wikipédia, un article sur la ville de Dakar.
- Le site Internet de l’ESO (European Southern Observatory) (pages en version française) et en particulier une sélection des meilleures images provenant de ses télescopes.
- Le site Internet des ambassadeurs photo de l’ESO (European Southern Observatory), avec des photographies des sites d'observation au Chili.
- Le site Internet de SPACE (San Pedro de Atacama Celestial Explorations), où Alain Maury et son épouse font découvrir le ciel aux touristes qui visitent le Chili et poursuivent également une activité de recherche astronomique privée dans le domaine de la planétologie. Ils possèdent aujourd'hui le parc de télescope le plus grand des observatoires touristiques chiliens et bénéficient d'un ciel nocturne somptueux.
- Après le Dakar, des photos publiées sur le blog Big Picture d'Alan Taylor sur le site du boston globe.